Les cabinets ou les urgences vétérinaires proposent des services incluant euthanasie, transport du corps et incinération dans un crématoire animalier – avec ou sans retour des cendres au propriétaire. Le but: faciliter la tâche aux personnes accablées par la perte de leur animal. Hélas, cette prise en charge peut se transformer en nouveau coup dur, financier cette fois-ci, à la fin du mois.
Témoignage: Gladys*, une lectrice de la campagne genevoise, a été surprise de devoir payer 838 fr. pour le décès de sa chienne en octobre dernier. Le service d’urgence vétérinaire à domicile VetoAdom lui avait donné le prix de la consultation et du déplacement jusque chez elle: 168 fr., ainsi que celui des piqûres pour l’euthanasie sur place: 178 fr. En revanche, les conditions de la prise en charge du corps et de l’incinération sont restées très floues. Au final, ces frais se sont élevés à 492 fr., soit plus de la moitié de la facture…
Sur cette somme, 402 fr. correspondent au transport du corps jusqu’au crématoire animalier partenaire à Seon, près de Zurich, et au coût de la crémation collective (l’animal est incinéré avec d’autres, et les cendres communes enfouies dans un jardin). De Genève, la chienne de Gladys a ainsi traversé la Suisse pour être incinérée à prix d’or.
Incinération à l’autre bout de la Suisse
«Parfois, la communication des tarifs d’incinération sans demande explicite de la part du propriétaire peut être considérée comme indélicate, maladroite voire déplacée», justifient les responsables du suivi qualité de VetoAdom. Tous les tarifs sont cependant communiqués sur demande ou par téléphone. Si l’on veut éviter les mauvaises surprises, mieux vaut donc se montrer proactif, malgré le bouleversement ressenti à la mort d’un fidèle compagnon.
Selon les grilles tarifaires en ligne, notre lectrice Gladys aurait pu payer au moins 100 fr. moins cher dans trois autres crématoires animaliers plus proches et moins onéreux, à Lausanne, près de Neuchâtel et près de Berne. Vétérinaires et crématoriums sont libres de s’associer et de s’accorder des avantages commerciaux, note un porte-parole de la Société vaudoise pour la protection des animaux (SVPA), qui est à l’origine du crématoire de Lausanne. Mais les coûts élevés du transport du corps sont reportés d’une manière ou l’autre sur les clients, assure-t-il.
Variation selon le poids de l’animal
Une constante dans les différents crématoires animaliers: c’est avant tout le poids de l’animal qui détermine le montant de la facture. A Seon, la crémation collective d’un chat de 3 kilos (90 fr.) est 4,5 fois moins coûteuse que celle d’un bouvier bernois de 50 kilos (410 fr.). On doit aussi compter avec un éventuel supplément énergie sur l’incinération, à cause de la hausse du prix des matières premières et du gaz. Il est indiqué à Seon, où il représente actuellement 10% du prix d’incinération, et à Kirchberg (BE) – de 5 r. à 50 fr., selon le poids.
Plus cher pour récupérer les cendres
Les coûts de crémation tombent à 0 fr. si l’on fait l’impasse sur ce rituel funéraire (lire «Deux options gratuites»). A contrario, ils augmentent si l’on demande un retour des cendres. Il faut aussi payer plus cher la «crémation individuelle», acheter une urne et régler d’éventuels frais d’emballage et de port.
Témoignage: Roselyne* a fait ce choix pour sa chienne Louna. Cela permet de garder son animal proche de soi après la mort. D’après la facture de la Fribourgeoise et les différents sites des crématoires, il faut s’attendre à payer de 100 à 150 fr. en plus si l’on achète une urne de base qui coûte entre 20 fr. et 30 fr.
Pour conserver son fidèle compagnon ou ses cendres dans un cimetière pour animaux, les coûts grimpent encore. Au Jardin du Souvenir de Lausanne, on paie 70 fr. ou 100 fr. par an et par concession ainsi que les éventuels frais d’entretien de l’espace par la SVPA. Certains taxidermistes empaillent les animaux de compagnie: il faut alors compter près de 2000 fr. pour un chat et jusqu’à plusieurs milliers de francs pour un chien.
Soins coûteux selon les horaires
Le problème des tarifs passés sous silence ne se cantonne pas à l’après-vie. Plusieurs lecteurs ont été très étonnés en recevant la facture des derniers soins prodigués à leur animal.
Témoignage: Peter* a été surpris de devoir débourser 186 fr. pour l’euthanasie de son chat Henry, même si le tout n’a pris que 20 minutes. De son côté, Beatrice* a payé 950 fr. pour les cinq heures que son chat Jimmy a passées aux urgences vétérinaires avant de mourir. Le prix comprend toute une série d’examens, radiographies, injections, perfusions, prises de sang et médicaments.
