Faire du sport, c’est bon pour la forme et le moral, à condition de ne pas se faire du mal. Avant d’opter pour un fitness, il est donc conseillé d’effectuer une séance d’essai pour juger de sa qualité. Mais attention: une enquête conjointe de Bon à Savoir et On en parle (RSR La Première) démontre que le sérieux de la prise en charge varie beaucoup et ce, même entre les succursales d’une seule chaîne (lire l’encadré).
Peu rassurant
Particulièrement représentatif: le cas des Let’s Go. Celui de Lausanne arrive en tête de classement avec un «bon», tandis que celui de Montreux perd des points en n’offrant ni visite, ni entretien, ni entraînement musculaire, ni retour au calme. Ce dernier est donc «insatisfaisant» et avant-dernier du test (voir tableau).
Les deux succursales Silhouette de Genève et Lausanne, en revanche, respectivement deuxième et troisième du classement, appliquent une prise en charge des clients assez comparable – à Lausanne, pour 30 fr., déductibles du prix de l’abonnement. C’est aussi le cas des centres Kieser, où l’on note en outre une philosophie d’entraînement commune, qui ne cible que l’exercice de la force. «C’est un manque assez grave, remarque Jean-Marc Gilliéron, maître de sport au Service des sports UNIL-EPFL, qui a élaboré notre grille d’analyse. Selon les principes physiologiques, l’irrigation de l’ensemble de la musculature est nécessaire pour améliorer l’activité musculaire. Ainsi, un échauffement cardiovasculaire stimulera la fréquence cardiaque et aura un effet bénéfique sur le cœur.» Kieser Lausanne est donc seulement «satisfaisant» et la succursale genevoise, dont le moniteur a été moins présent et n’a pas effectué d’entretien de santé complet, «insatisfaisant».
Bon dernier, le Fitnessparc Migros de Malley reçoit… zéro point. Et pour cause: l’enquêteuse, qui a pourtant pris rendez-vous par téléphone et demandé une leçon d’essai, a simplement été dirigée vers les engins. Sans entretien préalable, ni explications. C’est une «faute grave», selon Jean-Marc Gilliéron, qui peut s’avérer dangereuse dans le cas où le client présente un problème physique ou utilise mal les appareils. Le comble, c’est que la séance a coûté 34 fr.!
Les Holmes Place, quant à eux, n’ont pas pu être notés, car la leçon d’essai n’est proposée qu’après la conclusion d’un abonnement. Un représentant a donc uniquement présenté les installations à l’enquêteuse, en y ajoutant un entretien de santé à Lausanne. Dans cette dernière succursale, la visite a été accompagnée d’une offre d’abonnement lourdement insistante.
Les réactions
Face à notre constat alarmant, les responsables des centres ont avancé diverses explications:
Du côté des Holmes Place, on affirme ainsi que «les clients savent ce qu’ils veulent» et qu’«une visite des installations leur suffit pour faire leur choix». Mélanie Ramp, responsable du marketing chez Kieser Training Suisse, précise que l’enseigne est spécialisée dans la musculation préventive et thérapeutique, d’où l’absence d’entraînement cardio. Christian Nicoulaz, responsable du Fitnessparc Migros à Lausanne, souligne pour sa part que le centre est moins un fitness qu’un espace de bien-être. Et d’ajouter qu’une séance découverte des engins peut toutefois être demandée, ce que notre enquêteuse a tenté en vain d’obtenir...
Véronique Kipfer
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.
Déroulement de l’enquête
Une pro dans neuf salles
L’enquête, menée par une spécialiste en sport, a porté sur neuf fitness, soit deux par chaîne, sauf Migros qui n’en a qu’un en Suisse romande:
- Silhouette Lausanne et Genève;
- Fitnessparc Migros Malley;
- Kieser Lausanne et Genève;
- Holmes Place Lausanne et Genève;
- Let’s Go Lausanne et Montreux.
L’enquêteuse a d’abord contacté chaque salle pour prendre rendez-vous, en s’annonçant comme le ferait le client lambda. Sur place, elle a testé les engins en suivant passivement les indications et en prétextant «un petit problème ponctuel de dos et de genou», uniquement lorsque la question lui était posée.
La séance d’essai a ensuite été évaluée en fonction des critères suivants, élaborés en collaboration avec le Service des sports de l’Université de Lausanne et de l’EPFL:
- Y a-t-il eu un entretien de santé préalable détaillé, tenant compte de l’appareil locomoteur et des problèmes cardiovasculaires?
- A-t-on demandé les objectifs de la testeuse?
- Quel a été le taux de présence du moniteur?
- Quelle a été la prise en charge (visite des installations, conseils de réglage, corrections des exercices en fonction de ses maux de dos et de genou, etc.)?
- Comment a été articulée la séance (dans l’idéal: échauffement, entraînement musculaire, entraînement cardio, retour au calme)?
- Y a-t-il eu un bilan?
Des points ont ensuite été attribués à chaque critère et le total a été pondéré pour aboutir à la note finale – et donc à l’appréciation – de chaque fitness.