Le 25 avril, le président sortant de La Poste, Peter Hasler, annonce une prochaine «hausse des prix qui ne fera de mal à personne» pour le courrier A. Le 15 mai, son homologue des CFF, Ulrich Gygi, déclare que le coût de l’abonnement général des pendulaires va augmenter. Les opposants à l’initiative «En faveur du service public» sont verts de rage: pourquoi le révéler maintenant? Remarquez: ils ne disent pas que ces hausses sont inadmissibles, ils regrettent juste qu’on ne les cachent pas quelques semaines de plus aux citoyens…
Ces révélations démontrent l’état d’esprit actuel des responsables de nos services publics. Car La Poste, ainsi que les CFF et Swisscom font exactement ce qu’attendent d’eux le Conseil fédéral et le Parlement: dégager des bénéfices pour alimenter la caisse fédérale et celle des actionnaires. Or, pour atteindre cet objectif, la meilleure formule consiste à augmenter les prix et à limiter les prestations, ce qu’ils ne se gênent pas de faire. Et tant pis pour le consommateur, qui doit, lui, payer toujours plus cher un service toujours plus restreint. Telle est d’ailleurs la recette qui a été appliquée dans les pays qui nous entourent et dont le service public s’est fortement dégradé.
Au lieu de verser une partie des bénéfices à la caisse fédérale, l’initiative demande qu’ils soient réinvestis dans l’entreprise qui les a générés, afin de proposer des prestations de base à toutes les catégories de la population, dans toutes les régions du pays, et ce à un prix abordable. Ils doivent non seulement permettre de maintenir et d’améliorer les prestations actuelles, mais aussi de développer de nouvelles solutions permettant de suivre l’évolution des besoins du consommateur. Or, aujourd’hui, ces bénéfices alimentent le budget fédéral: il s’agit donc d’un impôt déguisé, qui échappe au droit de référendum, qui n’est pas progressif et dont l’utilisation manque totalement de transparence. L’initiative n’implique, en elle-même, pas de hausse d’impôts, puisque les subventions fédérales diminueront proportionnellement.
En limitant enfin le salaire des top managers, l’initiative souhaite donner un signal fort. C’est vrai: les dirigeants qui cherchent avant tout à dégager des bénéfices en taillant dans les effectifs et les prestations coûtent cher. Mais ce n’est pas d’eux dont la Suisse a besoin! Nous voulons, au contraire, des personnalités qui gèrent leur entreprise en pensant avant tout au service public. Nous estimons donc qu’aucun cadre ne devrait toucher plus qu’un conseiller fédéral, ce qui correspond déjà à un salaire annuel de 475 000 fr.
En votant «oui» ce 5 juin à l’initiative «En faveur du service public», les citoyens vont
permettre aux entreprises du service public de rester réellement au service du public!
Zeynep Ersan Berdoz