Pendant l’effort, bon nombre de sportifs consomment des barres, des gels ou des gélules énergétiques, espérant ainsi gagner ou récupérer des forces. Le commerce de ces produits rapporte d’ailleurs plusieurs millions de francs chaque année. Or notre test révèle que, deux fois sur trois, ces aliments fournissent à l’athlète moins de vitamines qu’il n’en escompte.
Les produits destinés aux sportifs contiennent toujours une importante quantité d’hydrates de carbone, car ce sont eux qui permettent au corps de développer de l’énergie. Mais souvent, ces aliments sont aussi enrichis de vitamines. Celles-ci jouent notamment un rôle dans la transformation en énergie des fameux hydrates de carbone et autres éléments nutritifs.
Afin de vérifier si ces compléments alimentaires apportent réellement les substances promises, Bon à Savoir a confié 18 produits à l’Institut suisse des vitamines, basé à Lausanne, pour qu’il analyse leur teneur en vitamines B1, B2, B3 (Niacin) et C, qui sont les principaux activateurs de la production d’énergie.
Fortes carences
Les résultats du test sont affligeants: 11 produits sur les 18 contiennent moins de vitamines que la dose indiquée sur l’emballage (en orange dans le tableau). La teneur en vitamine C des barres Champ est même inférieure de 63% à la quantité promise.
Ces piètres résultats ont inspiré un jugement très sévère à Pius Kölbener, responsable du secteur chimie du Bureau de contrôle des denrées alimentaires du canton de Saint-Gall: «Lorsque l’écart atteint ou dépasse les 20% de vitamines en moins, le consommateur est trompé.»
Les différences plus modestes sont toutefois tolérables car, avec les méthodes actuelles de mesure, il subsiste une certaine marge d’imprécision.
Les plus mauvais résultats ont été obtenus par la barre Soledor qui contenait nettement trop peu de vitamines B1 (-50%) et B3 (-49%). Le responsable de Soledor, Werner Rutishauser, a dit regretter ce mauvais score
et qu’il allait agir sur les causes du problème.
Concentration hasardeuse
La société productrice de la marque Isostar, Wander, a expliqué que les vitamines ne sont pas toujours uniformément réparties dans la barre énergétique. Leur concentration peut donc varier au sein de la préparation. Ce qui pourrait expliquer la faible quantité de vitamines trouvée dans la barre Isostar High protein. Par ailleurs, l’oxygène est susceptible d’altérer certaines vitamines. Enfin, la chaleur et l’humidité peuvent aussi avoir un effet négatif.
Selon le responsable de la marque Sponser, la faible dose de vitamine B3 contenue dans la barre Corn Power Plus et les 47,6% de vitamine B1 en moins de la High Energy Bar proviendraient d’une erreur de dosage, survenue en amont de la chaîne de production.
De son côté, Power Bar a procédé à ses propres analyses suite à notre test. Elles ont confirmé nos résultats. Suite à cela, le responsable qualité de Power Bar, Wolfgang Hoppach, a affirmé que sa société allait procéder à des améliorations.
Quant à Wena Sport, le distributeur des produits Champ et Multipower en Suisse, il n’a pas souhaité prendre position au sujet de l’importante carence en vitamines de ces deux produits (Champ: -12% B1 et -63% C; Multipower: -40% B1).
Ils vieillissent mal
A l’inverse, il arrive aussi que les consommateurs reçoivent des vitamines en surnombre. L’institut des vitamines a ainsi enregistré de nombreux cas de surdosage. Par exemple, la High Energy Bar Sports + Fit (Sponser) contenait trois fois plus de vitamine C qu’indiqué sur l’emballage.
«Les surdosages servent à compenser la perte de vitamines qui survient lors des périodes de stockage en magasin», explique Remo Jutzeler, le responsable qualité de la firme Sponser qui fabrique ces barres pour les magasins Migros.
Pas d’effet magique
Reste à définir quand la consommation de ces produits énergétiques constitue réellement un plus pour notre organisme? «D’abord, il faut savoir qu’ils ne compensent une carence alimentaire que dans une certaine mesure, précise Christof Mannhart, chercheur spécialisé en sciences de l’alimentation auprès du Département fédéral des sports. Les personnes peu sportives, qui ont tendance à trop manger, devraient donc renoncer à ces sources d’énergie supplémentaires.»
Seulement pour les efforts intenses
Quelqu’un qui ne manque pas de vitamines n’améliorera probablement pas ses performances en consommant de tels produits. Ils peuvent toutefois apporter un peu de soutien lors d’efforts intenses qui durent plusieurs heures.
Un aliment énergétique peut aussi constituer une solution de secours en cas de grosse fringale. Mais, dans tous les cas, Christof Mannhart recommande de combiner leur consommation avec un apport suffisant en eau.
Quoi qu’il en soit, jamais une barre énergétique, un gel ou des gélules ne seront aussi efficaces qu’une bonne platée de pâtes ou de riz. Car les féculents sont nettement plus riches en hydrates de carbones et fonctionnent comme des usines à énergie ultraproductives et persévérantes.
Patrick Gut / jd