L’initiative populaire «En faveur du service public», lancée pour la première fois par les magazines d’information et de défense des intérêts des consommateurs des trois régions linguistiques du pays, vise à garantir un service public de qualité. Elle ne s’oppose pas aux bénéfices que pourraient réaliser ces entreprises, mais exige que les montants ainsi dégagés soient réinvestis dans le même secteur, afin de soulager en priorité le porte-monnaie des consommateurs. Les subventionnements croisés doivent donc être bannis.
La Poste
Saviez-vous, en effet, qu’une partie du prix que vous payez pour envoyer, par exemple, une lettre en courrier A ou un paquet par La Poste, est destinée aux caisses de la Confédération? Notre dossier consacré à La Poste démontre ainsi clairement que le géant jaune cumule des bénéfices faramineux depuis 2004. En contrepartie, il réduit ses prestations et augmente ses tarifs. La Confédération, elle, s’est vu rétrocéder presque 1 milliard de francs ces quatre dernières années. Servira-t-il, notamment, à financer l’achat des nouveaux avions de combat? Autrement dit: chaque client paie, mine de rien, un impôt fédéral supplémentaire en achetant un simple timbre-poste!
Les CFF
Il en va de même du côté des CFF. Certes, contrairement à La Poste, on ne parle pas, ici, de bénéfices. Il n’empêche: les objectifs stratégiques assignés aux CFF par la Confédération impliquent un vaste programme d’économies, qui passe notamment par des hausses de tarifs. Où est donc passé l’engagement du Conseil fédéral qui écrivait, dans un rapport de 2004, que «les prix des prestations de service public doivent être abordables pour tous»? Aux oubliettes, semble-t-il! En effet, la pression sur les coûts dans ce secteur, pourtant sans concurrence, s’est fortement accrue, alors que, en parallèle, les notions de «satisfaction des clients» et de «prix abordables» ont disparu des objectifs stratégiques.
Par cette initiative populaire «En faveur du service public», les magazines Bon à Savoir, K-Tipp, saldo et Spendere Meglio, répondent donc avant tout au mécontentement de leurs lecteurs, qui ne cessent de dénoncer les dysfonctionnements dont ils sont victimes et qui s’interrogent sur le bien-fondé des augmentations de tarifs qu’ils ne cessent de subir année après année.
Dans une interview accordée à l’hebdomadaire alémanique Sonntag, en mars 2010 déjà, Stefan Meier hans, alias Monsieur Prix, tirait la sonnette d’alarme: «La Poste a l’obligation de garantir un service public à des prix équitables. Son objectif principal n’est pas de remplir les caisses fédérales avec ses bénéfices.»
Afin d’éviter une dérive généralisée dans les entreprises qui assurent ce type de service, nous demandons que le peuple ait son mot à dire!
Nous estimons que le Conseil fédéral est aujourd’hui trop impliqué pour définir seul les objectifs stratégiques des entreprises du secteur public (à ce titre, l’exemple de Swisscom est éloquent, lire en page VIII). Afin de lui fixer un cadre légal clair, nous vous invitons à signer – et à faire signer – sur le site internet www.proservicepublic.ch.
Zeynep Ersan Berdoz, directrice des rédactions