Dire que c’est une jungle est un euphémisme. Il existe en Suisse un nombre déroutant de tarifs dans les assurances maladies complémentaires. Ceux-ci varient en fonction de l’âge, du lieu, du sexe, des antécédents médicaux, de l’état de santé et, bien sûr, des prestations couvertes. Et, contrairement à l’assurance de base, les caisses n’ont aucune obligation d’accepter un client ni même de justifier un refus, le cas échéant.
Pour compliquer la donne, il est extrêmement difficile, voire impossible chez certains assureurs, de conclure un contrat après 50 ans sans réserve ni délai de carence. De plus, des caisses fixent parfois le délai de résiliation à six mois selon les contrats (Avenir, Easy Sana, Mutuel, Philos, Supra ou Assura). D’où l’importance de s’y prendre suffisamment tôt, à moins que vos primes augmentent. Dans ce cas, vous disposez de 25 jours pour le faire après réception de l’avis de l’augmentation.
Pour éviter de mauvaises surprises, il faudra également attendre que la nouvelle caisse à laquelle vous voulez transférer votre complémentaire vous accepte avant de résilier l’ancien contrat. Comme une confirmation écrite est indispensable et que les démarches peuvent prendre plusieurs semaines, il est grand temps d’agir.
TARIF MULTIPLIÉ PAR cinq
Si vous avez traversé ces obstacles et que vous envisagez de changer de caisse à la fin de cette année civile, il convient encore d’examiner les tarifs des assurances maladie complémentaires de près. Car, pour un même profil (âge, lieu de domicile, prestation, catégorie), les coûts peuvent être multipliés par plus de cinq (de 65.40 fr. à 366 fr. par mois pour une femme de 50 ans à Sion par exemple)!
Et c’est là que le bât blesse: les nouvelles primes ne seront pas connues avant plusieurs semaines. Seule solution pour faire votre choix: comparer les primes de l’année en cours et croiser les doigts pour qu’elles n’augmentent pas drastiquement en 2019. Pour vous guider dans votre choix, nous avons demandé les tarifs à 26 caisses maladie, selon quatre scénarios précis: catégorie demi-privée pour une femme de 25 ans et un homme de 30 ans, et privée pour une femme et un homme de 50 ans, avec des prestations imposées (voir tableau). A noter que, contrairement aux primes de l’assurance obligatoire des soins (AOS), celles des complémentaires sont identiques pour toutes les caisses d’un même groupe, ce qui explique que notre tableau ne présente que 13 lignes et non 26. Dans chaque cas, les assureurs nous ont proposé une police qui couvrait, au minimum, l’intégralité des prestations que nous
avions spécifiées.
DIMINUER LA FACTURE
Pour vous faciliter la tâche, nous avons également ajouté un indicateur pratique à notre tableau, en comparant les primes 2018 à celles que nous avions récoltées en 2016 pour les mêmes scénarios. La flèche, à côté du prix, indique la tendance des primes (hausse, stable, baisse) sur les deux dernières années pour le cas de figure concerné, ce qui permet de se faire une idée de l’évolution des tarifs chez un assureur.
Notez encore que pour faire baisser les primes, vous pouvez souvent demander des franchises plus élevées. Plus rare: supprimer le choix du médecin. Ou, au contraire, le garder mais opter pour la chambre commune, voire préférer des solutions flexibles qui permettent de choisir la section souhaitée (semi-privé ou privé) seulement lors d’un séjour hospitalier, en payant une participation aux frais.
GARE À LA RÉSILIATION!
Dernière actualité à suivre avec attention cette année: les assureurs privés ont réussi à inscrire dans un projet de loi, qui sera discuté en commissions parlementaires en septembre, le droit de résilier, avant échéance et de façon unilatérale, un contrat d’assurance maladie complémentaire.
Nous suivrons ces débats avec l’attention qu’ils méritent, car, dans le cas d’une acceptation de cette proposition, conclure une complémentaire lorsqu’on est jeune et en bonne santé, dans l’idée d’en bénéficier en cas de pépin de santé plus tard, n’aura plus aucun sens! Il est toutefois peu vraisemblable que ce projet, s’il est validé, entre en vigueur déjà l’an prochain.
Pierre-Yves Muller
Lire le bonus web: Le tableau des primes 2016
Décryptage
Quatre scénarios et une tendance
Les primes ont été fixées selon quatre scénarios que nous avons soumis aux caisses. Les assurances ont déterminé une offre qui répond au minimum à tous les critères fixés par Bon à Savoir, ce qui signifie que les prestations sont parfois plus larges que demandées, car la police d’assurance choisie propose des options que nous n’avons pas demandées et qui peuvent augmenter la prime.
En 2016, Bon à Savoir s’était livré au même exercice. Nous avons donc comparé les primes et indiqué par des flèches la tendance (hausse, stable, baisse). Parfois, les augmentations ou les baisses ont été importantes. Pour une femme de 25 ans à Genève, le tarif du groupe Visana a ainsi passé de 63.20 fr. en 2016 à 138.80 fr. en 2018 (hausse de 120%). A l’inverse, pour un homme de 30 ans, à Fribourg, le tarif du groupe Swica est passé de 153.60 fr. en 2016 à 96.90 fr. en 2018 (baisse de 37%).