Grand classique des Fêtes de fin d’année, le bouchon de champagne qui saute donne instantanément du panache à un apéritif. Mais comment choisir la bonne bouteille? Il y a les noms auréolés de prestige que l’on reconnaît, parfois sans même les avoir goûtés, et tous les autres. A cette période de l’année, les rayons des grandes surfaces sont remplis de ces vins pétillants parés, pour certains, d’atours marketing destinés à vendre du rêve. Car il faut bien admettre, la qualité varie moins que les prix. C’est ce que révèlent les résultats de notre test.
Gammes différentes au coude à coude
Nous avons sélectionné seize bouteilles, vendues entre 19.90 fr. et 52.50 fr., que nous avons fait déguster à l’aveugle par quatre spécialistes. Tous sont des champagnes brut AOC. Rappelons que, pour avoir droit à l’appellation «champagne», il ne suffit pas d’être un vin effervescent. Il faut être issu du vignoble champenois, région qui couvre 34 300 hectares, sur cinq départements français, au nord-est du bassin parisien. Quant au terme «brut», il fait référence à la quantité de sucre du vin. Un champagne brut en contient moins de 12 grammes au litre.
Les champagnes soumis au jugement de nos experts ont été estimés globalement bons. Le mieux noté n’est de loin pas le plus cher. Acheté 24.95 fr., le Charles Bertin décroche la première place. Sa texture, qui évoque «le craquant de la nougatine avec des fruits charnus et une bouche acidulée», a plu à la caviste Sarah Pages. La marque de Coop est talonnée par le champagne Alfred Rothschild, vendu 30.95 fr., qui occupe la deuxième marche de notre podium. Il se démarque par un bon «équilibre entre fruit et minéralité», comme le relève Mattéo Murphy, vigneron, caviste et animateur d’ateliers de dégustation. Ex aequo en troisième position, deux champagnes de deux gammes de prix différentes, sont au coude-à-coude: le Mumm Cordon Rouge, à 42.95 fr. la bouteille et le Pol Caston, à 19.90 fr. la bouteille.
Levures, sucre et fermentation
Notées sur 20, nos seize bouteilles ne présentaient pas de défaut majeur. Les appréciations s’échelonnent de 13,9 à 17,1. Une fourchette mince. C’est plutôt côté papilles qu’ils se distinguent. Par nature, le brut fait partie des champagnes les moins doux. Pour autant, le niveau de sucre du produit fini n’est pas identique d’un label à l’autre et peut plaire ou non, selon son palais ou ses habitudes.
Peut-être connaissez-vous déjà vos préférences en matière de champagne. Mais savez-vous comment ce vin pétillant est élaboré? Et d’où lui viennent ses fameuses bulles? L’effervescence typique de cette boisson est due à une seconde fermentation qui a lieu à l’intérieur même de la bouteille. C’est ce que l’on appelle la «méthode champenoise». La fermentation est déclenchée par l’ajout de levures et de sucre. Les premières se nourrissent du second. Elles produisent ainsi du gaz carbonique qui se retrouve piégé dans la bouteille.
Le gaz ne pétillera qu’une fois le liquide versé dans une coupe ou une flûte, au contact de minuscules particules – laissées par un chiffon utilisé pour essuyer les verres, par exemple. Des poches de gaz se constituent, retenues sur les parois contre lesquelles les bulles grandiront jusqu’à atteindre la surface.
Des bulles suisses
Une effervescence qui donne le signal. Ne reste plus qu’à trinquer. A l’apéritif, bien sûr, mais pas seulement: le champagne accompagne aussi très bien certains plats de fête. Dans notre tableau, nous vous proposons quelques suggestions sur mesure pour les bouteilles testées.
Année après année, le succès du champagne ne se dément pas auprès des consommateurs suisses. Avec 6,1 millions de bouteilles importées en 2021, notre petit pays occupe la 8e place des principaux marchés d’exportation de ce produit champenois. Et les alternatives en matière de vins mousseux se sont multipliées, y compris du côté de la production suisse. Lors de notre précédente dégustation de champagne, en 2020, nous avions comparé des vins effervescents bruts repérés hors des grandes marques. La meilleure note avait été attribuée à un vin valaisan, le Brut Réserve de Jacques Germanier, qui offre un très bon rapport qualité/prix.
Indémodable, le mariage des bulles et de l’alcool n’a pas son pareil pour réchauffer l’ambiance. Mais prudence tout de même, car c’est une union qui déménage. Le gaz carbonique contenu dans les champagnes accélère le passage de l’alcool dans le sang. Et ce n’est pas un mythe, mais une réalité confirmée par des expériences scientifiques.
Geneviève Comby
Le jury
- Sarah Pages, caviste, Cépages, Lausanne
- Mattéo Murphy, vigneron, caviste et animateur d’ateliers dégustation, Chexbres
- Priska Cédileau, maître d’enseignement, Ecole hôtelière, Lausanne
- Margaux Thomas, sommelière et restauratrice, Le Central, Mont-sur-Lausanne
Bien servir le champagne
Température
Le champagne se déguste idéalement entre 6° et 9 °C. En dessous, vous neutralisez son parfum, en dessus, vous sacrifiez sa fraîcheur et sa mousse légère.
Précautions
Gardez toujours un doigt sur le muselet – la petite capsule en métal qui entoure le bouchon – en le relâchant. Soumis aux 7 bars de pression d’une bouteille de champagne, le bouchon peut vous sauter au visage. Le risque est d’autant plus grand que la bouteille a eu le temps de se réchauffer à température ambiante.
Ouverture
Tenir fermement le bouchon et orienter la bouteille à 45°, puis commencer à tourner cette dernière tout en gardant le bouchon en place. Retenez-le avec la main jusqu’à ce qu’il sorte naturellement.
Flûte ou coupe
Grâce à son corps étroit, la flûte permet de mieux conserver les arômes. Un verre légèrement bombé, renforcera encore les parfums. Dans une coupe, en revanche, la surface au contact de l’air est plus importante, ce qui va rapidement faire perdre son effervescence au champagne.
Conservation
Votre bouteille n’est pas finie? Inutile d’insérer une petite cuillère dans le goulot comme le veut la légende. En revanche, il existe des bouchons hermétiques spécialement conçus pour résister à la pression et éviter que les bulles ne s’échappent jusqu’au lendemain.
Parlez-vous champagne?
Quand il est brut, un champagne contient moins de 12 grammes de sucre au litre. Sec, il affiche un taux de sucre entre 17 et 32 g/l et demi-sec, entre 32 et 50 g/l. Le champagne millésimé est élaboré à partir du raisin d’une seule et même vendange, alors que le standard est un assemblage sans année spécifique. Le blanc de blancs est issu d’un seul cépage blanc, généralement du chardonnay. Le blanc de noirs est élaboré à partir de cépages rouges, du pinot noir et/ou du pinot meunier.
Un röstigraben des bulles
Romands et Alémaniques ont-ils des goûts différents en matière de champagne? Peut-être bien… Nos confrères du magazine K-Tipp ont réalisé une dégustation des seize mêmes champagnes, à deux exceptions près. Les notes sont plutôt bonnes. Elles se concentrent entre 13 et 17 points sur 20. En revanche, notre n°1, le Charles Bertin de Coop, se trouve relégué à la 11e place. La meilleure note revient au Colligny, devant le Pommery. Quant au Moët & Chandon Impérial, qui occupe la 3e marche de leur podium, il est classé bon dernier dans notre comparatif. A prendre en compte si vous comptez passer vos Fêtes de fin d’année chez des amis outre-Sarine.