«Peu avant Yverdon, de nuit, je me suis subitement trouvé face à un blaireau qui traversait l’autoroute. Je n’ai pas eu le temps de réfléchir, j’ai donné un coup de volant et je l’ai évité de justesse». Ce fidèle lecteur de Bon à Savoir a eu de la chance. Il y a, en Suisse, chaque année près de 20 000 collisions avec du gibier, occasionnant 25 millions de francs de dégâts et une centaine de blessés. Du côté des animaux, les principales victimes sont les chevreuils (8600 en 2013), puis les renards (6000).
Le fait d’avoir une collision avec un animal n’est pas punissable. Par contre, les lois cantonales obligent les conducteurs à avertir la police ou le garde-faune. «Ne pas annoncer immédiatement un accident avec un animal fera l’objet d’une dénonciation pénale», avertit même le canton de Berne.
En cas de percussion, la bonne procédure consiste donc à enclencher les feux de détresse, sécuriser les lieux avec un triangle de panne, puis avertir et attendre la police ou le garde-faune. En fait, les bêtes qui prennent la fuite sont souvent gravement blessées, et succombent non loin, parfois après de longues souffrances. Lorsqu’il est contacté rapidement, le garde-faune a plus de chance de retrouver l’animal grâce à un chien spécialisé qui suit sa piste et, le cas échéant, l’achever. Il peut aussi confier les animaux blessés, par exemple à la station pour la faune sauvage de Landshut (BE) ou partir, dans le même but, à la recherche des petits d’une femelle tuée…
En cas de fuite, il est utile d'indiquer la direction prise par la bête pour faciliter les recherches. Si, blessée, elle est restée sur les lieux, ne l’approchez pas, elle pourrait être prise de panique, et chercher à s’enfuir.
Couvert par l’assurance
Avertir la police a une autre utilité: le constat servira de preuve de sinistre vis-à-vis de l’assureur. A défaut, ce dernier pourrait rejeter la demande de dédommagement lorsque le conducteur a une casco partielle. Avec une couverture complète, l’automobiliste n’est en principe pas soumis à cette exigence. A l’opposé, sans casco il faudra assumer seul les réparations. Les dégâts occasionnés en évitant du gibier ne sont quant à eux couverts que par la casco complète.
On retiendra enfin qu’il est aussi possible, selon les cantons, d’obtenir, sur demande, la viande de l’animal tué. Dans le canton de Vaud, par exemple, c’est gratuit, mais uniquement pour sa consommation personnelle et avec interdiction de le revendre à un tiers. A Neuchâtel, c’est aussi possible, y compris par un tiers ami de l’automobiliste, mais il faudra sortir son portemonnaie. Le chevreuil est vendu 8 fr. le kilo et le sanglier 5 fr.
Sébastien Sautebin