S’il souhaite garer sa voiture sans limite de temps sur n’importe quelle case blanche en zone urbaine, un habitant de La Chaux-de-Fonds peut acquérir un macaron qui lui coûtera 20 fr. par an. A Nyon, il faut débourser... 960 fr. pour une autorisation valable uniquement dans une zone limitée.
Notre pointage romand montre que les différences entre les tarifs des cartes de stationnement annuelles destinées aux résidents sont extrêmes, avec des pics marqués dans le canton de Vaud (voir encadré). Or, les montants élevés pourraient être considérés comme abusifs par le Surveillant des prix. Stefan Meierhans vient de mettre au point un modèle de coûts qui permet de déterminer le «prix juste» pour chaque commune.
De son point de vue, le macaron doit couvrir le coût effectif pour la Municipalité, calculé sur la base, notamment, de la valeur du terrain occupé, des coûts de construction de la chaussée, du marquage, des frais d’exploitation, etc. Conclusion du Surveillant: «Un prix supérieur à 400 fr. pour une carte annuelle est difficilement compatible avec le principe de couverture des coûts. Et ce, même dans les grandes villes où les prix des terrains à bâtir sont élevés.»
Le prix, un moyen de pression
Ces propos sont accueillis froidement par certaines Municipalités romandes. A Nyon et à Lausanne, par exemple, on n’envisage pas de réduire les tarifs actuels, respectivement de 960 fr. et 500 fr. par an pour les résidents. «Nous considérons que le prix du macaron est pertinent au vu de l’offre alternative en transports publics», relève Patrick Etournaud, chef du Service de la mobilité et de l’aménagement des espaces publics de la capitale vaudoise. La cherté du macaron fait partie d’une stratégie globale: «Notre politique de mobilité œuvre à renforcer les transports publics et à encourager le report modal vers la mobilité active, plutôt que l’utilisation de transports individuels motorisés, dans le but de répondre aux enjeux climatiques.»
De son côté, Nyon, «qui veut être un pionnier de la mobilité douce», assume «un prix volontairement élevé». La ville nous écrit que le but est de dissuader la multiplication des voitures par ménage et la sous-location de places. Un tarif bas inciterait les résidents à prendre un macaron pour leur véhicule et sous-louer la place de leur immeuble, par exemple, à des pendulaires... Parmi les autres arguments pour justifier leurs tarifs, les deux villes relèvent qu’ils restent abordables en comparaison des prix des places privées. En vendant l’équivalent de 8400 macarons annuels, Lausanne encaisse tout de même 4,2 millions de francs.
Méthode moins contestable
La situation pourrait évoluer en faveur des détenteurs de macarons. La nouvelle méthode de calcul de Stefan Meierhans, qui se basait jusqu’à présent sur une simple comparaison des marchés, lui permet de donner plus de poids à ses recommandations: «elle est plus précise et plus fiable, et, surtout, moins contestable», souligne Beat Niederhauser, suppléant du Surveillant. Les lignes commencent d’ailleurs à bouger, puisque certaines villes, essentiellement alémaniques, aux prix élevés, ont demandé des informations sur le nouveau modèle.
Déposer une réclamation
D’un point de vue légal, les communes doivent consulter le Surveillant lorsqu’elles souhaitent augmenter le prix de leurs cartes de stationnement. Stefan Meierhans se penche actuellement, entre autres, sur le cas de Morges (VD), qui veut faire passer le macaron annuel de 540 fr. à 600 fr.
Mais l’action du Surveillant n’est pas limitée à ce cas de figure. «Il a aussi le mandat légal de s’attaquer aux prix abusifs existants, rappelle Beat Niederhauser. Il est donc envisageable d’intervenir auprès de communes qui ne prévoient pas d’augmentations.»
Les consommateurs peuvent également agir en dénonçant un prix qui leur paraît abusif via un formulaire en ligne*. Leur identité n’est pas communiquée aux Municipalités. Un mois après la création du modèle de calcul, une vingtaine de citoyens ont d’ores et déjà déposé une réclamation.
Stefan Meierhans soulignait récemment l’aspect social de sa démarche: «Les riches possèdent souvent un garage ou une place dans un parking couvert. Les détenteurs de cartes de stationnement sont généralement des gens (...) qui ont un portemonnaie moins rempli.» Et en ces temps difficiles, chaque franc compte.
*Lien: t.ly/fSEV4
Sébastien Sautebin
Les tarifs de 16 villes pour un macaron d’un an
Nyon (VD): 960 fr.
Gland (VD): 840 fr.
Morges (VD): 600 fr.
Lausanne (VD): 500 fr.
Lutry (VD): 480 fr.
Vevey (VD): 480 fr.
Fribourg (FR): 396 fr.
Martigny (VS): 385 fr.
Porrentruy (JU): 360 fr.
Yverdon. (VD): 320 fr.
Bulle (FR): 300 fr.
Sion (VS): 300 fr. (Zone 1: 420 fr.)
Neuchâtel (NE): 240 fr.
Genève (GE): 200 fr.
Delémont (JU): 170 fr (vieille ville)
La Chaux-de-Fonds (NE): 20 fr.