Vingt millions par an, soit 3,3 par habitant: la consommation actuelle de brosses à dents en Suisse a de quoi impressionner. A titre comparatif, les Helvètes se contentaient d’une seule brosse pour toute l’année en 1974. Mais une moyenne de 3,3 est encore insuffisante, sachant qu’on devrait changer de brosse à dents tous les deux à trois mois.
Pourtant, ce n’est pas le choix qui manque. Sous la pression de la concurrence, les fabricants ne cessent d’imaginer des brosses aux manches souples et au design fantaisiste. Sans parler des têtes de brosses toujours plus ingénieuses.
Mais ces progrès techniques sont souvent illusoires. Car les dentistes sont
unanimes: le manche ne joue qu’un rôle minime dans l’efficacité du nettoyage. Quant aux têtes des brosses, la Clinique de médecine préventive de l’Université de Zurich a testé les dernières innovations en la matière. Et, disons-le d’emblée, le résultat est décevant. «La diversité proposée sur le marché se révèle trompeuse, commente Thomas Imfeld, de la Clinique de médecine dentaire préventive. Très peu de brosses à dents conviennent à une large proportion d’utilisateurs.»
Les modèles les plus vendus ces deux dernières années ont été testés sur la base des trois critères suivants:
• L’arrondissement des poils: quel pourcentage de poils est vraiment arrondi? Pointus ou aplatis, ils peuvent blesser la gencive.
• Le pouvoir nettoyant: quelle proportion des poils est vraiment en contact avec les dents lors du brossage?
• Les brosses ménagent-elles la gencive?
Pour prendre en compte les particularités de chaque dentition, Thomas Imfeld a séparé les utilisateurs en quatre groupes (voir encadré):
• Dans la première catégorie entrent surtout les jeunes gens, pour qui l’élimination de dépôts de bactéries sur un émail dur est prioritaire. Pour eux, le critère d’achat d’une brosse, c’est son pouvoir nettoyant. Et, comme le montre le test, ils ont un bon choix de modèles à dispostion: six des modèles testés sont appropriés (voir tableau). Thomas Imfeld s’étonne toutefois que deux brosses se révèlent inadaptées, même pour cette catégorie d’utilisateurs sans problèmes dentaires.
• Le deuxième groupe est composé de personnes aux
gencives saines, mais dont la coloration des dents est altérée par la consommation de tabac, de thé ou de café. Leur brosse à dents doit donc aussi offrir un bon pouvoir nettoyant. Important également: le choix d’un dentifrice qui adhère bien à la brosse (voir Bon à Savoir 1/98), permettant ainsi de frotter longuement les taches.
Sur les douze modèles testés, seule la Trisa Eco-Logic remplit toutes ces conditions. Quatre brosses ont été jugées carrément inefficaces, car leurs poils ne sont pas suffisamment en contact avec les dents. C’est notamment le cas de la Dr. Best, aux poils trop raides et trop épais.
Mieux vaut une soft
Le test n’a pas permis de tirer des conclusions sur la forme la plus appropriée des brosses. Thomas Imfeld déconseille toutefois celles dont la surface de brossage est plate et dotée de poils épais. «Des poils minces et souples ne posent en général pas de problèmes, précise le spécialiste. Mais il faut éviter d’appuyer trop fort, sinon on risque de blesser la gencive et, à long terme, de provoquer un déchaussement.»
• Les personnes aux collets déchaussés, mais sans altération de la coloration dentaire, forment le troisième groupe. Leur priorité: nettoyer les collets apparents avec ménagement, grâce à des brosses aux poils arrondis.
• Le quatrième groupe comprend les utilisateurs souffrant à la fois de déchaussement et d’altération de la coloration dentaire. Il leur faut une brosse à dents qui ménage la gencive tout en nettoyant efficacement.
Hélas, aucune des brosses à dents testées n’est vraiment adaptée aux groupes d’utilisateurs 3 et 4. Six modèles ont tout juste mérité la mention «utilisable».
Coop défend sa Dentalux et sa Beldent en indiquant qu’il existe aussi des modèles sensitive et super sensitive pour les collets déchaussés. De son côté, Migros estime que la Candida sensitive convient très bien aux personnes souffrant de déchaussement, tout en soulignant que le modèle n’est plus tout jeune. Lever Fabergé et SmithKline mettent carrémment en doute les résultats du test mené par le Dr Imfeld, estimant que leurs produits ont été sous-évalués.
Conclusion: choisissez des brosses aux poils souples. Et évitez les poils naturels, mal arrondis, plus fragiles et qui favorisent le développement rapide de bactéries.
Quatre profils d’utilisateurs
Une brosse pour chaque dentition
Le Laboratoire de l’Université de Zurich a testé l’efficacité de chaque brosse à dents pour quatre groupes d’utilisateurs différents:
• Groupe 1
Personnes ne souffrant pas de collets déchaussés et dont les dents ont gardé leur teinte d’origine.
• Groupe 2
Personnes aux gencives saines, mais dont la teinte des dents est brunie ou jaunie.
• Groupe 3
Personnes aux collets déchaussés, dont la teinte d’origine n’est pas altérée.
• Groupe 4
Personnes aux collets déchaussés et dont la teinte des dents est altérée par le tabac, le thé ou le café.
Le choix écolo
Changer la tête
Toujours plus de fabricants proposent des brosses à dents à tête remplaçable, comme par exemple la Trisa Eco-Logic ou la Dentalux flexible. Le manche peut donc être réutilisé plusieurs fois, ce qui, à large échelle, diminue sensiblement la quantité de déchets en plastique.
En économisant systématiquement quelque 8 grammes par brosse, on pourrait ainsi réduire les déchets plastiques en Suisse de plus de 190 tonnes par année.
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