Dans ce cas, l’horaire a aussi gonflé la note. Le chat malade est arrivé à la clinique vétérinaire vers 04h00, et est mort un peu avant 09h00. Selon la facture de Beatrice et les prix listés sur le site de la clinique, un «supplément d’urgence» de 90 fr. reflète les soins prodigués avant 07h00. D’après les recherches de Bon à Savoir, les prix des services d’urgence grimpent de manière générale entre 50 et 150 fr. la nuit, le week-end ou les jours fériés.
Conseils: Il n’est pas toujours possible d’anticiper. Mais, pour les cas où la situation peut attendre, faire examiner son animal aux horaires de bureau permet d’économiser. On paiera aussi moins cher en l’amenant à la permanence, sans déplacement des soignants à domicile. S’il n’y a pas de listes de tarifs au cabinet et sur Internet, on insistera pour connaître les prix. Les vétérinaires sont libres de les fixer comme ils l’entendent, mais doivent les communiquer de manière transparente et ouverte, par exemple au moyen d’affiches ou de listes.
Gilles D’Andrès
Deux options gratuites
- On peut enterrer l’animal dans son jardin sans l’incinérer s’il pèse jusqu’à 10 kilos. Attention toutefois à creuser à au moins 1,2 mètre de profondeur. Il ne peut pas non plus être enseveli près de sources ou réservoirs d’eau potable, de zones de protection des eaux souterraines ou dans la forêt. Les locataires demanderont l’accord du propriétaire.
- Ceux qui se passent de rituel peuvent amener la dépouille à un centre de collecte des déchets carnés, la plupart du temps gratuitement ou pour une somme modique. Nombre de vétérinaires s’occupent aussi du transport depuis le cabinet. Les corps sont ensuite acheminés dans des sites d’incinération collective ou dans des usines d'extraction, comme l’entreprise GZM de Lyss (BE). Sur ce site spécialisé, ils sont transformés en graisses et farines animales. Les farines sont valorisées comme combustible de substitution dans l’industrie du ciment, et les graisses dans des chaudières spéciales. Les restes ne sont en aucun cas utilisés dans la fabrication d’aliments pour chiens, chats ou cochons. Cette option des centres de collecte n’est pas souvent proposée d’emblée par les vétérinaires.
Limiter les dépenses du quotidien
1. Alimentation
Chercher les offres spéciales et comparer les marques afin de trouver le meilleur rapport qualité-prix. En cas de grandes difficultés financières, certaines organisations peuvent fournir de la nourriture. S’informer auprès des refuges pour animaux.
2. Assurance
Les frais sont souvent plus élevés lorsque l’animal vieillit. Contracter une assurance peut aider, mais attention aux conditions générales. Celles-ci prévoient souvent des augmentations quand l’animal prend de l’âge et si des problèmes de santé se déclarent. Voire des ruptures de contrat. On aura alors payé les primes des années durant pour rien. Un cas fréquent avec l’assurance Epona (lire: «Ces dix entreprises qui vous ont le plus agacés en 2022»).
3. Taille et race
On gardera en tête, avant l’adoption, que les grands chiens engendrent davantage de frais de nourriture. Certains services (pensions canines) sont également plus chers. Quant aux frais vétérinaires, il est faux de penser qu’ils seront moindres avec un petit gabarit.
La race de l’animal peut peser dans la balance, avertit Sylvie Jetzer, de la fondation Quatre pattes: «Certaines entraînent presque automatiquement des frais vétérinaires élevés en raison de problèmes de santé, comme le raccourcissement du voile du palais, souvent vital, chez les bouledogues français.» ld
Aide aux frais vétérinaires pour petits budgets
C’est un véritable appel à l’aide, qui est parvenu à notre rédaction. Devant le coût des traitements contre l’épilepsie et l’arthrose de son petit Bubi, un lecteur vaudois a mobilisé toutes ses économies et ce qu’il a pu de sa rente AVS. Le tout laissant encore 6300 fr. de factures impayées.
Il existe des aides pour ces situations, qui ne sont pas isolées. Elles diffèrent selon les cantons.
- Le premier réflexe sera de demander conseil auprès d’un refuge proche de chez vous pour connaître les soutiens locaux. La SPA vaudoise a ainsi conseillé au maître de Bubi de s’adresser à la Fondation Nana (fondation-nana.ch). Liste des refuges romands: suisseromande.com/protection-animaux.html
- Les sections locales de Pro Senectute aideront aussi les seniors pour savoir auprès de qui se tourner.
- Au niveau suisse, la Fondation Zbinden apporte des aides financières. Le site web est en allemand, mais il est possible d’envoyer un e-mail en français. Site: jazbi.ch Adresse: [email protected]