Lara* est furieuse: intolérente au gluten et au lactose, elle fait très attention aux aliments qu’elle mange. Or, récemment, elle tombe malade – «à ne pas quitter les toilettes deux jours durant» – après avoir dégusté un repas composé d’une côtelette de veau et de pommes de terre cuites à la vapeur. Au vu des produits utilisés, un seul pouvait être soupçonné: un bouillon de légumes vendu par Migros, pourtant flanqué du label «aha!» du Centre d’allergie suisse (CAS). C’est d’ailleurs pour ça que notre lectrice l’avait acheté, sans décortiquer les petites lettres de sa composition, lesquelles annoncent, notamment, de lamaltodextrine. Pour Lara, aucun doute: c’est cet édulcorant qui est responsable de son malaise, des études qu’elle a trouvées sur internet faisant état de possibles effets secondaires néfastes, notamment pour les personnes souffrant de la maladie cœliaque (intolérance au gluten). «Comment pouvez-vous, demande-t-elle alors au CAS, recommander un produit dangereux pour les allergiques?»
Très rapidement, le CAS répond en donnant les explications utiles: les produits certifiés par le Service Allergie Suisse (SAS) ne sont pas systématiquement exempts de tous les allergènes. Le fameux label vert «aha!» doit donc obligatoirement être complété par des informations signalant quels sont ceux qui sont exclus du produit certifié.
Migros est même allé plus loin, en ajoutant des coches V (pour vu), différemment colorées selon l’allergène concerné: rouge pour la gluten, orange pour le blé, bleu clair pour le lactose, etc. Tout cela est résumé sur son site, avec comme illustration – ironie du sort – le fameux bouillon de légumes incriminé! Et comme le montre l’exemple photographique reproduitici, la notification est claire. Autrement dit: le produit labellisé n’est recommandé que pour certains allergiques. Exemple concret: les glaces Ice sandwich sont garanties sans lactose (bleu clair) et sans lait (bleu foncé), mais elles contiennent du soja et du gluten.
Par ailleurs, la maltodextrine ne figure pas parmi les 14 allergènes soumis à déclaration, comme l’exige l’article 8 de l’ordonnance sur les denrées alimentaires. Or, si cette substance est surtout produite à partir du maïs, elle peut aussi être extraite du blé. D’où le soupçon, évoqué dans plusieurs études, anglaises surtout, qu’elle pourrait parfois contenir des traces de gluten. Mais d’autres sources, notamment l’Association canadienne de la maladie cœliaque, excluent cette possibilité, la maltodextrine étant tellement transformée qu’elle ne contiendrait plus de protéines de blé.
Christian Chevrolet
* prénom modifié