Sucre, huile végétale, noisettes (13%): ainsi commence la liste des ingrédients du Nutella, la reine des pâtes à tartiner. En réalité, l’huile végétale en question est celle de palme. C’est un secret de polichinelle depuis que cette matière grasse défraie la chronique, en raison de sa mauvaise qualité nutritionnelle et de son impact environnemental très controversé.
Pour que les consommateurs puissent choisir en toute connaissance de cause s’ils souhaitent ou non acheter des produits qui en contiennent, la législation suisse a changé en 2014, après une intense lutte. Les mentions de type «huile végétale» ou «graisse végétale» sont désormais interdites dans la liste des ingrédients, sauf si elles sont immédiatement suivies de l’indication, entre parenthèses, des espèces végétales utilisées, dans l’ordre décroissant de leur quantité.
Déjà deux ans de retard
Un délai transitoire de deux ans ayant été accordé aux producteurs, il a fallu attendre le 1er janvier 2016 pour voir enfin la mention «palme» apparaitre dans la liste des ingrédients du Nutella et des centaines d’autres produits concernés. Toutefois, nous avons découvert par hasard que cette obligation de transparence n’est pas respectée partout, près de deux ans après son entrée en vigueur! C’est notamment le cas sur les sites internet coopathome.ch (voir ici) et leshop.ch (voir ici), qui appartiennent aux deux géants Coop et Migros. Tous deux ne déclarent toujours pas l’huile de palme du Nutella.
Pas un cas isolé
La pâte à tartiner n’est pas la seule en cause. Nous avons trouvé plus d’une dizaine d'exemples du même genre, notamment pour des chips et des röstis (LeShop), du pain toast, des corn flakes, de la margarine, des barres de céréales et du chocolat (coop@home). Pour tous ces produits, la liste des ingrédients est en infraction avec la législation, nous a confirmé l’Office fédéral de la sécurité alimentaire (OSAV), car un article de l’Ordonnance sur les denrées alimentaires précise expressément que les sites de vente en ligne sont concernés.
Selon Migros, c’est l’ancienne composition de ces produits qui apparaît sur les pages internet en cause, pour une raison inconnue. Les erreurs seront corrigées aussitôt que possible. Coop, de son côté, précise que l'obligation de détailler les huiles végétales ne concerne explicitement les sites de vente en ligne que depuis une révision de l'ordonnance entrée en vigueur le 1er mai 2017, et pour laquelle un délai transitoire d'un an court encore, ce qui laisserait au grand distributeur un sursis de quatre mois. Signalons toutefois que la loi actuelle précise déjà clairement que ces informations doivent figurer sur les étiquettes "lors de la remise des produits au consommateur".
Vincent Cherpillod