Un peu d’eau et de savon sur les aisselles suffisent parfois à stopper les mauvaises odeurs. Mais, pour beaucoup, ce doux mélange n’est pas assez efficace: il faut, dès lors, recourir aux bons vieux déodorants qui sont de plus en plus controversés. Car les sels d’aluminium qui les composent sont accusés de provoquer des irritations de la peau chez les personnes sensibles. Et, pire encore, ils sont suspectés de favoriser la maladie d’Alzheimer et certains cancers (lire ci-contre «Une fois par jour au maximum»).
13 déos à bille sous la loupe
Les déodorants contiennent-ils tous des substances problématiques? Pour le savoir, nous en avons soumis treize à un laboratoire, qui a examiné leur concentration en sels d’aluminium ainsi que la présence éventuelle de parfums potentiellement allergisants, de muscs polycycliques et de phtalates (lire encadré «Critères du test»).
La surprise, c’est le triomphe des déodorants roll-on «premier prix» de Migros et Coop (voir tableau). Particulièrement bon marché (1.20 fr.), ils renferment très peu de substances à risques. Par ailleurs, le grand vainqueur, le M-Budget, est le seul à obtenir une très bonne appréciation avec seulement 4,17% de sels d’aluminium. Après le Pure & Natural Action de Nivea, qui en est totalement exempt, c’est celui qui en contient le moins. A l’autre extrémité, le laboratoire en a trouvé plus de 18% dans le pH-Sensitive 4.0 de Coop Wel!
Parfums allergisants
Si les sels d’aluminium permettent de stopper la sueur, encore faut-il en masquer l’odeur.
De nombreux déos sont donc composés de différents parfums. Or, certains d’entre eux peuvent provoquer des allergies. Et même si tous les fabricants ont renoncé aux pires d’entre eux (catégories A et B), ils en ajoutent d’autres qui sont certes moins allergisants (catégories C et D), mais posent néanmoins problème aux peaux sensibles. Et le cumul est parfois impressionnant: l’Original Deo Roll-on de Borotalco est composé de sept substances odorantes différentes et l’Original Deo Roll-on de Denim pas moins de six.
Dans ces deux articles, comme dans le Men Cobalt de Rexona, le laboratoire a encore trouvé des muscs polycycliques. Egalement utilisés comme fragrances, ces composés s’accumulent dans les tissus adipeux. Or, selon l’Office fédéral allemand de protection des consommateurs, ils agiraient sur les hormones et pourraient endommager le foie. Et, comme si cela ne suffisait pas, Denim et Borotalco ajoutent encore du phtalate de diéthyle dans leur recette pour que le parfum ne s’estompe pas trop rapidement. Le hic, c’est que ce composé est accusé d’altérer la fertilité.
Produits revus
Interpellée sur ces résultats, Coop affirme que la recette du pH-Sensitive 4.0 a été remaniée et qu’elle contient désormais moins d’aluminium. Le Groupe Denim assure, quant à lui, qu’il est en train de revoir la préparation de son produit, qui devrait arriver sur le marché au printemps prochain. Enfin, Unilever, le fabricant de Rexona, souligne que toutes les directives légales sont respectées et correctement déclarées.
Jonas Arnold / mt
Sels d’aluminium
Une fois par jour maximum
De nombreux déodorants contiennent des sels d’aluminium qui réduisent la sueur en obstruant les glandes sudoripares. L’efficacité de ces composants n’est plus à prouver, mais leur innocuité est fortement controversée. Des études suggèrent qu’ils pourraient favoriser certains cancers – celui du sein surtout – ou la maladie d’Alzheimer s’ils sont assimilés en trop grande quantité. Mais les conséquences sur la santé restent encore incertaines.
Une étude de l’Institut fédéral allemand d’évaluation des risques (BfR) estime que, en utilisant une fois par jour un déodorant contenant 20% de sels d’aluminium, notre peau absorbait déjà la quantité journalière maximale admissible. Mais le hic, c’est que l’aluminium est également présent dans de nombreux aliments (lire «Aluminium, où te caches-tu?», BàS 6/14). Par mesure de précaution, le BfR conseille donc de ne pas utiliser ce genre de déodorants plus d’une fois par jour. Il recommande aussi de ne pas les appliquer sur une peau fraîchement rasée, mais d’attendre une nuit au moins après l’épilation.
En détail
Critères du test
Le Laboratoire autrichien SGS Fresenius a testé les composants des treize déodorants roll-on selon les critères suivants.
- Sels d’aluminium: chez les personnes sensibles, ils peuvent provoquer des démangeaisons et des irritations de la peau. Ils sont également soupçonnés de favoriser la maladie d’Alzheimer et certains cancers comme celui du sein. La note que nous avons attribuée aux produits correspond aux recommandations de l’Institut fédéral allemand d’évaluation des risques (lire encadré).
- Phtalate de diéthyle: ce plastifiant est suspecté de nuire à la fertilité. Sa présence a mené à une dévaluation de 0.2 point.
- Parfums à faible potentiel allergène: depuis 2007, les fabricants de cosmétiques doivent déclarer 26 parfums potentiellement allergènes, si leur concentration dépasse 10 mg/kg. Le laboratoire n’a pas trouvé de substances odorantes fortement allergisantes, comme la mousse de chêne, l’alcool cinnamique ou l’hydroxycitronellal. Pour les autres, dont l’effet allergène est plus faible, la note a été réduite de 0.2 point.
- Muscs polycycliques: il sont accusés de perturber le système hormonal. Chaque déo a été sanctionné de 0.5 point lorsqu’il en contenait.