Le radio-réveil? Une antiquité. C’est au son d’une musique stockée au format MP3 que commence aujourd’hui la journée du consommateur ordinaire. Quant à notre lampe de chevet, elle consomme moins de kWh qu’il n’en fallait, à l’époque, pour l’ampoule du four. Fini les hésitations devant la garde-robe: la météo prédit désormais, au pour cent près, l’ensoleillement prévu pour les heures à venir.
A la cuisine, c’est une capsule glissée dans la machine à café (what else!) qui nous remet les idées en place. Et c’est à vélo électrique qu’on file au bureau, où trône un immense écran plat. Ce paradis numérique a ses inconvénients: avant de penser au prochain café, nous aurons trié d’innombrables e-mails en les envoyant valser dans une poubelle virtuelle.
Les plus chanceux d’entre nous profiteront alors d’un instant de répit pour réserver, en douce, leurs prochaines vacances et envoyer, comme le leur rappelle leur agenda électronique, un MMS à un ami lointain pour son anniversaire.
On n’arrête pas le progrès, quoique. Lors que les premiers lecteurs de Bon à Savoir réglaient la facture de leur abonnement, celle du téléphone ne comportait qu’une ligne. Aujourd’hui, après avoir payé le wifi, la ligne fixe et les portables de toute la famille, il ne leur reste plus de quoi acheter des cigarettes!
Ce qui n’est, au fond, pas si grave, puisque le tabac est tabou partout. Et, comme nos primes d’assurance maladie ont explosé, notre budget resto a, lui aussi, été revu à la baisse. Pas de quoi en faire un fromage non plus, puisque nous traquons désormais la graisse de palme et le sel superflus.
La vigilance reste ainsi la première qualité du consommateur averti pour ne pas voir le prix de ses erreurs s’allonger au fil des heures. Non, il n’est désormais plus possible d’acheter un billet dans le train et le contrôleur a donc le droit, et même le devoir, d’exiger une surtaxe de 90 fr.! Oui, une facture de téléphone portable peut atteindre 300 fr. si on a téléchargé des données à l’étranger. Et non, si, à peine rentrés de notre journée, nous acceptons par téléphone un matelas à 2000 fr. pour nous débarrasser d’un vendeur particulièrement insistant, nous ne pourrons pas revenir en arrière.
Heureusement, les courses commandées en ligne arriveront pile à l’heure de l’apéro pour nous rappeler qu’on vit, après tout, une époque formidable.
Claire Houriet