Ah la bonne affaire! Moins de 100 fr. pour une imprimante à jet d’encre qui sait à peu près tout faire. Bienvenue dans l’univers des produits tout en un qui permettent de scanner, de photocopier et de tirer ses plus belles photos de vacances. Toutes les marques proposent désormais des modèles multifonctions à des prix dérisoires. C’est chic, mais ça tourne parfois au choc, lorsque les consommables doivent être remplacés.
Une norme utile
En effet, les fabricants ont développé une astuce commerciale: proposer des imprimantes dont le prix de vente est inversement proportionnel aux coûts d’impression. En clair, plus les modèles sont avantageux, plus les cartouches d’encre sont onéreuses. Il est donc primordial de ne pas comparer uniquement le prix des imprimantes, mais également le rendement de leurs consommables.
C’est dans cet esprit que la norme ISO/IEC 24711 a été élaborée en 2006. Adoptée par la majorité des grands fabricants – Canon, HP, Epson, etc. –, elle dicte une méthodologie de test pour déterminer l’autonomie des cartouches. Elle a l’avantage d’offrir aux consommateurs une base de comparaison, même si la procédure – impression des pages en continu, etc. – ne reflète pas une utilisation réelle.
Autonomie ridicule
En se fiant aux déclarations des fabricants, nous avons comparé deux modèles Canon de prix très différents et réalisé la même opération avec deux produits HP (voir tableau). D’emblée, on constate que l’autonomie des consommables est nettement plus limitée sur les imprimantes bas de gamme: la cartouche d’encre couleur de la Canon Pixma MG 2150 permet l’impression de 180 pages, alors que celle de la Canon Pixma MG 6250 annonce 466 pages en moyenne. Idem chez HP: 165 pages en couleur avec la Deskjet 2510 contre 300 pages avec la Photosmart 7510.
Le pire, c’est que les cartouches les plus pingres en encre sont aussi les plus chères à l’achat! Autant dire que le coût à l’impression explose: avec la Canon Pixma MG 2150, le tirage d’un document en couleurs revient à plus de 15 ct. contre 3.4 ct. avec la Canon Pixma MG 6250. Avec HP, la copie grimpe à 11.5 ct. sur la Deskjet 2510 pour chuter à 3.3 ct. sur la Photosmart 7510.
Vite rentabilisée
Par ricochet, on peut alors déterminer à partir de quel moment la différence de prix de deux imprimantes d’une même marque est rentabilisée. Le surcoût de la Canon MG 6250 par rapport à la MG 2150, soit 150 fr., sera gommé après 1290 impressions en couleurs. En comptant qu’un foyer imprime en moyenne 10 documents par semaine, il faudra 129 semaines, soit moins de deux ans et demi d’utilisation, pour que l’achat de la MG 6250 soit rentable. Avec HP, l’écart (+180 fr.) sera absorbé après 2207 copies en couleurs, soit après quatre ans et trois mois.
Au-delà du seuil de rentabilité, il est évident que la qualité, la vitesse d’impression et les fonctions d’un modèle bas de gamme sont plus limitées. Autant d’arguments qui démontrent que les imprimantes bon marché sont, en réalité, bien trop chères pour ce qu’elles valent à l’usage.
Yves-Noël Grin
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.