Même si le choc est doux, l’addition peut être salée! Cette maxime, créée pour l’occasion, résume bien le problème des dégâts non apparents. Tout commence par une touchette qui semble bénigne. Les parkings en sont des lieux de prédilection. Un conducteur sort d’une place de parc et tape votre véhicule, alors que vous êtes l’arrêt. Inspection inquiète des pare-chocs, puis soulagement. A l’œil, les dommages semblent minimes ou même inexistants. Mais gare aux mauvaises surprises! Celle du responsable d’abord, qui n’a constaté qu’une griffure sur le pare-chocs du lésé et frise la crise cardiaque lorsqu’il reçoit une facture de plusieurs milliers de francs. Et celle de la victime qui n’aura pas jugé nécessaire de rédiger un constat d’accident, ou même de relever le nom du fautif, au vu de l’insignifiance visuelle des dégâts, et découvre ensuite que l’atteinte est bien plus importante que prévue. «La plupart des conducteurs ne connaissent pas le phénomène des dégâts non apparents. Ils se disent: «Je ne vois rien, il n’y a rien», constate
Michel Droux, responsable des assurances automobiles à La Vaudoise.
L’atteinte est parfois découverte par hasard, comme le confirme le témoignage récent d’un de nos lecteurs. Touché à l’arrêt par un véhicule qui reculait, celui-ci n’a constaté, malgré un bruit assez impressionnant, qu’une légère déformation d’une partie de son pare-chocs avant. Ce n’est que quelques jours plus tard, en remplissant le réservoir lave-glace, qu’il a constaté que ce dernier était percé. Un passage chez un professionnel lui a appris que le coup avait non seulement détruit ce réservoir, mais aussi plié la jupe avant et déplacé le bloc-moteur de plusieurs centimètres!
Atteintes à basse vitesse
«Dès qu’un véhicule en heurte un autre à une vitesse qui dépasse celle du pas, il est presque impossible qu’il n’y ait pas de dégâts», prévient Thierry Maradan, président de la Fédération des carrossiers romands. Bien sûr, si l’impact porte sur les portières ou les ailes, les conséquences sont immédiatement visibles, mais ce qui n’est pas forcément le cas sur les pare-chocs avant ou arrière. Ces derniers ont une certaine flexibilité et reviennent fréquemment à leur position initiale, alors même que l’onde de choc peut avoir plié d’autres éléments situés derrière. La jupe, partie de la carrosserie sur laquelle est fixé le pare-chocs, ou encore la tôle, qui compose le fond du coffre, sont notamment susceptibles de subir des déformations. «Les dégâts non apparents peuvent aller de quelques centaines de francs à 2500 fr.», prévient Michel Droux.
Dès lors, il est impératif de ne jamais sous-estimer les conséquences d’une touchette. En cas de choc, même minime, inspectez soigneusement votre véhicule, ouvrez le capot si vous avez été percuté à l’avant ou le coffre pour l’arrière, rédigez un constat d’accident (lire encadré) et rendez-vous chez votre réparateur de confiance pour un examen. Ces précautions permettront d’éviter les mauvaises surprises.
Sébastien Sautebin
Le constat européen d'accident
Avoir un constat européen d’accident dans sa boîte à gants simplifie fortement les démarches en cas d’accroc. Ce document est disponible gratuitement auprès des assureurs et dans les postes de police.
- Remplir le constat sur place. Ne faites pas confiance à un conducteur pressé qui vous proposerait de prendre vos coordonnées pour régler l’affaire ultérieurement.
- Rédiger le constat en posant les cartes grises et les permis de conduire «sur le capot» afin de vérifier les informations fournies par l’autre partie.
- Ne pas signer de reconnaissance de responsabilité. Il vous appartient seulement de reporter objectivement les circonstances de l’accident.
- Signer et faire signer le constat entièrement rédigé et relu, puis donner deux des quatre feuillets du document à l’autre partie.
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