Balaie devant ta porte, avant de balayer devant celle du voisin, dit le proverbe. Encore faut-il savoir avec quel balai. Bon à Savoir a donc évalué les performances des modèles conventionnels et celles des nouveaux systèmes à lingettes. Pionnier en la matière: le Swiffer, «qui attire la poussière et les cheveux comme un aimant», à en croire les ex- plications figurant sur l’emballage.
Mais ces balais modernes tiennent-ils vraiment leurs promesses? Et en tel cas, les bons vieux balais sont-ils à remiser au placard? Pour en avoir le cœur net, Bon à Savoir a fait tester treize modèles, sept modernes et six classiques, par l’institut allemand ipi (recherche et information sur les produits). Le test s’est effectué sur sol lisse uniquement (PVC, carrelage et parquet), et non pas sur des surfaces irrégulières, comme celles des balcons et cages d’escalier.
Critères
– Pouvoir nettoyant
Les testeurs-nettoyeurs ont dû évaluer les performances de chaque modèle avec trois types de salissures:
- des déchets plutôt granuleux (mélange de café, sucre et farine);
- de la poussière de maison;
- des détritus plus grossiers et légèrement graisseux, composés des restes d’un repas répandus sous la chaise de bébé – la phase la plus difficile du test.
A chaque fois, la quantité de salissures a été mesurée précisément avant d’être répandue. Puis, les testeurs ont mesuré ce qui restait sur le sol, les souillures rassemblées en tas et celles restées dans la brosse ou la lingette.
– Maniabilité
Dans l’autre phase du test, les experts ont évalué la maniabilité des différents systèmes de nettoyage:
- sont-ils d’emploi pratique et agréable?
- combien de temps faut-il pour qu’ils soient prêts à l’emploi?
- sont-ils faciles à nettoyer et à ranger après usage?
Résultat surprenant
Les nouveaux systèmes se sont tous révélés plus performants que leurs ancêtres à poils. Vainqueur du test, le Scotch Brite a même obtenu la mention «très bon» lorsqu’on l’a utilisé avec ses lingettes jetables. Et avec les chiffons multiusages, il s’est encore classé dans la catégorie «bon», tout comme les autres appareils de ce type.
C’est surtout la performance des systèmes modernes avec des souillures plus grossières qui a constitué la surprise. En effet, selon les déclarations des fabricants, ces produits ne sont pas vraiment conçus pour cet usage. Pourtant, tous ont obtenu au moins une note «satisfaisant» pour cette partie du test. Et c’est là que s’est véritablement joué le classement, car avec la simple poussière, leurs performances se sont révélées presque identiques.
C’est ce qui a pénalisé le Swiffer, peu efficace contre les salissures grossières. Il a toutefois obtenu la note globale «bon». Son fabricant, Procter&Gamble, insiste d’ailleurs sur le fait que son produit est avant tout conçu pour enlever la poussière, les peluches, les cheveux et les résidus d’acariens, mais pas les salissures utilisées pour le test. De plus, selon lui, les quantités de saleté utilisées par les experts étaient trop grandes pour simuler une situation domestique réaliste.
Migros et Coop font aussi valoir que leurs modèles ne sont pas prévus pour ramasser du café ou du sucre, mais avant tout la poussière et les cheveux. Pourtant certains de leurs modèles – Miobrill Twist de Migros et Leifheit Hausrein de Coop – nettoient très bien des résidus plus grossiers.
Il est toutefois normal que les lingettes ne puissent pas capturer de grandes quantités de déchets. Elles permettent surtout de les rassembler en tas, qui doit ensuite être ramassé à l’aide d’une pelle et d’une balayette. Cet inconvénient a d’ailleurs fait perdre des points à tous les balais – modernes ou ordinaires – dans la rubrique maniabilité.
Balais décevants
Aucune surprise côté balais conventionnels. Comme le précise Edi Baur, fabricant du modèle Natura jugé «insatisfaisant», ce produit est conçu uniquement pour rassembler des résidus grossiers sur des sols rugueux. Toutefois, les balais conventionnels n’ont pas seulement montré des difficultés avec la poussière, mais aussi avec le café, le sucre et la farine – des résidus apparemment encore trop fins pour être retenus efficacement dans leurs brosses. Autre point faible: les balais sont peu pratiques à nettoyer, et donc jugés peu «maniables après usage».
La «maniabilité durant l’utilisation» est également difficile, car ce type de balais a tendance à disperser la saleté. Plus les poils sont rigides et plus ce défaut devient marqué. D’ailleurs, les balais les plus mal classés ont tous des poils synthétiques, moins chers, mais aussi moins souples que les poils naturels. Et à l’inverse, les brosses des balais les mieux classés contiennent toutes au moins 20% de crins naturels. Au reste, Ebnat, le fabricant du balai classé dernier, remarque qu’il produit aussi un modèle 100% naturel, lequel s’en serait probablement mieux sorti.
L’aspect écologique et le prix peuvent également jouer un rôle dans le choix d’un système de nettoyage. A cet égard, le modèle Scotch Brite reste recommandable: son prix est modéré et on a le choix entre lingettes jetables ou multiusages. Lesquelles sont moins chères et moins polluantes, puisqu’elles produisent moins de déchets et que leur production demande moins d’énergie.
Faire le bon choix
En résumé: les balais conventionnels sont surtout efficaces pour des détritus grossiers sur des sols irréguliers ou rugueux. En revanche, l’aspirateur, les systèmes à lingettes ou les balais à franges humides conviennent beaucoup mieux pour dépoussiérer un appartement.
Rolf Muntwyler/s.r.