La nouvelle n’aura échappé à aucun pendulaire: l’Union des transports publics (UTP) a annoncé, en mars dernier, une augmentation moyenne des prix de 3% pour la fin de l’année 2016. Les tarifications précises seront, elles, publiées une fois les négociations avec le surveillant des prix terminées.
Les grandes lignes rapportent de l’argent
La dernière hausse, deux ans plus tôt, avait notamment porté le prix de l’abonnement général (AG) deuxième classe de 3550 fr. à 3655 fr. (+3%). Depuis, alors que l’exploitation des lignes régionales est plutôt déficitaire, le trafic longue distance engrange chaque année 29,3 millions en trop. C’est pour redistribuer ces recettes supplémentaires que, dès l’annonce en 2014, le surveillant des prix et l’UTP se mettent d’accord sur plusieurs mesures compensatoires (lire encadré).
D’après Donatella Del Vecchio, porte-parole des CFF, ces différentes actions permettront d’atteindre les 30 millions visés en 2016: «Actuellement, environ 8000 billets dégriffés sont écoulés quotidiennement, 9000 les jours de pointe. Pour cette année, les objectifs fixés devraient être tenus.»
Abonnement général: aucun dédommagement
Les recettes engrangées par le trafic longue distance sont donc restituées aux usagers. Mais pas à tous. Ceux qui bénéficient des réductions sont les détenteurs du demi-tarif ou d’un abonnement de parcours ainsi que les nouveaux clients. Les possesseurs de l’AG, eux, n’en voient pas la couleur.
Pourtant, les 450 000 détenteurs du sésame national sont de gros utilisateurs du trafic longue distance. Alors, pourquoi n’auraient-ils pas également droit à des avantages financiers comme les autres? «Les mesures prises et les formes de celles-ci découlent des discussions entre Monsieur Prix et l’UTP», indique Donatella Del Vecchio.
Pour la surveillance des prix, l’explication tient au fait que les AG ne participent pas aux recettes supplémentaires: «Ce sont les billets simples pour le trafic longue distance qui rapportent trop. Les prix par kilomètre des AG sont clairement inférieurs au prix des billets individuels. Leurs augmentations à la fin de 2014 ont été, entre autres, calculées en fonction de relevés qui montraient une plus forte utilisation du réseau par leurs détenteurs. Il était donc justifié de se focaliser sur les rabais des billets ordinaires.»
Un aspect publicitaire assumé
Reste que l’accord entre l’UTP et le surveillant des prix arrange clairement le service marketing des CFF. L’aspect publicitaire n’est d’ailleurs pas caché. Le communiqué de presse qui annonce les cartes journalières à prix réduit se termine ainsi: «Le lancement d’offres avantageuses permet d’attirer de nouveaux clients des transports publics.» Les fidèles, eux, s’habituent aux hausses régulières. Entre 2010 et aujourd’hui, le prix de l’AG deuxième classe est monté de près de 18%.
Bernard Utz
En détail
Historique des compensations
En août 2014, alors que l’UTP annonce une hausse moyenne de 3% des tarifs pour la fin de l’année, un accord à l’amiable est trouvé avec le surveillant des prix. Voici les différentes mesures qui ont été choisies pour redistribuer les 29,3 millions annuels engrangés en trop par l’exploitation des grandes lignes.
⇨ Dans un premier temps, depuis janvier 2015, les CFF proposent chaque jour des milliers de billets dégriffés pour les principaux trajets du trafic longue distance. Assez vite, il apparaît que les ventes de ces titres bon marché ne permettront pas, à elles seules, d’atteindre les presque 30 millions d’indemnisation. En juillet, 5000 de ces tickets sont vendus les jours de pointe. C’est deux fois moins que le volume nécessaire pour atteindre l’objectif de rabais.
⇨ Un accord additionnel est alors négocié. Celui-ci stipule que les possesseurs d’un demi-tarif recevront un bon de 10 fr. Ils sont distribués dès le mois d’août. L’action est réitérée au début de l’année 2016.
⇨ Finalement, les 29,3 millions n’étant toujours pas atteints, 100 000 cartes journalières valables dès 9 h et vendues à moitié prix (29 fr.) sont proposées depuis mars 2016. L’offre ne concerne, encore une fois, que les détenteurs d’un demi-tarif.