«Après avoir publié une petite annonce sur anibis.ch pour vendre un robot Turmix et une autre pour une table de jardin, j’ai reçu, pour chacune d’elle, des messages provenant de numéros français sur WhatsApp, nous écrit Claire Lhenry Noverraz, de Chigny (VD). Dans les deux cas, on m’a proposé que l’objet soit enlevé par un transporteur pour être livré en Alsace. Vu leur faible valeur, j’ai flairé l’arnaque et bloqué les numéros.» Notre lectrice a bien fait! «Il s’agissait d’une tentative de cyberescroquerie à l’avance de frais pour débloquer une vente», confirme Florence Frei, chargée de communication à la Police cantonale vaudoise. L’astuce? Les malfrats envoient un faux mail de transporteur connu demandant une avance de frais, par exemple pour la douane, avec promesse de remboursement ultérieur. Le versement doit être fait par cartes cadeaux (Google Play, Itunes), recharge PCS ou Paysafecard avec transmission des codes PIN. Le camion, évidemment, ne vient jamais…
Claire Lhenry Noverraz n’est pas tombée dans le piège, mais les victimes sont légion. L’Office fédéral de la statistique (OFS) vient d’ailleurs, pour la première fois, de quantifier le problème au niveau national. Les chiffres sont éloquents. En 2020, près de 24 400 infractions numériques ont été dénoncées à la police, dont 16 400 cyberescroqueries, soit une toutes les demi-heures! Et encore, ce chiffre ne concerne que les cas signalés aux forces de l’ordre. A titre de comparaison, note l’OFS, il y a eu un peu plus de 32 800 cambriolages.
Gare aux petites annonces
Certains cantons ont publié des données détaillées sur les modes opératoires des escrocs en ligne. Les statistiques vaudoises nous indiquent que deux procédés ont, de loin, fait l’objet du plus grand nombre de plaintes l’an passé:
1. La «non-livraison d’achats sur des sites de petites annonces» représente 34% des cas dénoncés. Les méfaits concernent généralement des objets d’une certaine valeur comme des smartphones, des consoles dernier cri et sont très souvent commis depuis l’étranger, précise la Police cantonale.
2. L’«abus des systèmes de payement en ligne ou des cartes prépayées pour usurper l’identité et arnaquer» (33% des cas). Il s’agit, par exemple, d’arnaques comme celle tentée contre notre lectrice…
Parmi les autres cyberescroqueries, Vaud cite les fausses romances pour obtenir de l’argent (4%) et les marchandises falsifiées, de moindre qualité ou non livrées par des shops en ligne (5%).
Comment se prémunir
Pour les achats sur les sites de petites annonces, la Police vaudoise recommande de
- Privilégier une rencontre physique.
- Ne jamais faire de versement bancaire à une personne dont l’identité ne semble pas correspondre à celle du vendeur.
- En cas de doute, appeler le vendeur sur le réseau téléphonique (éviter WhatsApp, etc.).
- Ne pas sortir de la plateforme de vente lors des négociations.
Pour éviter les abus liés aux systèmes de payement en ligne/cartes prépayées:
- Privilégier une rencontre physique avec l’acheteur.
- Ne jamais payer pour un objet que l’on vend.
- Se souvenir qu’aucune entreprise légitime ne demandera de régler des frais avec des cartes cadeaux, Paysafecard, etc.
De manière générale, il convient aussi de
- Prendre garde aux numéros étrangers et aux personnes qui n’utilisent que des applications de messagerie instantanée (WhatsApp, etc.)
- Se méfier des demandes de payement par le biais des agences de transfert de fonds (Western Union, etc.).
- Ne jamais envoyer de copies de documents d’identité ou personnels, comme des factures d’électricité, à des personnes que l’on connaît uniquement par internet.
- Se souvenir que les autorités (police, etc.) ne prendront jamais contact avec vous par mail. De même, les prestataires sérieux ne demandent pas de transmettre des mots de passe ou des codes de cartes par courriel ou téléphone.
Les arnaques en ligne prennent d’innombrables formes, et les malfrats innovent sans cesse. Il vaut donc la peine de consulter les conseils fournis par la Prévention de la criminalité (PSC) sur skppsc.ch/fr/sujets/internet, et les Polices cantonales, par exemple, votrepolice.ch/cybercriminalite-cat et youtube.com/user/policeVD/video. En outre, les Alertes conso sur bonasavoir.ch peuvent être utiles.
Sébastien Sautebin
Si vous vous êtes fait avoir
- Informer immédiatement sa banque. Elle pourra, éventuellement, bloquer les versements.
- En cas de communication de données personnelles sur un lien malveillant (hameçonnage/phishing), changer immédiatement les mots de passe de tous ses comptes.
- Déposer une plainte pénale auprès de la police. Nul n’est à l’abri, et il ne faut pas avoir honte de le faire, souligne la Prévention suisse de la criminalité (PSC). Les chances de retrouver les escrocs sont souvent faibles, mais la police pourra affiner ses connaissances et ses campagnes de prévention. Il est judicieux d’en parler aussi autour de soi, suggère la PSC: «Sensibiliser ses connaissances et ses proches leur évitera d’être dupés à leur tour.»