Les consommateurs avertis vivent dangereusement, même quand ils paient leurs factures rubis sur l’ongle. Au printemps 2020, un lecteur lausannois a pris rendez-vous pour un détartrage auprès de la Clinique dentaire de Lausanne, à Bussigny. Selon le site de l’institution et les tarifs figurant sur ses vitrines, une séance de 30 minutes pour un détartrage et un contrôle sans radio coûte 49 fr. Le patient précise bien, au téléphone, qu’il ne souhaite pas de prestations supplémentaires.
Deux semaines après la séance, le jeune Vaudois reçoit, à son étonnement, une facture de… 57 fr. La réceptionniste de la clinique lui explique que les 30 minutes ont certainement été dépassées: «Le prix de la prestation est au prorata du temps du détartrage, c’est pourquoi nous précisons que le tarif de 49 fr. correspond à une séance de 30 minutes.»
Comme il n’a pas à se plaindre des prestations de l’hygiéniste, le patient règle la note. Non sans regretter, dans un mail, que les tarifs ne soient pas plus clairs: «J’ai choisi votre établissement pour ses prix avantageux. Je comprends que le prix à payer dépende de la caractéristique de la dentition du patient, mais l’affichage des tarifs me semble prêter à confusion, car il fait penser à un forfait pour une séance de 30 minutes, et non à un tarif horaire avec une indication précise du prix d’un dépassement de la demi-heure.»
Une année plus tard, en février dernier, en réponse à un courrier de la clinique l’invitant à renouveler le détartrage, le Lausannois veut reprendre un rendez-vous. Impossible: le secrétariat met cette invitation standard sur le compte d’une erreur. On l’invite à poursuivre les soins ailleurs: «Les conditions pour de futurs traitements en parfaite confiance ne sont plus réunies.»
Impossible de savoir si plusieurs patients ont subi le même sort: Nicole Sergent de la Clinique dentaire de Lausanne refuse de préciser les critères appliqués pour constituer la liste noire. Pas question, non plus, de corriger l’affichage en précisant que la demi-heure peut être dépassée, et à quel prix: «Les tarifs appliqués en Suisse pour une séance de détartrage sont deux à trois fois plus élevés que le nôtre.»
Dans sa brochure sur l’indication du prix des prestations médico-dentaires, le Seco exige pourtant davantage de transparence. «Il doit clairement ressortir de l’indication des prix quel tarif horaire ou quel forfait sont échelonnés en fonction des prestations.» Et, si c’est le cas, les tarifs doivent apparaître «de manière différenciée».
Claire Houriet Rime