Ne reculant devant aucun sacrifice, les testeurs de l’Institut tropical suisse* à Bâle ont offert leurs avant-bras aux morsures des moustiques. Une heure avant, ils avaient recouvert leur peau avec l’un de dix-sept produits insectifuges (ndlr.: qui font fuir les insectes) grâce à un spray, une lotion, un lait ou des serviettes. Puis, ils ont tendu leur bras aux femelles de moustique enfermées dans une cage pendant dix longues minutes.
Ce processus, éprouvé par l’Institut tropical, a été répété toutes les heures, à huit reprises en tout. A chaque fois, les experts ont compté le nombre de moustiques qui se sont posés sur le bras, et le nombre de piqûres que cela a valu au testeur. Cela afin de répondre à l’objectif posé par Bon à Savoir: mesurer l’efficacité et la durée de l’effet de chaque produit.
Le test a été effectué avec le moustique aédès. Si une substance agit sur cette bestiole transmetteuse de la fièvre jaune, elle tient aussi éloignées celles responsables d’autres maladies tropicales, dont la malaria. Les résultats obtenus sur ces insectes sont aussi une indication pour l’effet répulsif des produits sur des taons, des puces et des tiques – avec une efficacité décroissante dans cet ordre.
Les meilleurs
Cinq produits ont permis aux volontaires de s’en sortir indemnes (voir tableau), et cela même huit heures après l’application:
• Anti Insect Extra;
• Kik Activ;
• Anti Brumm forte;
• Free Pic ultra strong;
• Exopic 12 forte.
Ces produits, jugés très bons, contiennent toutefois des substances chimiques pouvant représenter un risque pour la santé (lire plus loin).
Les bons
Grâce à deux insectifuges, les testeurs s’en sont tirés avec une seule piqûre:
• Anti Brumm naturel (vainqueur parmi les produits naturels);
• Ultrathon Insect Repellent (n’est plus vendu en Suisse).
L’Anti Brumm naturel repousse les moustiques grâce à une nouvelle substance active principale naturelle, une huile d’eucalyptus chinoise (eucalyptus citirodora). Cette huile commence aussi à être utilisée pour la fabrication d’insectifuges en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.
Deux produits ont réussi à dégoûter les moustiques du sang humain au moins pendant quatre heures, suite à quoi, ils s’en sont donné à cœur joie!
• M-osquito à l’huile de théier;
• Anti Brumm sensitive.
Tous les autres insecticides ont plus ou moins rapidement laissé champ libre à l’attaque des petites bestioles. Les avant-bras traités au Parapic, à l’Autan active, au Dapis antimoustiques naturel et au CMD ont même été victimes de morsures à peine une minute après avoir été exposés aux moustiques.
L’échec des deux produits Autan du fabricant Bayer est d’autant plus étonnant qu’il a été testé par l’Institut tropical et porte son label de garantie. Pour Werner Rudin, de l’Institut, c’est un mystère qu’il ne s’explique que par une erreur de fabrication. Le producteur de l’Exopic, la maison Spirig, est aussi surprise par nos résultats, arguant qu’ils ne correspondent ni aux données précédentes de l’Institut tropical suisse pour ce produit, ni aux résultats obtenus lors de tests menés à Nairobi.
Produits retirés de la vente
Quant à Biomed, fabricant du Parapic, autre perdant du test, il explique que ce produit a été retiré de la vente il y a plus d’un an. De même 3M, fabricant de l’Ultrathon, nous répond qu’il n’est plus en vente depuis presque... 4 ans. Incroyable donc qu’on trouve toujours ces deux produits en pharmacie et droguerie!
Pharmaceuticals Bucher, qui fabrique le Free-Pic, estime l’installation du test inappropriée pour des produits aux huiles essentielles, car leur utilisation n’est pas prévue dans des situations extrêmes telles celles simulées par les experts bâlois.
Substances chimiques
Les cinq meilleurs produits du test sont aussi ceux qui recèlent comme principe actif des substances chimiques:
• Le DEET: l’efficacité du DEET (diétyhtoluamide) contre les moustiques est bien connue. Il s’agit toutefois d’une substance qui n’est pas sans risque pour la santé. Le DEET pénètre dans l’organisme par la peau et ne doit donc en aucun cas être utilisé sur des nourrissons ou de petits enfants. Il faut également en protéger les muqueuses et les yeux, tout comme votre montre en plastique et autres vêtements en lycra ou elastane, car le DEET attaque le plastique.
• Le DMP: on trouve aussi du DMP (dimétyhphtalate) dans certains des produits du test. Egalement absorbé par la peau, il n’est pas non plus approprié pour les nourrissons et petits enfants.
• Le 35/35: cette substance (N-butyl-N-acétyl-3-éthylaminopropionate) peut certes provoquer une inflammation de la peau des muqueuses, mais elle est inoffensive.
• Le bayrepel: selon Bayer, fabricant de ce produit, il ne doit pas être utilisé pour des enfants de moins de 2 ans ou sur une peau endommagée (p.ex. par un coup de soleil).
De manière générale, mieux vaut donc préférer un antimoustiques naturel et moins fort, du moins pour l’emploi sous nos latitudes. Quant aux enfants en poussette ou dans leur lit, une moustiquaire les protège encore le mieux des vilaines petites bêtes.
*www.tropeninstitut.ch
Télécharger le tableau comparatif 1 et 2 de tous les produits