Les différences de prix entre certains accessoires pour vélos sont énormes: pour un feu arrière, les magasins Jumbo demandent 21.95 fr. Sur la plateforme Temu, on trouve des articles apparemment identiques pour 3.25 fr. Un outil multifonctionnel coûte 23.90 fr. chez Decathlon, contre 5.05 fr. pour son jumeau chez Temu.
Autre constat: les marchandises commandées sur Temu.com ont été transportées par avion, selon le suivi des colis. Leur bilan C02 est donc particulièrement mauvais.
Par ailleurs, les accessoires du site chinois ne font pas toujours l’affaire au quotidien. Bon à Savoir en a fait tester quelques-uns au mécanicien Pascal Diener, qui les a comparés avec des pièces vendues par les commerçants spécialisés.
Piètre qualité souvent au rendez-vous
Parmi les articles qui posent problème, le fameux multitools: «je ne l’utiliserais pas sur mon vélo», assure le spécialiste. En cause, le dépliage laborieux des outils, leur découpe tranchante susceptible d’effilocher les têtes de vis et l’inefficacité du dérive-chaîne. En comparaison, le set de Decathlon était de bien meilleure qualité.
Autre exemple: le support pour téléphone portable de Temu (3.80 fr.). Contrairement à celui de Filmer acheté sur Galaxus (15.90 fr.), il possédait un mécanisme de rotation trop souple. Le téléphone ne cessait de bouger, ce qui handicapait fortement la lecture du GPS en roulant. La sonnette pour vélo (0.60 fr.) était, quant à elle, bien trop silencieuse et plus friable – elle s’est vite cassée – que sa concurrente (4.90 fr.).
Certains accessoires convenables
Constat moins cinglant pour le feu arrière Temu: six fois meilleur marché que celui commandé sur le site alémanique Veloplus, il était «tout à fait adéquat», indique Pascal Diener. Même s’il éclairait moins que le feu Fischer de Jumbo et que sa batterie a duré moitié moins de temps (environ trois heures).
La pompe de Temu (10.60 fr.) a fait tout aussi bien que celle de Gjyo achetée sur Bikeworld (29.90 fr.) pour gonfler un pneu de vélo de course à une pression de 7 bars. Plus petit et moins stable, le modèle de Temu était «étonnamment performant». Idem pour des poignées de guidon (8.35 fr.), six à sept fois moins chères que celles de la marque Ergon (53 fr.) commandées sur Veloplus: les cornes n’étaient pas amovibles et le produit un peu plus lourd, mais le «rapport qualité-prix convaincant», souligne le mécanicien. Quant aux sacoches de cadre Temu (11.90 fr.) et de la marque Vaude (35.90 fr.), les deux faisaient l’affaire.
Des explications aux écarts de prix
Temu conteste les résultats de l’expertise de Pascal Diener et renvoie aux bonnes évaluations des clients sur son site. De leur côté, pour expliquer les énormes écarts de prix avec les articles Temu, les fabricants pointent que leurs produits sont fabriqués sans substances nocives: c’est le cas des poignées Ergon et des sacoches Vaude.
Un article commandé via Temu a suscité la controverse: des chaussettes Giro à 2.05 fr., en tous points identiques à celles de la même marque proposées sur Bikeworld… 15.60 fr.! Giro a assuré ne vendre aucun produit via Temu. Il s’agit donc d’une contrefaçon. Interpellé, Temu a prévenu qu’il n’autorisait pas les commerçants à vendre des contrefaçons et a promis de faire retirer de suite les chaussettes de son portail. Elles n’étaient plus disponibles après quelques jours.
A noter que, face aux accusations de travail forcé imposé à la population ouïghoure, pointées par une enquête gouvernementale des Etats-Unis, Temu déclare interdire «strictement» à tous ses distributeurs de recourir à cette pratique, au travail des prisonniers ou des enfants. L’entreprise a déclaré à la chaîne britannique BBC que ses «normes et pratiques actuelles ne sont pas différentes de celles des autres grandes plateformes de commerce électronique».
Markus Fehlmann / gda