On ignore qui a inventé les blocs détergents lesquels – comme par magie – colorent en bleu l’eau des toilettes et prétendent les assainir sans avoir à retrousser les manches. De fait, la publicité ne met pas tant l’accent sur leur pouvoir nettoyant que sur l’«impression de fraîcheur» qu’ils procurent. On sait, en revanche, que leur impact sur l’environnement n’est, lui, pas qu’une impression.
Cocktail chimique
Alors que les emballages n’indiquent pas avec précision de quelles substances chimiques sont faits ces blocs pour WC, nous savons qu’ils recèlent des détergents (tensioactifs), des parfums, des colorants et, parfois, des antitartriques. Certains contiennent également des biocides (désinfectants) et sont alors soumis à autorisation, précise l’Office fédéral de l’environnement. En l’état, même la spécialiste Nathalie Chèvre, écotoxicologue à l’Université de Lausanne, indique qu’il n’est pas évident de les identifier.
De ce cocktail chimique, ce sont bien les biocides (littéralement «qui tuent la vie») qui préoccupent le plus la chercheuse, car «ces substances actives contre les bactéries et les champignons ont été développées pour être toxi ques». En outre, plus on utilise de bactéricides, plus on risque de renforcer la résistance bactérienne.
Bien qu’il n’existe aucun chiffre officiel, les blocs pour WC semblent peu de chose par rapport à l’ensemble des produits ménagers rejetés dans les eaux usées. Il n’empêche que ce n’est pas toujours la quantité qui fait le poison et que, en matière de micropolluants, il n’y a pas de doses inoffensives. Par ailleurs, les mentions «biodégradable», «bien biodégradable» ou «écologique» ne doivent pas leurrer les consommateurs: «Ce n’en sont pas moins des polluants», insiste Philippe Vioget, du Service des eaux, sols et assainissement du canton de Vaud.
On comprend dès lors qu’il vaut mieux éviter ces produits qui polluent, sans pour autant remplacer un nettoyage de la cuvette en bonne et due forme.
Philippe Chevalier