Alors que la taxe poubelle s’impose petit à petit aux communes romandes récalcitrantes, le moment est peut-être venu pour les propriétaires qui disposent d’un jardin de se lancer dans le compost. Un excellent moyen de recycler ses déchets domestiques, tout en produisant un engrais naturel pour le sol et les plantes. Or, il en va du compost comme du tartare: chacun a sa petite recette, parfois très exigeante. Mais le composteur en herbe recherche, lui, une méthode simple, peu contraignante et qui le préserve des odeurs pestilentielles! Mode d’emploi.
Le bon endroit
Toutes sortes de récipients existent dans les jardineries et les magasins de bricolage. Le plus simple, peu onéreux, se compose d’un grillage métallique, d’un sac plastique noir percé, surmonté d’une bâche, d’un couvercle, voire d’un textile respirant. On peu se contenter d’un tas posé à même le sol, si on a l’espace suffisant, mais le processus sera alors un peu plus long. Quant au composteur fermé, plus cher, il a surtout l’avantage d’empêcher la prolifération des guêpes et des mouches du vinaigre. Deux silos sont toujours préférables à un seul: pendant que le premier se décompose, l’autre se remplit. Sous nos latitudes, on placera le compost à l’ombre, en veillant à le maintenir humide, mais pas détrempé (on parle d’une éponge essorée).
Une histoire d’O
On ne peut pas tout composter (lire encadré). Certains bannissent les agrumes (pesticides), d’autres le gazon traité, les excréments d’animaux (potentiellement pathogènes) ou les os (qui mettent des lustres à se décomposer) et encore les mauvaises herbes. Mais, en pratique, comme pour les tabous alimentaires, tout est dans la mesure.
Le principe de base est d’équilibrer les apports de déchets de jardin ligneux, riches en carbone, et les déchets de cuisine (ainsi que le gazon frais), riches en azote. On alternera ainsi les couches, en commençant par poser sur le sol 6 à 10 cm de broyat (branches déchiquetées, paille, copeaux, etc.), puis une couche de déchets de cuisine, de nouveau du broyat et ainsi de suite. Lorsque le processus est maîtrisé, le substrat atteint une température de 60°C à 70°C pendant une quinzaine de jours. Cette chaleur détruit les bactéries pathogènes et les mauvaises herbes.
Au bout de trois à six mois, on retire du silo un produit comparable à du terreau dégageant une odeur de terre de forêt. Si, à l’inverse, le compost sent l’œuf pourri ou la choucroute, c’est le signe d’une décomposition anaérobie (en l’absence d’oxygène). En clair, le substrat est en train de pourrir. Il convient alors de rajouter des éléments ligneux pour faire circuler l’air et absorber le surplus d’humidité.
Ratatouille ou millefeuille?
Il existe, en gros, deux techniques pour équilibrer le compost: la méthode «ratatouille» qui consiste à brasser régulièrement le substrat avec une fourche, une fois par mois, voire une fois par semaine. Ou alors le «millefeuille», technique que Lionel Chabbey, spécialiste des sols et professeur à la Haute Ecole du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève, a personnellement adoptée. «Parce que je suis feignant», ironise-t-il. Le principe consiste, une fois le premier silo rempli, à le transvaser dans le second par couches de 10 à 15 cm en alternance avec du broyat. On obtient ainsi un brassage naturel en accélérant la maturation du compost.
Enfin, en cas de doute et pour aller plus loin, il faut savoir que la plupart des communes dispensent des services et des conseils aux composteurs débutants.
Philippe Chevalier
Quoi composter
Matières riches en azote
- Fruits et légumes
- Gazon frais
- Mauvaises herbes fraîches
Matières riches en carbone
- Branches coupées (5-10 cm)
- Paille/foin
- Copeaux
- Feuilles d’arbres séchées
Matières à éviter ou à utiliser avec précaution
- Mauvaises herbes montées en graine
- Excréments d’animaux
- Huile
- Viande/poisson (qui attirent les carnivores)
- Poussières d’aspirateur (polluants)
- Cendres