En Suisse, un ménage de quatre personnes consomme en moyenne 4000 kilowattheures (kWh) par an, pour un coût d’environ 1000 fr. La moitié de cette énergie est engloutie par les appareils de cuisine (réfrigérateur, cuisinière, lave-vaisselle, etc.), alors que le solde est partagé entre l’entretien du linge (18%), l’électronique de loisir (14%) et l’éclairage (18%).
Les étiquettes énergie permettent de connaître la consommation des appareils et de dénicher ainsi les plus frugaux. Mais, au moment de faire son choix, il n’est pas toujours évident de se rendre compte de ce que cela représente. Alors, qui consomme combien? Petit tour d’horizon de quelques produits et des potentiels d’économies réalisables.
Réfrigérateurs et congélateurs
La consommation des installations domestiques de froid représente entre 10 et 15% de l’électricité d’un ménage. Depuis 2011, les réfrigérateurs et les congélateurs qui sont commercialisés doivent être de classe A+ au moins. Un réfrigérateur standard” (capacité de 220 l + 60 l pour le compartiment de congélation) de classe A+ consomme 220 kWh/an, alors qu’un modèle similaire en fin de vie ou en très mauvais état peut exiger jusqu’à trois fois plus d’énergie. Aussi, un réfrigérateur peut revenir à 60 fr. par an s’il est récent ou à 180 fr. s’il est en bout de course.
Les fabricants ont réussi à optimiser la conception de leurs articles pour réduire leur appétit. De telle sorte qu’il existe désormais des modèles de classe A++ et A+++. Par rapport à un classe A+ de même capacité, un réfrigérateur A++ ne grillera que 160 kWh/an (-27%), voire même 125 kWh/an (-43%) s’il s’agit d’un de la classe A+++. Ce qui représente une économie de, respectivement, 16 fr. ou 25 fr. par an, soit 240 fr. ou 375 fr. sur une durée de vie de quinze ans.
Si la classe énergétique de l’appareil joue un rôle prépondérant, l’utilisateur a, lui aussi, son rôle à jouer pour économiser du courant et de l’argent.
- Vérifiez la température interne du réfrigérateur qui doit se situer entre 4 et 5°C. Une température trop basse est inutile et entraîne une surconsommation.
- Si possible, évitez de placer votre appareil à proximité d’une source de chaleur (radiateur, cuisinière électrique, lave-vaisselle) ou encore dans un endroit ensoleillé. En été, par exemple, la consommation peut augmenter de plus de 10%.
- Un réfrigérateur dégage de la chaleur. Par conséquent, veillez à ne pas obstruer les ouvertures prévue pour la circulation de l’air de refroidissement.
- Dégivrez régulièrement les congélateurs. Le givre génère une surconsommation qui peut dépasser 10%.
- Evitez de laisser la porte inutilement ouverte et de glisser des éléments chauds (plats fraîchement cuisinés, etc.).
- Contrôlez régulièrement l’état des joints de la porte et dépoussiérez le radiateur arrière.
Cuisinière électrique
La voracité d’une cuisinière (four et plaques) représente 10% de notre consommation, soit environ 100 fr. par an. A ce jour, seuls les fours disposent d’une étiquette énergie. La différence entre un four de classe B et un four de classe A est de quelque 20 kWh/an, soit moins de 1% des besoins annuels d’un ménage (5 fr.). En revanche, les plaques de cuisson sont plus demandeuses (env. 280 kWh, soit 70 fr. par an), car plus employées aussi. Mais leur gloutonnerie dépend aussi de leur type: les modèles en vitrocéramique brûlent jusqu’à 20% de moins que ceux en fonte, alors que ceux à induction permettent même de diviser la facture par deux. Il est bon de rappeler qu’on peut faire des économies en éteignant le four cinq minutes avant la fin de la cuisson. De cette manière, on estime pouvoir gagner 30 kWh par an. En appliquant quelques règles simples, on peut encore réduire le gaspillage energétique.
- Vérifiez que le fond de vos casseroles sont bien plates et que vos plaques – si elles sont en fonte – le sont aussi.
- Recouvrez vos casseroles d’un couvercle chaque fois que c’est possible. Pour bouillir de l’eau, cette mesure fait chuter la consommation d’électricité de 50%.
- Coupez le feu avant la fin de la cuisson. Trois minutes de moins à chaque utilisation, c’est 20 kWh (5 fr.) de gagné sur la facture annuelle.
- Contrôlez la bonne fermeture de la porte du four et l’état du joint.
Lave-vaisselle
Ils consomment environ 5% de l’électricité d’un ménage. Un modèle de classe A utilisera 300 kWh par an (75 fr.) et environ 4000 litres d’eau. Un article de classe A++ permet d’épargner environ 65 kWh/an (16 fr.) et plus de 1200 litres d’eau. Il faut toutefois noter que, selon l’utilisation faite de l’appareil, la consommation peut s’écarter de ces valeurs. En effet l’étiquette énergie est calculée en mode standard ou «eco» du lave-vaisselle. Les autres programmes, tels que les intensifs ou à température plus élevée, vont exiger plus d’eau et de courant. Si l’on sélectionne régulièrement le programme intensif au lieu du programme standard, la surconsommation annuelle peut atteindre 180 kWh (45 fr.)!
