Si les Suisses étaient des poulpes, ils auraient un téléphone portable dans chaque tentacule! Tous les ans, les consommateurs helvétiques achètent près de 3 millions de mobiles alors que 8 millions de modèles usagés dorment au fond des tiroirs. Conservés le plus souvent pour servir d’appareil de remplacement au besoin, ces derniers finissent irrémédiablement, au fil du temps, à s’entasser dans un coin. Tôt ou tard, la question de leur élimination finit donc par se poser. La loi précise que quiconque se défait d’un téléphone portable est tenu de le rendre à un commerçant, un fabricant, un importateur ou une entreprise d’élimination (art. 3 de l’ordonnance sur la restitution, la reprise et l’élimination des appareils électriques et électroniques, OREA). Pas question donc de jeter son vieux natel à la poubelle. En contrepartie, l’OREA oblige les fabricants, importateurs et détaillants à le reprendre gratuitement.
Retour chez les vendeurs
Il existe différentes solutions pour se débarrasser d’un – ou de plusieurs – vieux portable sans le revendre ou l’offrir à un ami. En voici trois.
- Le déposer dans n’importe quel commerce qui vend des téléphones mobiles. Que l’appareil ait été acheté ou non dans cette enseigne, quelles qu’en soient la marque et la date d’achat, le détaillant est obligé de le reprendre, accessoires compris, dans tous ses points de vente et à tout moment durant les heures d’ouverture (OREA art. 4). Il n’y a aucune obligation d’acheter quoi que ce soit en contrepartie, le recyclage étant financé par une taxe de 0.70 fr. prélevée sur le prix de vente des appareils neufs. Un pointage dans une grande ville romande nous a montré que les détaillants se prêtent de bonne grâce à cette récolte.
- L’envoyer ou l’amener au fabricant de la marque ou à l’importateur.
- Le déposer dans les centres de collecte agréés (déchetteries, etc.). Le site www.swicorecycling.ch* offre une liste exhaustive des différents centres de collecte dans chaque canton.
Recyclage
Quelque 15% des téléphones portables vendus en Suisse sont recyclés ou revalorisés. C’est à la fois très peu, et beaucoup en comparaison internationale, puisque la moyenne mondiale est de 3% seulement.
Comment finissent les portables rendus? En Suisse, l’appareil envoyé au recyclage est d’abord broyé. Le passage dans un système de soufflerie permet d’écarter le plastique, alors que les métaux sont isolés par des séparateurs magnétiques. Au final, 40% des composants de l’appareil peuvent être recyclés (une partie des plastiques donc, les métaux et le verre); 50%, soit le solde des plastiques, sont valorisés comme combustible et 10% des éléments toxiques, doivent être éliminés.
Revalorisation
Certains projets sont axés sur la revalorisation. Solidarcomm (www.solidarcomm.ch), par exemple, collecte les portables inutilisés déposés dans les magasins Swisscom et les Fnac de Suisse romande ainsi qu’à l’Université de Genève. La prise en charge des vieux téléphones est sous-traitée à une association qui organise des stages dont l’objectif est de favoriser l’insertion tant professionnelle que sociale de personnes peu qualifiées. Les appareils en état de fonctionner sont ensuite vendus à une entreprise qui se charge de les commercialiser dans les pays du Sud. Solidarcomm reverse 5 fr. par appareil récolté à Terre des hommes.
Appréciée par certains, parce qu’elle redonne une seconde vie à des appareils souvent en très bon état, la revalorisation n’est cependant pas du goût d’autres, qui dénoncent l’envoi de ces téléphones dans des pays où le processus de recyclage est fortement lacunaire. La question est, en effet, de savoir ce qu’ils deviendront ensuite, une fois hors d’usage?
Sébastien Sautebin
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