De l’ordinateur au téléviseur en passant par le lave-vaisselle et le sèche-cheveux, les ménages suisses ont une panoplie d’appareils électriques et électroniques impressionnante. En tablant sur un investissement moyen de 6000 fr. par foyer, les ménages d’ici dépensent au total quelque 20 milliards de francs dans ce domaine. Et, chaque année, on estime qu’ils consacrent 2 milliards au renouvellement de leur matériel.
Dès lors, on comprend mieux l’intérêt des fabricants de réduire la durée de vie de leurs produits au strict nécessaire, tout en essayant de ne pas mécontenter le client.
A quoi bon fabriquer un mixer apte à fonctionner 10 000 heures s’il est utilisé 100 heures par an? C’est pourquoi les fabricateurs ont, au fil des années, adapté la durabilité de leurs appareils électroménagers et électroniques. C’est une évolution pernicieuse qui ne doit pas faire oublier qu’il existait, autrefois, des lave-linges ou des aspirateurs quasi indestructibles.
Des stratégies mesquines
Au sens littéral, l’obsolescence programmée signifie qu’on a délibérément placé un composant qui va rendre un produit inutilisable à un moment prédéfini. Mais, à travers la lorgnette d’un réparateur, le phénomène se présente sous des formes diverses. Parfois, il n’est simplement pas possible de remplacer une pièce, car elle est indisponible ou la conception de l’appareil est tel qu’on ne peut pas le démonter. Dans d’autres cas, l’élément défectueux ne peut pas être changé seul ou son prix est tout bonnement exorbitant. Voici quelques exemples.
➛ La machine à laver le linge: les roulements à billes du tambour et leurs protections étanches vont s’user et devront être changés, un jour ou l’autre. Mais 80% des modèles actuels sont dotés d’une cuve en plastique dans laquelle les roulements sont directement moulés. Cette conception oblige à remplacer toute la cuve pour un prix qui peut avoisiner 1000 fr.
➛ Le réfrigérateur: le changement du joint de la porte n’est plus aussi simple que par le passé, car ce dernier est collé avec la flasque intérieure de la porte. Par conséquent, on est contraint de remplacer la porte au complet pour un coût d’environ 300 fr.
➛ La cuisinière électrique: chaque plaque est commandée par un commutateur ou un régulateur. Mais, dans certains modèles, ces éléments font partie d’un seul bloc au lieu d’être indépendants. Lorsque l’un d’eux flanche, ils doivent tous être changés, ce qui fait gonfler la facture de 150 fr. à 450 fr. On constate aussi que l’émail qui revêtait les cuisinières électriques était, autrefois, extrêmement résistant. Aujourd’hui, il perd plus rapidement son éclat, ce qui peut inciter son propriétaire à se tourner vers une nouvelle installation.
➛ Le lave-vaisselle: les paniers sont soumis à rude épreuve et finissent, un jour ou l’autre, par rouiller lorsque le revêtement protecteur s’écaille. Le hic, c’est qu’ils peuvent coûter 200 fr. pièce, soit 400 fr. l’ensemble. Un prix exorbitant, sachant qu’on trouve des lave-vaisselles pour 500 fr. Il arrive aussi que le crochet de la porte lâche, cas que l’on rencontre aussi sur les lave-linges et sèche-linges. Après quelques années, cette pièce n’est parfois plus disponible et la machine n’est plus utilisable.
➛ Les plans de cuisson à induction: contrairement aux plaques en fonte ou en vitrocéramique, ils sont constitués de plusieurs modules électroniques. Toutefois, certains fabricants les regroupent en une voire en deux unités. Quand l’un d’eux rend l’âme, le prix du module complet revient aussi cher que toute la cuisinière.
Christophe Inaebnit
* PARTENARIAT: La Bonne Combine – Réparations en tous genres, Prilly (VD)
labonnecombine.ch
Le poids de la robustesse
A l’achat, il est difficile, pour un consommateur, de connaître la durabilité d’un appareil électroménager. D’autant que le choix d’une marque réputée n’est pas obligatoirement un gage de robustesse. C’est donc à l’usage qu’il découvrira la résistance des composants électroniques. En revanche, le poids de la machine peut donner un indice sur la qualité des éléments mécaniques, tels que le moteur, la transmission ou les boutons de commande. Car la légèreté d’un appareil bon marché ne provient pas de pièces à la fois ultralégères et résistantes, mais d’économies qui tendent à sous-dimensionner les composants. On peut également se faire une idée d’une machine en faisant quelques recherches sur internet. En règle générale, les propriétaires mécontents s’expriment davantage que ceux qui sont satisfaits...