Les astuces pour minimiser les pertes.
- Remplir complètement le lave-vaisselle avant de lancer un lavage.
- Utiliser le programme standard ou éco.
Lave-linge
En Suisse, un lave-linge a besoin, en moyenne, de 250 kWh (62 fr.) par an. Depuis 2010, seuls les lave-linge de classe A peuvent être commercialisés. Un lave-linge de classe A+++ se contente de 30% de moins, soit 160 kWh par an (40 fr.). Plus économiques en eau, les nouvelles générations de lave-linge obtiennent leurs bonnes notes aussi grâce à l’augmentation de leur capacité de lavage qui, depuis l’introduction des étiquettes énergie, est passée de 5 kg à 8 kg. Là aussi, le comportement de l’utilisateur peut avoir une influence favorable.
- Remplissez le lave-linge au maximum de sa capacité, sachant qu’une très grande corbeille bien remplie contient environ 8 kg de linge.
- Supprimez le prélavage lorsque les textiles ne sont pas excessivement sales, les lessives actuelles étant très performantes.
- Abaissez la température de lavage en la réduisant par exemple de 10 degrés. Le gain peut varier entre 10% et 15%.
Sèche-linge
Le sèche-linge représente plus de 10% de la facture annuelle d’électricité d’un foyer, donc une centaine de francs. Depuis quelques années, une nouvelle génération a fait son apparition dans le commerce. Dotés de la technologie «pompe à chaleur», ces appareils sont plus sobres d’environ 30%. Cela correspond à un gain annuel d’une trentaine de francs. Il faut cependant savoir que l’efficacité des séchoirs peut être grandement diminuée si l’entretien des filtres est négligé. Afin de conserver une efficacité maximale, il faut les contrôler et les nettoyer régulièrement.
Electronique de loisir et stand-by
Le stand-by était souvent associé aux seuls téléviseurs. Or, l’appétit des nouvelles générations des écrans plats s’est considérablement réduit. La puissance engloutie en veille (stand-by) est passée de quelques watt (15 kWh/an) à quelques dixièmes de watts, soit 1 à 2 kWh par an. Cette heureuse évolution est néanmoins contrebalancée par l’augmentation du nombre d’articles électroniques de loisir dans les logements. La quantité de chargeurs, d’ordinateurs, d’imprimantes, de consoles de jeux et autres routeurs a littéralement explosé. En Suisse, les appareils en stand-by consomment 2 milliards de kWh, soit plus de 3% du courant.
A titre d’exemple, un chargeur de smartphone branché en permanence grille de 1 à 2 kWh/an et celui d’un chargeur d’ordinateur portable entre 3 et 10 kWh/an. En veille, une télévision d’ancienne génération brûle entre 8 et 20 kWh/an et un routeur entre 20 et 45 kWh/an. Ces chiffres paraissent a priori insignifiants. Mais, additionnés les uns aux autres, ils constituent entre 1 et 2% de notre facture d’électricité. Il est heureusement simple et peu coûteux d’éradiquer ces gaspillages. Il suffit notamment de débrancher les chargeurs de batteries après utilisation et d’installer des multiprises avec interrupteur pour brancher les différents appareils.
Christophe Inaebnit
Sous la loupe
L’étiquette énergie et ses faiblesses
L’étiquette énergie est un bon indicateur de la gourmandise des appareils. Mais, pour plusieurs raisons, il faut la lire avec un certain recul.
Primo, l’exactitude des données n’est pas toujours au rendez-vous, sachant qu’elles sont basées sur les déclarations des fabricants, sans qu’il y ait de validation d’un organisme extérieur. En 2011, une évaluation européenne des étiquettes avait révélé un manque patent de fiabilité: sur 80 réfrigérateurs et congélateurs contrôlés, 20% ne respectaient pas les deux principaux paramètres, soit la consommation d’énergie et le volume de stockage. En prenant les trois critères supplémentaires en considération – température de stockage, capacité de congélation et délai d’augmentation de la température – 57% des appareils n’étaient pas conformes à leur étiquetage!
Secundo, la marge de tolérance de la norme en vigueur s’élève à 15%. En jouant avec celle-ci, les fabricants peuvent très facilement faire basculer un modèle dans une classe plus économique.
Et, tertio, l’étiquette énergie peut varier en fonction de la taille ou du type de l’appareil. Ainsi, même si un congélateur armoire de 200 litres consomme autant qu’un bahut de 280 litres, il peut prétendre à la même classe énergétique. Il est donc souvent plus judicieux de relever la consommation en kW/h que de se focaliser uniquement sur la classe.