L’huile idéale n’existe pas. C’est pourquoi le consommateur est obligé d’en avoir plusieurs sortes à la maison. Certains industriels l’ont bien compris et proposent des préparations à base de plusieurs huiles, pour la cuisson ou l’assaisonnement, voire pour les deux usages. Mais ces mélanges sont-ils satisfaisants? Pour le savoir, nous en avons analysé sept, en nous basant principalement sur leur proportion en oméga 6 et 3 (lire encadré). Nous les avons regroupés selon les indications des fabricants.
Cuisson et assaisonnement
Huile végétale M-Budget (Migros: 2.50 fr./l)
Elle contient des huiles de colza et de soja dont les proportions ne sont pas indiquées, tout comme celles des oméga. Toutefois, le colza arrivant en tête de sa composition, le rapport ne devrait logiquement pas dépasser 5. Par ailleurs, il ne faudrait pas la chauffer (contrairement aux pictogrammes de l’étiquette), car l’huile de soja se prête mal à la cuisson. De plus, sa bouteille transparente ne la protège pas de l’oxydation.
Becel Vita-3 (Manor: 11.90 fr./l)
Son étiquette, pleine de promesses, indique que ce produit est «idéal pour une alimentation équilibrée» ou «riche en oméga 3 et oméga 6». Mais le calcul de son rapport en acides gras essentiels frôle les 7. Une valeur décevante, trop éloignée des recommandations.
Mélange d’huiles végétales M-Classic (Migros: 5.30 fr./l)
L’huile de colza ne représente qu’un tiers de sa composition, les deux autres étant complétés par des huiles riches en oméga 6 et pauvres en oméga 3. Si leur rapport n’est pas indiqué, il est logiquement largement au-dessus des recommandations. Ce produit ne présente donc pas d’intérêt.
Sabo Huile végétale pure (Coop: 5.85 fr./l)
Composée de tournesol et d’un tiers seulement de colza, son rapport en oméga se situe à 15. A éviter.
Assaisonnement uniquement
Constitués à partir d’huiles pressées à froid, ces mélanges, en vente dans différentes magasins spécialisés, ne supportent pas la cuisson.
IdéalProd huile de colza-lin (44 fr./l)
Avec deux huiles riches en oméga 3, le rapport est excellent (1), car on trouve autant d’oméga 6 que d’oméga 3. Ainsi, une seule cuillère à soupe (15 g), suffit à couvrir les besoins en oméga 3. A noter qu’il vaut mieux en acheter en petites quantités et la conserver au frigo, l’huile de lin étant sensible à l’oxydation. Seul bémol: son prix est dissuasif.
Vigean Biocolive (25 fr./l)
Ce produit fait tout juste en intégrant majoritairement une huile riche en oméga 3 (colza), tout en l’associant avec de l’huile d’olive, généreuse en antioxydants, pour un rapport en oméga de 2.4.
Vigean QuintuOr (33.60 fr./l)
Il s’agit d’un assemblage de cinq huiles composées (par ordre décroissant): colza, sésame, noix, chanvre et onagre. Son rapport entre oméga 6 et oméga 3 est de 4.9. Elle peut être recommandée.
Les bons choix
Au final, force est de constater qu’aucun de ces produits ne permet de se contenter d’une seule bouteille d’huile à la maison. Le mélange idéal, pour l’assaisonnement et la cuisson, n’existe donc pas. Et même ceux qui flirtent avec les valeurs limites restent insatisfaisants, car l’industrie alimentaire fournit déjà trop d’oméga 6 à notre organisme.
Dès lors, pour l’assaisonnement, il est plus judicieux et avantageux de mélanger soi-même de l’huile de colza et d’olive. Et, pour la cuisson à haute température – poêle et friteuse – on privilégiera soit une huile d’olive raffinée (douce), soit de colza HOLL ou de tournesol HO, toutes les deux étant des variétés de plantes qui supportent bien la chaleur.
Doris Favre,
diététicienne diplômée
Dans le détail
La bonne proportion
Si toutes les huiles fournissent 100% de graisses, elles doivent encore apporter suffisamment d’oméga 3 mais pas trop d’oméga 6, déjà trop abondants dans notre alimentation. Cet équilibre est fondamental, puisqu’une trop grande différence entre ces deux acides gras essentiels peut favoriser les maladies cardiovasculaires, le diabète ou encore l’obésité. Dans l’idéal, le rapport entre eux ne devrait pas excéder 5, soit cinq oméga 6 au maximum pour un oméga 3.
Hormis les huiles de lin (rapport de 0.2), de colza (2.2) et de noix (5), elles sont peu nombreuses à répondre à ce critère. Les autres offrent en effet un rapport trop élevé. Dans l’ordre croissant, on peut citer les huiles de soja (7), de palme (20), de noisettes (31), de maïs (56), de pépins de raisin (201) et de tournesol (536!).
Quant à l’huile d’olive, elle en est dépourvue, mais elle reste conseillée, car elle est fruitée et riche en antioxydants. On la combinera donc avec de l’huile de colza bon marché dont le goût est assez neutre.