«Quel gaspillage! Par mégarde, j’ai acheté une plaque de chocolat aux framboises chez Migros que j’ai rapportée le lendemain. On me l’a remboursée sans problème, mais j’ai été stupéfaite d’apprendre qu’elle allait être jetée. Ne serait-il pas plus judicieux d’offrir ces marchandises à des associations caritatives ou à des personnes dans le besoin?», s’offusque une cliente. Questionné par Bon à Savoir, Tristan Cerf, porte-parole du géant orange, confirme: «les aliments rapportés par notre clientèle sont détruits. C’est une question de sécurité alimentaire. D’ailleurs, 99% d’entre eux ont été ouverts. Nous admettons toutefois des exceptions lorsque l’emballage est intact et que le client ramène le produit alimentaire avant même d’avoir quitté le magasin».
Denner fait exception
En Suisse, il n’existe aucune contrainte légale concernant ces reprises de produits. Les grandes surfaces appliquent donc leurs propres règlements. Il leur incombe toutefois de veiller, par autocontrôle, à ce que les denrées qu’ils vendent respectent les exigences légales fixées en matière de sécurité alimentaire (art. 26 LDAI). La plupart des détaillants font donc preuve de prudence et jettent les retours, estimant ainsi qu’ils ne peuvent pas garantir cette sécurité lorsque la marchandise est sortie du magasin. Manor, Lidl et Aldi pratiquent de la sorte, tout comme Migros. «Nous agissons ainsi à cause des risques de stockage incorrect ou d’éventuelles manipulations», précise Claudine Esseiva, porte-parole d’Aldi.
Chez Coop, la réponse est plus nuancée. Des exceptions existent, «par exemple lorsqu’il s’agit d’un produit qui peut être conservé longtemps et que son emballage est toujours intact».
Enfin, Denner a opté pour une politique plus souple: «Les marchandises dont la chaîne du froid a été interrompue ou dont la date limite de consommation est dépassée sont éliminés. Si un article ou son emballage est défectueux, par exemple du chocolat qui a subi des dégâts de chaleur, c’est au collaborateur de faire preuve de bon sens et de jeter ce produit. Par contre, nous ne jetons pas d’aliments non réfrigérés juste parce qu’un client nous les retourne», souligne Grazia Grassi, responsable communication.
Les invendus sont offerts
Les détaillants se déclarent sensibles au gaspillage alimentaire. Dans leurs réponses, Aldi, Coop, Manor, Lidl et Manor rappellent, comme l’avait expliqué un article de Bon à Savoir, que leurs invendus sont souvent remis à des associations caritatives. «Les déchets organiques et les aliments qui ne sont plus consommables sont, quant à eux, offerts à des paysans locaux ou à des entreprises impliquées dans la production de gaz biologique», rapporte Emilie Mathys, porte-parole de Manor.
Sébastien Sautebin