De vraies coquilles d’œuf
A skis ou en snowboard, le port d’un casque évite de graves blessures. Mais 4 casques sur 7 offrent une protection insuffisante, malgré la présence rassurante du label de sécurité européen.
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Bon à Savoir 01-2001
24.01.2001
Dernière mise à jour:
04.10.2022
Blaise Guignard
Rendre le port du casque obligatoire sur les pistes suisses? «Trop tôt pour lancer le débat», estime Edith Müller, directrice de campagne auprès de la Caisse nationale suisse d’assurances (SUVA). «Ce serait exagéré», juge de son côté Monique Walter, collaboratrice du Bureau de prévention des accidents (BPA). Les statistiques sont pourtant éloquentes: sur les 76 000 blessés annuels du ski ou du snowboard, une dizaine de milliers le sont à la tête ou au cou (soit 13%). «20% ...
Rendre le port du casque obligatoire sur les pistes suisses? «Trop tôt pour lancer le débat», estime Edith Müller, directrice de campagne auprès de la Caisse nationale suisse d’assurances (SUVA). «Ce serait exagéré», juge de son côté Monique Walter, collaboratrice du Bureau de prévention des accidents (BPA). Les statistiques sont pourtant éloquentes: sur les 76 000 blessés annuels du ski ou du snowboard, une dizaine de milliers le sont à la tête ou au cou (soit 13%). «20% des accidents d’enfants entraînent des blessures à la tête», précise Monique Walter. La SUVA comme le BPA recommandent donc le port du casque par les enfants.
Mais lorsqu’on sait que même les champions en herbe dévalent les pistes à plus de 30 km/h, la qualité du casque est cruciale.
Trompeuse norme de sécurité
Bon à Savoir a donc fait tester sept casques parmi les plus vendus par l’Institut de contrôle des matériaux (EMPA) à St-Gall. Les résultats sont plus que décevants: 4 casques protègent insuffisamment, alors même que 3 d’entre eux prétendent être conformes à la norme de sécurité européenne EN 1077.
Le test de l’EMPA a simulé les chutes les plus courantes:
• chute sur le sol gelé;
• collision avec une grosse branche;
• chute violente dans la neige.
La protection apportée en cas de chute sur le sol gelé est particulièrement cruciale: selon le BPA, environ 95% des blessures sont imputables à une chute et non à une collision. Pour éprouver l’amortissement des chocs, l’EMPA a coiffé de casques une «tête» métallique munie de senseurs, projetée à 20 km/h sur une enclume d’acier. Le rembourrage du casque est censé absorber l’essentiel de l’énergie cinétique à la place du crâne. Deux casques sont particulièrement insuffisants sur ce point, Briko Spike et Uvex V24 Kid. Les deux entreprises n’ont pas fait de commentaires sur ce résultat.
Collision
En cas de collision avec une branche, une stalactite de glace ou un rocher, la résistance à la perforation est cruciale. Elle a donc été testée en projetant un objet pointu contre le casque, à plus de 20 km/h. Test réussi par tous les casques de la sélection, à l’exception du Profi vendu par Athleticum.
Chute violente
Le test s’est enfin attaché à éprouver la capacité du casque à rester solidaire de la tête du skieur en cas de chute violente. Un seul a échoué: le casque Cébé 1156/0238.
Ni Athleticum ni Cébé n’ont commenté leur médiocre performance. Il aurait pourtant été intéressant d’entendre Cébé justifier l’attribution du label de sécurité EN 1077 à son modèle 1156. Un casque de sports d’hiver doit en effet satisfaire aux exigences décrites dans cette norme européenne. Or, si tous l’affichent (sauf le Profi), seuls trois modèles peuvent le faire en toute légitimité: Vega V50 X-Boarder, Alpina Sprint et Carrera 5949 Caimano R. Or, la SUVA comme le BPA se fondent sur cette norme pour leurs recommandations. Les deux organismes se déclarent donc surpris de ces résultats négatifs: «Le consommateur devrait pouvoir se fier à cette norme», déclare René Jacomet à la SUVA.
Certes, même les bons modèles accusent de petits défauts. Mais ceux-ci concernent la déclaration et non la sécurité du produit. Ainsi, le poids indiqué ne correspond pas en tous les cas à la masse réelle du casque: si Cébé est fidèle à la réalité, Uvex, Alpina, Vega et Profi «allègent» leurs modèles de quelque 10%, et Briko et Carrera les alourdissent de quelques grammes.
A titre d’explication, Alpina indique que «le poids mentionné est celui du modèle de base, alors que le modèle Sprint est recouvert de six couches de couleur pour le rendre plus attractif, ce qui le rend plus lourd.» La firme s’engage toutefois à indiquer désormais le poids réel de ses casques.
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