Les chats sont nombreux à souffrir de troubles urinaires et rénaux, surtout dans la deuxième moitié de leur vie (à partir de 7-8 ans). En cause: une mauvaise hydratation, la sédentarité et le surpoids, mais aussi la consommation excessive de certains minéraux, comme l’explique le vétérinaire Jean Pfister, président de l’Association suisse pour la médecine des petits animaux.
Avec nos partenaires de l’émission On en Parle (RSR, La Première), nous avons donc fait analyser le contenu de 13 marques de croquettes standard pour chats adultes, auprès de la station fédérale de recherche Agroscope, à Posieux (FR), qui est notamment chargée du contrôle officiel des aliments pour animaux. Résultats: les teneurs en minéraux vont, en moyenne, du simple au double (voir tableau ci-contre). Et elles dépassent même jusqu’à 5,7 fois les quantités journalières minimales recommandées par le National Research Council américain, l’une des références mondiales dans ce domaine.
Ingrédients bas de gamme
On constate à cette occasion que les aliments bas de gamme font partie des plus chargés en minéraux. Comme le relevait le magazine français 60 millions de consommateurs en 2004, «une teneur trop élevée traduit une présence excessive de carcasses et de farines animales. Cela peut entraîner une augmentation de la densité urinaire et une surcharge des reins, avec le risque, si l’animal ne boit pas assez, de provoquer des calculs.» Nous l’avons vérifié: les aliments haut de gamme indiquent effectivement moins de sous-produits carnés et davantage de viande dans leur étiquetage.
Doit-on donc renoncer aux croquettes bon marché pour des aliments jusqu’à dix fois plus chers à l’année? Jean Pfister ne va pas jusque-là: «La tolérance des chats est très grande concernant ces minéraux. Il n’existe d’ailleurs pas de valeurs maximales. Tant que le chat est en bonne santé, il n’y a pas à s’inquiéter des aliments présents sur le marché.»
Problème d’hydratation
A la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Zurich, le professeur Marcel Wanner, qui dirige l’Institut de nutrition animale, doute aussi de la gravité du problème. Pour ce spécialiste, les risques viennent surtout du manque d’absorption d’eau: «Les chats sont habitués depuis toujours à se nourrir de souris, dont la viande apporte la quantité nécessaire en eau. Avec une alimentation sèche uniquement, ils ne boivent pas toujours assez pour compenser.»
Question de prix
Si toutes les croquettes analysées sont conformes aux normes en vigueur, bien tolérées par les chats, et donc sans danger, comment les fabricants justifient-ils les grandes différences de prix? Ceux-ci répondent en chœur que les croquettes bas de gamme sont composées d’ingrédients moins nobles et que les assortiments spécialisés ont des compositions spécifiques à chaque type de chat avec, parfois, des substances actives particulières. Tous les aliments couvrent cependant les besoins nutritionnels essentiels.
Conseils pratiques
Pour Jean Pfister, l’alimentation d’un chat adulte sans troubles particuliers ne nécessite pas l’achat de produits spécialisés. Les contrôles chez le vétérinaire dès 7 ans permettront de dépister d’éventuels calculs urinaires ou une néphropathie (maladie des reins), nécessiteront alors le passage à un régime spécifique. Il est néanmoins conseillé de donner à la fois des croquettes et des pâtées humides, avec de l’eau fraîche en suffisance.
Yves-Alain Cornu
Pour télécharger le tableau comparatif des produits, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.
Deux mastodontes sur le marché
Deux importantes multinationales se partagent la plus grande partie du marché «petfood»: Nestlé, avec sa marque Purina, et le groupe Mars. Ces deux géants arrosent aussi bien les supermarchés que les animaleries et les cabinets vétérinaires. De quoi relativiser l'apparente concurrence acharnée que se jouent les marques appartenant à la même enseigne.