Bientôt la fin des petits caractères?
ALIMENTATION
L’Union européenne s’apprête à changer sa réglementation en matière d’étiquetage des denrées alimentaires. La Suisse suivra, en partie, en 2016.
Sommaire
Bon à Savoir 11-2014
05.11.2014
Dernière mise à jour:
04.10.2022
Vincent Cherpillod
Les pattes de mouche sur les emballages, c’est bientôt fini. Du moins en Europe: le Parlement européen a décidé de changer la donne en matière d’information des consommateurs sur les denrées alimentaires. Sous toit depuis octobre 2011, la nouvelle réglementation détaille, en 63 pages, les consignes que les fabricants devront suivre lors de la conception des emballages des produits. Un peu plus de trois ans ont été laissés aux producteurs pour qu’ils s’y adaptent. La plupart...
Les pattes de mouche sur les emballages, c’est bientôt fini. Du moins en Europe: le Parlement européen a décidé de changer la donne en matière d’information des consommateurs sur les denrées alimentaires. Sous toit depuis octobre 2011, la nouvelle réglementation détaille, en 63 pages, les consignes que les fabricants devront suivre lors de la conception des emballages des produits. Un peu plus de trois ans ont été laissés aux producteurs pour qu’ils s’y adaptent. La plupart des dispositions entreront, en effet, en vigueur le 14 décembre prochain.
Quid de la Suisse? Comme souvent, l’Office fédéral de la sécurité alimentaire observe... et suit avec un temps de retard. Une modification de la législation suisse, plus ou moins calquée sur les nouvelles dispositions européennes, est entrée en vigueur au début de 2014. Mais elle ne deviendra contraignante pour les fabricants qu’à partir de 2016 et ne colle pas exactement à celle de l’UE.
Autrement dit, au petit jeu de l’étiquette, l’Europe prendra une bonne longueur d’avance sur notre pays. Car la taille des caractères n’est pas la seule chose qui va changer. D’autres mesures qui visent à améliorer l’information donnée aux consommateurs vont être prises, afin d’éviter les dénominations trompeuses ou trop peu précises. Nous les avons listées, en les comparant à la situation suisse, à l’heure actuelle.
Vincent Cherpillod
Taille des caractères |
Aujourd’hui, une majorité de produits alimentaires comportent des mentions dont la hauteur des caractères est largement inférieure à 1 mm. Si la législation suisse n’impose pas directement de taille minimale, l’Europe a décidé de fixer un seuil minimal à la taille des caractères qui devront être utilisés sur les emballages. |
| L’ordonnance sur les denrées alimentaires et les objets usuels (ODAIOUs) reste actuellement très vague sur le sujet: «L’étiquetage doit figurer à un endroit bien visible et être facile à lire et indélébile.» (art. 26, al. 3). Ce sont ensuite les chimistes cantonaux qui édictent des règles plus précises, mais elles sont loin d’être respectées: nous avons par exemple trouvé des caractères d’environ un demi-millimètre de haut sur les pâtes Agnesi Gemelli Integrale vendues à Migros. |
| Les nouvelles mesures européennes imposent une hauteur minimale des caractères de 1,2 mm ou de 0,9 mm pour les emballages dont la plus grande face est inférieure à 80 cm2. |
Congélation |
En Suisse comme en Europe, la mention «décongelé» est obligatoire pour les produits qui ont été congelés et sont vendus décongelés. |
| La date de congélation de la viande et du poisson doit être indiquée par l’établissement qui procède à leur congélation. Mais cette information ne doit pas forcément être reprise sur l’étiquette par le détaillant qui vend, ensuite, la marchandise. |
| Pour la viande et le poisson vendus congelés, l’indication de la date de congélation sera dorénavant obligatoire. |
Allergènes |
| Une disposition analogue a été adoptée en 2014. Les fabricants ont deux ans pour s’y conformer. |
| Dans la liste des ingrédients, le nom des substances allergènes devra être mis en évidence par une impression qui le distingue du reste de la liste: couleur, gras, soulignement par exemple. |
Huiles et graisses végétales |
Elles pourront toujours être regroupées sous la mention «huile végétale», mais celle-ci devra désormais être suivie du genre d’huile utilisé. Il sera, par exemple, possible de connaître les produits qui contiennent de l’huile de palme, en lisant la liste des ingrédients. |
| Les genres d’huiles listés après la mention «huile végétale» doivent l’être dans l’ordre décroissant de leur importance quantitative. La mesure ne deviendra toutefois effective qu’en 2016. |
| L’énumération des huiles suit, entre parenthèses, la mention «huile végétale», sans précision sur l’ordre à adopter. |
Ajout d’eau |
| La viande et le poisson sont considérés comme tous les autres produits finis: s’ils ne renferment pas plus de 5% d’eau, l’indication n’est pas obligatoire. |
| L’indication est obligatoire seulement si elle dépasse 5% du poids du produit fini. Pour la viande et le poisson, elle est obligatoire dans la liste des ingrédients dans tous les cas. |
Produits reconstitués |
En Suisse comme en Europe, la viande ou le poisson composés de plusieurs morceaux, mais vendus en une seule pièce, devront porter la mention «viande ou poisson reconstitué». Adoptée par la Suisse le 1er janvier 2014, cette obligation ne deviendra contraignante pour les fabricants qu’au 1er janvier 2016, à l’instar des modifications qui concernent les allergènes et les huiles végétales. |
Ingrédient de substitution |
| La loi sur les denrées alimentaires (LDAI) stipule que «la dénomination spécifique des succédanés et des produits d’imitation sera fixée de manière à établir une nette distinction entre ceux-ci et le produit naturel de référence» (art. 8). |
| Le nouveau règlement de l’UE définit plus clairement la notion de «nette distinction»: le remplacement d’un ingrédient typique par un autre doit être clairement indiqué à proximité immédiate du nom du produit. Et la taille des caractères doit être égale à 75% au moins de celle du nom du produit. Autrement dit, si la mozzarella d’une pizza est remplacée par du fromage de synthèse ou «fromage analogue», cette mention devra figurer près du nom du produit. Même chose pour une mayonnaise sans œufs. |
Données nutritionnelles |
| Elles sont facultatives, même si une grande partie des fabricants jouent le jeu et insèrent un tableau des valeurs nutritionnelles sur les emballages. |
| Désormais, sept mentions seront obligatoires, et dans l’ordre suivant: valeur énergétique, graisses (dont acides gras saturés), glucides (dont sucres), protéines, sel. Et, pour davantage de clarté, «graisses» remplace «lipides» et «sel» se substitue à «sodium». |
Origine des produits |
| La disposition suisse est identique, à une différence près: la mention du pays d’origine n’est pas obligatoire si le nom du produit est devenu un nom générique, selon les milieux spécialisés. Il n’est, par exemple, pas obligatoire de préciser la provenance du yogourt d’un produit appelé «yogourt gre |
| L’origine d’un ingrédient doit être précisée si une indication géographique est utilisée dans la dénomination du produit. |