«Compte de placement: jusqu’à 1,5% d’intérêts!» La pub de la Banque WIR est alléchante. La quoi? Peu de gens connaissent la Banque coopérative WIR, surtout dans les parties romande et tessinoise du pays. Elle existe pourtant depuis 1934. Confrontés à la pénurie de liquidités sévissant à cette époque de crise, une poignée d’artisans et d’entrepreneurs zurichois avaient créé une monnaie parallèle: le «franc wir» (CHW). Calquée sur le cours du franc suisse (CHF), cette devise – parfaitement officielle – fonctionne sur le système du troc, en circuit fermé. Plus de 60 000 artisans et PME l’utilisent en partie pour leurs factures, environ 3000 en Suisse romande et un peu moins de 1000 au Tessin. Plus de 850 millions de CHW s’échangent sur le marché helvétique, soit 0,2% de la masse monétaire en circulation.
Depuis une dizaine d’années, WIR s’intéresse également au particulier à qui elle offre des comptes en bons vieux francs suisses. Le compte de placement (épargne) est plutôt compliqué: la banque octroie 0,5% d’intérêts de base (seule La Poste fait mieux avec 0,75% pour son compte en ligne). Mais le taux peut monter à 1,5%, pour les comptes jusqu’à 50 000 fr, à condition de déposer chaque année 5000 fr. d’argent frais et d’acquérir 25 parts sociales (pour un total de tout de même 9050 fr., rémunérées aujourd’hui à un peu plus de 2%, net d’impôts).
Si le taux d’intérêt servi est bon en soi, inclure des parts sociales dans un compte d’épargne n’est pas très «orthodoxe». Celles-ci ne sont en effet pas immédiatement libérables comme de l’argent liquide. Pour récupérer sa mise, le déposant doit trouver un nouvel acquéreur à l'interne ou sur le marché de gré à gré (OTC), avec les risques de perte que cela implique (lire «Les comptes actionnaires sont risqués», TCF 11/2011).
Taux hypothécaire de 0,97%
Autre exemple: les crédits hypothécaires. La banque annonce fièrement un tout petit 0,97% (valeur 1er mai 2012) durant trois ans, pour une hypothèque combinée à un taux fixe sur cinq ans. Imbattable! Mais, là aussi, pour bénéficier d’un tel taux, il y a une condition, et de taille: sur un prêt de 800 000 fr., 150 000 fr. doivent être libellés en WIR. Autrement dit, il faut que le vendeur de l’objet immobilier – ou le constructeur – accepte d’être payé dans cette monnaie. Or, son utilisation reste très confidentielle de ce côté-ci de la Sarine. Et plus encore au Tessin.
Philippe Chevalier