La publicité paraît presque surréaliste, mais elle couvre actuellement les murs de Suisse romande: la Banque Valiant sort le grand jeu pour vanter son compte d'épargne «lilas», avec un taux d'intérêt «préférentiel» de 1,11%! Un taux qui n'est d'ailleurs valable – comme l'indique l'inévitable petit astérisque accompagnant ce genre d'offres – que pour les nouveaux dépôts et jusqu'à la fin de l'année, échéance après laquelle il disparaîtra au détriment des conditions standard, soit 0,2% jusqu'à 250 000 fr. et… 0,05% au-delà.
Surréaliste, car la banque privée ne trompe personne: son offre, est, en effet, nettement au-dessus de celles proposées par la concurrence, même si elle est limitée dans le temps. Mais qui aurait imaginé qu’on puisse, un jour, faire un coup avec un rendement aussi bas? Certes, les taux de l’épargne n’ont cessé de chuter, passant de 3,5% en moyenne en 1993 à 0,8% dix ans plus tard, pour tomber à 0,2% aujourd’hui. Et il faut mettre ces chiffres en relation avec l’inflation: + 3,2% en 1993, + 0,7% en 2003 mais – 0,7% l’an dernier. Il n’empêche: à moins de retrouver le goût du risque avec l’embellie boursière, les dessous de matelas ont un bel avenir devant eux!
Seule consolation: les taux hypothécaires ont beau reprendre un peu du poil de la bête depuis le début de l’année, ils sont également au plancher depuis des lustres. Aujourd’hui encore, il est possible de signer un contrat de dix ans avec un taux bloqué à 2,2%. C’est la moitié moins que le taux de référence historique (4,5%), soit une économie de 115 000 fr. sur la durée du contrat. La pierre, aussi, a un bel avenir devant elle!
Christian Chevrolet