Longue tenue, résistants à la chaleur, hydratants et même pulpants. Si l’on en croit les promesses des fabricants, les bâtons de rouge font bien plus qu’embellir les lèvres de ces dames. Ce que celles-ci ignorent peut-être, c’est qu’en plus de la couleur, des substances nocives peuvent se déposer sur les lèvres. En effet, ce mélange parfumé, composé de cire, d’huiles, de colorants et de conservateurs peut contenir des agents potentiellement dangereux pour la santé.
En collaboration avec notre partenaire alémanique saldo, nous avons confié douze rouges à lèvres au laboratoire Eurofins, à Hambourg. En plus des marques grand public, nous avons fait analyser deux produits haut de gamme et un de cosmétique naturelle.
Le laboratoire a recherché dans les échantillons la présence de plusieurs substances controversées, parmi lesquelles les composés de muscs polycycliques, les parfums allergènes, les paraffines et les filtres UV (lire l’encadré).
Résultats réjouissants
Quatre sticks pour les lèvres ont obtenu la mention «très bon» (Covergirl, Max Factor, Lavera, Estée Lauder) et un seul a été jugé «insatisfaisant» (Maybelline). Le test révèle qu’aucun des cosmétiques ne dépasse les valeurs légales pour les substances analysées (voir tableau).
Ils sont par ailleurs tous dépourvus de composés de musc polycycliques. Ces parfums épicés sont en fait rarement utilisés dans les rouges à lèvres. Mais d’anciens tests, effectués par des revues de consommation allemandes, ont montré que les muscs étaient malgré tout régulièrement présents dans ce type de cosmétique.
Dans les faits, tous les tubes de rouge sont aromatisés. Le but étant de masquer les odeurs des matières premières, mais aussi de positionner le produit. Dans le Color Riche Creme Blush de l’Oréal, les analyses ont mis en évidence un parfum hautement allergène. L’Oréal se justifie en disant qu’une bonne odeur est très importante pour les consommatrices.
La présence de filtres UV pèse lourd dans notre évaluation des produits. Des substances, comme le méthoxycinnamate d’octyle qui protège du soleil, ont une mauvaise réputation (lire l’encadré). Ils sont suspectés d’être allergènes et de perturber le fonctionnement hormonal. Dès lors, pourquoi en trouve-t-on dans le stick Maybelline de ton «bourgogne»? Mystère. En effet, les pigments de couleur foncée offrent déjà une protection solaire contre les UV. D’après l’Oréal, ce produit est destiné aux consommatrices qui souhaitent préserver leur peau du vieillissement, raison pour laquelle il contient un filtre anti-UV d’indice 15.
En plus des filtres UV, le test révèle également la présence de paraffines dans le rouge Maybelline, c’est pourquoi il a été jugé «insatisfaisant». Les paraffines sont des hydrocarbures minéraux produits la plupart du temps à partir de pétrole. Elles sont utilisées pour favoriser la stabilité du rouge à lèvres et sa résistance à la chaleur.
Législation
En cosmétique, il n’existe aucune valeur limite. En revanche, les noix et les autres fruits à coque dure, transportés dans des sacs de jute traités à la paraffine, ne doivent pas en contenir plus de 0,001%.
Par ailleurs, la législation européenne prévoit que des taux d’hydrocarbure supérieurs à 10% doivent être signalés sur l’emballage des produits. Or, cette règle ne s’applique pas aux cosmétiques.
Nous en avons néanmoins tenu compte dans notre test puisque, qu’on le veuille ou non, les rouges à lèvres sont absorbés par l’organisme.
Ainsi, pour huit des douze rouges à lèvres testés, la teneur en paraffines dépasse ce taux. Les fabricants, eux, s’en remettent à la législation en vigueur et prônent des produits sûrs.
Beat Camenzind / élo
Pour télécharger le tableau comparatif des produits, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.
Les substances critiques
Le laboratoire allemand Eurofins a recherché la présence des substances suivantes dans notre échantillonnage de rouges à lèvres:
- Muscs polycycliques – Ces composés se dégradent difficilement. Ils s’accumulent dans l’environnement et dans le corps humain. Ils atteignent également le lait maternel. Selon le Département fédéral de l’environnement allemand, ce type de substances modifierait le patrimoine génétique.
- Parfums allergènes – Selon l’Ordonnance sur les cosmétiques, vingt-six parfums potentiellement allergènes doivent être déclarés sur l’emballage des produits à partir d’une certaine concentration. Sept d’entre eux sont connus pour être fortement allergènes.
- Paraffines – Issues de la pétrochimie, les paraffines s’accumulent dans les cellules graisseuses et les organes. Elles se dégradent avec peine. Des expériences sur les animaux ont montré que plusieurs substances de ce groupe se retrouvent dans le lait maternel et entraînent des dommages cellulaires. Dans des essais sur les animaux, ont aussi été constatées des inflammations des valves cardiaques.
- Filtre UV – Certains filtres UV sont suspectés de perturber le système hormonal, d’autres de provoquer des réactions allergiques. Concernant le méthoxycinnamate d’octyle (OMC), décelé dans le rouge à lèvres Maybelline, la Loi sur les cosmétiques autorise une concentration maximale de 10%.
Télécharger le tableau comparatif des 12 rouges à lèvres