A l’approche de la cinquantaine, Mathilde Defferrard prend rendez-vous pour un bilan de santé, le dernier datant de plusieurs années. Une démarche purement préventive, puisqu’elle se sentait en pleine forme.
Quand elle tend le bras pour la prise de sang, la Fribourgeoise est sûre d’être bien couverte financièrement. Elle a conclu, auprès de Concordia, la police complémentaire Natura, «pour la promotion de la santé et la prévention», qui rembourse 90% des frais facturés pour les examens préventifs, jusqu’à concurrence de 500 fr.
Le résultat tombe quelques jours plus tard: la patiente souffre de carences en fer et en vitamine B12 qui nécessitent un traitement rapide. A sa grande surprise, elle reçoit dans la foulée une facture de 522 fr. La raison: comme la démarche a révélé un problème, elle relève désormais de l’assurance de base... et non plus de la complémentaire.
Au final, c’est l’assuré qui paie
C’est la douche froide. La lectrice, qui a opté pour une franchise de 2500 fr., doit passer à la caisse. «Un examen général qui aboutit à des résultats négatifs ne relève pas de la prévention. Il doit être considéré comme un traitement de la maladie dont souffre la patiente. Dans ce contexte, les analyses de laboratoire, les consultations médicales et le traitement de suivi doivent être payés par l’assurance de base», explique le porte-parole Manuel Bamert.
«Je suis prête à payer le traitement prescrit par la suite, mais je ne pouvais pas connaître le résultat avant: c’est absurde!» fait valoir la patiente. Tenace, elle soumet son dossier au médiateur de l’assurance maladie qui, dans un premier temps, intervient auprès de Concordia. En vain: la compagnie campe sur ses positions.
Le médiateur se rallie finalement à son point de vue. «En effet, les examens effectués ont eu pour but d’introduire une thérapie suite à un manque de fer et de vitamine, ce qui a valeur de maladie», explique Charles Lorétan, spécialiste en prestation auprès de l’office de médiation de l’assurance maladie. «C’est faux, s’insurge Mathilde Defferrard, qui dénonce un marketing trompeur. Je ne souffrais d’aucun symptôme avant les examens.»
Le comble, c’est donc que l’assurance de base ne serait pas entrée en matière si le bilan n’avait révélé aucune carence. La prévention n’est remboursée par la base que dans des cas précis tels que le cancer du sein ou du côlon.
Privilégier l’assurance de base
De son côté, le Service juridique de Bon à Savoir relève qu’il est préférable, sur le principe, qu’une prestation soit couverte par l’assurance de base, puisque tout le monde y est affilié. Cet exemple illustre toutefois, aux dépens de notre lectrice, les incohérences de la politique de santé en matière de prévention.
«Les compagnies jouent sur la complexité du système pour laisser la note aux assurés», dénonce Simon Zurich. Le vice-président de la Fédération suisse des patients insiste sur l’importance, pour les assureurs comme pour les médecins, d’informer les patients des conditions de remboursement.