L’époque des achats de Noël est aussi celle durant laquelle la vente de champagne bat son plein. Coop, par exemple, réalise le 80% de ses ventes le mois précédant les fêtes de fin d’année. Et pour l’occasion, le consommateur est prêt à ouvrir un peu plus son porte-monnaie. Mais notre test portant sur 15 champagnes et vins mousseux le démontre: les bulles les plus chères ne sont pas forcément les meilleures.
C’est du moins le verdict des vingt dégustateurs non-professionnels, choisis arbitrairement, qui les ont goûtés à l’Ecole d’ingénieurs de Wädenswil. Des chimistes ont, d’autre part, recherché d’éventuelles substances toxiques (voir encadré).
Les dégustateurs ont bien sûr travaillé «à l’aveugle», mais pour une meilleure comparaison, les 15 mousseux – appellation légale des champagnes et des vins mousseux – étaient répartis en deux catégories: «brut» (moins de 15 gr de sucre/litre) et «demi-sec»
Toutefois, se sont les vrais champagnes qui monopolisent le podium, même s’ils ne l’ont emporté que de justesse sur les vins mousseux Martini Brut et Welti Brut.
Composantes chimiques
Lorsque le plomb pétille
L’analyse chimique confirme les bons, mais aussi les mauvais résultats de la dégustation. Charles Bertin sort, là aussi, en tête, tandis que Moët et Chandon peine à convaincre... En revanche, le Krim sekt russe suprend en obtenant une note d’excellence.
• Teneur en plomb: cette analyse a coûté des points à certains produits. Deux mousseux – Moscato Spumante et L’Arc de Triomphe – sont même très contestables, car leur teneur en plomb dépasse la valeur légalement tolérée (0,1 mg/kg). D’où un «insuffisant» pour l’appréciation générale. Moët et Chandon et Welti Brut ont également perdu un point, car ils se placent juste au-dessous du seuil de tolérance.
Epa, qui vend le Moscato Spumante, répond que l’un des sucres contenus dans le vin fixe fortement le plomb. Peter Amend, directeur de la Société de recherche en alimentation de Berlin, rétorque que les valeurs limites sont fixées en tenant compte de la toxicité d’un produit et donc aussi de telles interactions.
A noter que le vin reste l’un des principaux facteurs d’ingestion de plomb. «On peut doubler la quantité quotidienne en buvant du vin», écrit à ce sujet Bernard Zimmerli de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).
• Teneur en cuivre: tous les produits testés n’en contenaient que d’infimes traces.
A noter que, selon M. Zimmerli, ces traces peuvent aussi bien signifier l’emploi massif de fongicides qu’un vin de mauvaise qualité. Dans ce dernier cas, il peut avoir été «amélioré» par du cuivre, comme l’explique Tilo Hühn, directeur du département d’œnologie de l’Ecole d’ingénieurs de Wädenswil.
• Fongicides/pesticides: nous n’avons trouvé que d’infimes traces de fongicides/pesticides, bien au-dessous des valeurs limites.
• Acide sulfureux: cette analyse a fait perdre des points à deux des échantillons: le Moscato Spumante en contenait 156 milligrammes/l et L’Arc de Triomphe 119 milligrammes/l. L’OMS (Organisation mondiale de la santé) fixe la valeur maximale quotidienne à 0,7 milligramme par kilo de poids corporel. Concrètement: un homme pesant 70 kg peut en consommer 49 mg par jour. On dépasse donc ce seuil en buvant seulement deux verres de Moscato Spumante.
L’acide sulfureux – utilisé dans la prévention des infections bactériennes dans le jus de raisin avant la fermentation – peut provoquer des nausées et des maux de tête, ainsi que des crises chez les personnes sujettes à l’asthme.
• Prescriptions légales: seuls deux échantillons ne sont
pas conformes aux prescriptions légales, exigeant l’inscription de la teneur en alcool:
le Welti Brut et le Moscato Spumante.
Test
L’attribution des points
- Appréciation sensorielle: 20 personnes sans connaissances particulières ont dégusté les vins mousseux et les ont jugés sur leur apparence, odeur, goût et structure. Chaque critère pouvait obtenir au maximum 3 points.
- Plomb: la valeur limite légale de plomb tolérée dans le vin est de 0,1 mg/kg. Ce métal lourd provient, en plus de la pollution, du procédé de production du vin. Il est pour ainsi dire impossible d’éviter le plomb à cause de la contamination de l’environnement. Certains encaveurs prouvent cependant qu’on peut en réduire la teneur.
0 - 0,04 mg/kg = *****
0,05 - 0,07 mg/kg = ****
0,08 - 0,099 mg/kg = ***
0,01 - 0,02 mg/kg = **
• Cuivre: le taux limite de cuivre toléré dans le vin est de 1 mg/kg. L’appréciation a tenu compte du fait que le cuivre est relativement inoffensif.
0 - 0,15 mg/kg = *****
0,15 mg/kg = ****
- Acide sulfureux: l’OMS recommande une dose quotidienne maximale de 49 mg pour un homme pesant 70 kg. Comme les vins mousseux ne sont pas consommés en grandes quantités, nous avons effectué notre appréciation sur la base de trois verres (3 dl). Jusqu’à un tiers de la dose journalière, nous avons attribué 5 étoiles. Dès que la dose était dépassée avec deux verres, le produit n’obtenait plus que 2 étoiles.
0 -49 mg/l = *****
50 -99 mg/l = ****
100 -149 mg/l = ***
150 -200–mg/l = **
plus de 200 mg/l = *
Télécharger le tableau comparatif de tous les produits.