Si vous n’avez pas encore mangé de fraises à ce jour, félicitations! Vous êtes exemplaire et devriez être décoré de l’Ordre de Sainte Gariguette! Car il n’est pas facile de résister à la montagne de fraises espagnoles qui envahissent les supermarchés depuis février, à prix cassés.
Trois fois meilleures!
Heureusement, en mai, on fait ce qu’il nous plaît! Après trois mois de patience héroïque, la récompense est de taille, car on est triplement gagnant: les fraises – locales et de saison – sont meilleures au goût, meilleures pour notre santé et ont un meilleur bilan écologique.
C’est vrai que c’est une baie irrésistible. Son nom latin, fragare, fait déjà figure d’invitation, puisqu’il signifie «sentir bon». Ajoutons à son parfum, son bel aspect, sa couleur sensuelle rouge pétant, sa saveur délicate, et on comprend pourquoi on meurt d’envie de la croquer. Au point d’être incité à tricher, en achetant hors saison ce fruit inévitablement fade et à le customiser à grand renfort de sucre et de crème.
Savoureuses et bonnes pour la santé
En plus de son goût exquis, cette baie renferme de nombreux atouts sur le plan nutritionnel. Elle est particulièrement riche en vitamine C: 100 g, soit huit fruits environ, couvrent grosso modo la moitié de nos besoins, pour autant qu’ils soient arrivés à maturité. Sur ce point, elle fait même mieux que l’orange ou le pamplemousse!
Manger des fraises c’est aussi faire le plein d’antioxydants qui ont un effet protecteur contre certaines maladies (cancers, problèmes cardiovasculaires, etc.). Et, contrairement à ce que sa saveur douce laisse à penser, c’est l’un des fruits les moins caloriques du marché, à condition de ne pas les noyer sous une couche de crème et de sucre. Ainsi, une portion de 100 g ne contient pas plus de calories que deux petits carrés de chocolat!
Gare aux pesticides!
Les fraises importées hors saison ne sont pas seulement sans saveur, mais elles peuvent aussi engendrer des risques pour la santé. C’est le cas, notamment, des espagnoles issues de cultures intensives sous serre. Les ONG dénoncent depuis des années un usage massif de produits phytosanitaires (pesticides, fongicides et insecticides). Il arrive même que l’on découvre dans des échantillons des substances interdites depuis plusieurs années! Or, contrairement aux pommes qui subissent aussi d’importants traitements chimiques, les fraises ne peuvent être pelées pour diminuer les résidus de pesticides. Elles ne se prêtent pas non plus à un lavage énergique sous peine de perdre toute leur saveur.
Les substances chimiques qu’on risque d’absorber ne sont pourtant pas anodines. Elles sont soupçonnées, entre autres, d’être des perturbateurs endocriniens. Avec des risques qui vont de la perturbation du système reproductif aux cancers hormonaux-dépendants, en passant par les problèmes cardiovasculaires et métaboliques (diabète, obésité, etc.). Le consommateur a donc intérêt à rester vigilant, d’autant que les tests sur la toxicité des pesticides ne tiennent pas compte de l’effet cocktail de plusieurs substances prises simultanément, ni des effets de ces produits tout au long de la vie d’un individu.
Garder son bon sens
Malgré tout, on aurait tort de se priver de fraises. Il convient juste de respecter quelques principes élémentaires. La saison, qui vient de débuter, peut se prolonger jusqu’en automne, grâce à certaines variétés tardives comme la Mara des bois. Et puis, pour réduire l’absorption de pesticides, mieux vaut privilégier les produits certifiés biologiques ou de culture locale.
Enfin, on choisira des fruits fermes, brillantes et bien rouges. Si des zones blanches, voire vertes, sont visibles, c’est qu’elles ne sont pas mûres. Comme ce sont des baies fragiles, elles doivent être mangées rapidement après l’achat et se gardent tout au plus deux à trois jours au frigo. Juste avant de les consommer, on les rincera rapidement sous l’eau courante, avant de les équeuter, sans quoi elles perdent toute de leur saveur.
Doris Favre, diététicienne diplômée