D’un point de vue dermatologique, l’essuyage à sec n’est pas toujours la meilleure option. Mais les lingettes humides, souvent jetées à tord au fond des WC, ne sont pas plus pertinentes (lire encadré). Il y a presque dix ans, nos confrères alémaniques de K-Tipp avaient découvert de nombreuses substances irritantes dans les marques les plus vendues dans les magasins. Aujourd’hui, les fabricants ont amélioré leurs recettes. Mais la majorité contient toujours des composants problématiques pour la santé: telles sont les principales conclusions du laboratoire que nous avons mandaté.
le formaldéhyde devient plus rare
Sur les douze articles testés, trois reçoivent la mention «très bon»: ils sont quasiment exempts de substances indésirables. Parmi les neuf autres, huit renferment du phénoxyéthanol. Actuellement, la législation européenne autorise l’utilisation de ce conservateur à une concentration maximale de 1%. Il est suspecté d’être toxique pour la reproduction et le développement. L’Agence nationale française de sécurité du médicament et des produits de santé recommande, elle, un plafonnement de sa concentration à 0,4% pour les cosmétiques destinés aux plus de 3 ans. Et une absence complète dans ceux employés pour les bébés. Si les huit modèles ne dépassent pas la limite de 1%, ils vont bien au-delà des 0,4%. Raison pour laquelle nous les avons pénalisés d’un point.
Il y a dix ans, un autre conservateur avait été ajouté à la moitié des serviettes: le formaldéhyde. Dans notre test, il n’a été détecté que dans les Lingettes imprégnées de la marque Soft, vendues à Migros. Le laboratoire a décelé une dose de 8 mg/kg, ce qui est relativement faible et bien en deçà des limites légales. Nous avons néanmoins sanctionné ce produit de deux points, car le formaldéhyde reste problématique: même en petite quantité, il est irritant pour la peau et est considéré comme cancérigène.
Le laboratoire a également traqué les parfums qui peuvent poser problème. Deux articles ont écopé d’une pénalité de 0.5 point. Ils contenaient, chacun, un parfum faiblement allergène dont la concentration dépassait 10 mg/kg.
D’énormes différences de prix
La plupart des fabricants n’ont pas souhaité se prononcer sur les résultats du test. Aldi s’est contenté de relever que les concentrations étaient réglementaires. Tout comme la marque Hakle qui précise que le phénoxyéthanol protège les serviettes du développement de bactéries ou de champignons. Denner annonce, pour sa part, que les premières lingettes sans ce conservateur seront disponibles dans leurs magasins dès cet été.
De son côté, Migros affirme avoir modifié la composition de ses produits M-Budget et Soft. Le phénoxyéthanol et le parfum coumarine ne sont désormais plus utilisés. L’abandon du formaldéhyde est aussi planifié. Mais l’enseigne rappelle que la substance peut être trouvée dans des concentrations plus importantes dans la nature. Et elle estime que le pH légèrement élevé des M-Budget, «ne s’écarte pas du pH moyen de la peau».
Les différences de prix sont, elles, affolantes. Alors que les lingettes de Denner, gagnantes du test, sont vendues 2.10 fr. les 100 feuilles, il faut débourser près de 10.80 fr. pour la même quantité de Duckies Classic vendues à Manor.
Andreas Schildknecht / bu
Conseils
Les lingettes ne sont pas la panacée
⇨ Elimination: les lingettes humides sont plus solides que le papier-toilette habituel. Elles ne se dissolvent pas aussi facilement dans l’eau et peuvent boucher WC et canalisations. Et c’est un vrai cauchemar pour les stations d’épuration! Après utilisation, la tentation est grande de les éliminer en tirant la chasse d’eau. Pourtant, leur place est avec les déchets ménagers.
⇨ Jet d’eau: un maniement quotidien de lingettes contenant des substances chimiques peut, à la longue, rendre la peau sujette à eczéma. Pour l’hygiène, rien ne vaut l’eau pure. Dans certains pays comme le Japon, un tuyau d’eau est parfois placé près des toilettes. Depuis quelques années, des WC douches sont aussi vendues en Suisse (lire «WC: et si l’eau remplaçait le papier?», TCF 4/2014).