Parmi les amateurs d’aromathérapie, il y a ceux qui se contentent de faire évaporer de la citronnelle au-dessus d’une bougie pour éloigner les moustiques. Et il y a les inconditionnels qui diffusent, badigeonnent, et parfois même consomment ces huiles dites «essentielles», ajoutant quelques gouttes choisies à leur sauce à salade ou à leur yogourt.
Dans tous les cas, l’aromathérapie familiale nécessite en préambule une excellente connaissance des plantes (1). Car l’huile essentielle contient la quintessence du végétal, soit le concentré de principes actifs. Mal dosé, ce concentré peut se révéler hautement toxique, voire mortel.
Aucune mise en garde ne figure pourtant sur l’emballage, et pour cause. «Un produit qui n’est pas accompagné d’indications – posologie, effets secondaires, etc. – n’a pas été défini comme un médicament. Nous n’avons donc aucun contrôle sur son étiquetage final», explique la doctoresse Karolin Mathys Badertscher, responsable de la division «Médicaments complémentaires et phytothérapeutiques» chez Swissmedic. Quant à l’Ordonnance sur les denrées alimentaires, elle ne précise rien à ce sujet.
L’œil sur l’étiquette!
Comment dès lors faire son choix parmi les centaines d’huiles, disponibles un peu partout et souvent fabriquées par d’obscurs laboratoires?
Avant tout, il faut éviter les boutiques fantaisie et leur préférer les pharmacies, drogueries ou herboristeries, où l’on peut bénéficier de conseils avisés. Ensuite, l’étiquette renseigne sur la qualité du produit: plus elle fournit de renseignements, mieux c’est (lire ci-contre).
Vérifier la pureté
Pour vérifier la pureté d’une huile essentielle, il existe aussi un moyen tout simple: le test de la feuille de papier. On y dépose plusieurs gouttes et, quelques minutes après, il ne doit rester aucune auréole, car un produit de qualité ne contient ni corps gras, ni produit chimique, et s’avère extrêmement volatile.
D’où, aussi, l’importance du conditionnement. Le récipient doit être hermétique, opaque, avec un bouchon muni d’un compte-gouttes permettant un dosage précis. La loi suisse impose, d’autre part, un conditionnement inférieur à 20 ml car, à forte dose, certaines huiles peuvent être toxiques, voire mortelles: quelques heures après son application sur la peau, une huile essentielle laisse déjà des traces dans l’urine.
Le prix est fixé en fonction de la plante
Un produit de qualité est forcément plus cher, car son extraction résulte d’un procédé long et complexe: la distillation à la vapeur d’eau, en alambic.
Les essences les plus chères sont celles qui nécessitent la plus grande quantité de plantes. Il faut par exemple 115 kg de pétales de rose pour en tirer 5 cuillères à café d’huile essentielle! Le prix peut donc atteindre 700 ou 800 fr./15 ml selon la provenance des fleurs! Mais toujours pour 4 petites cuillères à café, 4 kg de lavande suffisent, et le prix du flacon varie alors entre 15 et 20 fr. Les huiles meilleur marché sont celles faites à base d’agrumes, car elles sont obtenues par simple pression à froid. Il s’en vend à moins de 10 fr./15 ml.
Si une huile de qualité est donc inévitablement assez chère, cela ne signifie pas pour autant qu’un produit onéreux mérite son prix. Il est plus sage de bouder ceux dont les étiquettes sont lacunaires (lire encadré), ainsi que les flacons qui vantent en gros caractères les vertus thérapeutiques du contenu. Et dans tous les cas, il faut demander conseil à un professionnel (pharmacien, droguiste, etc.), ne serait-ce que pour choisir l’élixir qui correspond aux bons maux.
Carole Pellouchoud
(1) A lire: «Les huiles essentielles pour votre santé», Guy Roulier, éd. Dangles, 1990; «Huiles essentielles, se soigner par l’aromathérapie», Nelly Grosjean, éd. Organisation, 2004.
ce qu’en dit la science
L’efficacité des huiles essentielles est-elle vérifiée?
«Le microbe n’est rien, c’est le terrain qui est tout». Cette phrase, attribuée au Français Claude Bernard, père fondateur de la médecine expérimentale au 19e siècle, illustre bien la philosophie de l’aromathérapie. Cette médecine alternative, comme d’autres, part du principe que l’organisme résiste de moins en moins bien aux agressions. La solution? Rééquilibrer le «terrain», améliorer le système immunitaire.
Aujourd’hui, peu d’études sérieuses ont été réalisées sur les huiles essentielles, mais on leur prête généralement un pouvoir antiseptique, bactéricide, désintoxiquant, revitalisant et régulateur du système nerveux.
En remplacement ou en complément des antibiotiques, les huiles essentielles éviteraient même le phénomène de résistance au médicament.