Love Gloss, Bubble Babe, ou encore Wetslicks: le gloss est tendance. Il galbe les lèvres tout en les rendant brillantes et irrésistibles. Soit. Mais il peut aussi déposer des substances nocives sur les lèvres de ces dames.
Nous avons donc confié douze produits au Laboratoire allemand Eurofins, qui a recherché dans les échantillons la présence de parabènes, de substances hautement allergènes et de métaux lourds (lire encadré).
Dans l’ensemble, les résultats sont plutôt réjouissants: près de la moitié des douze produits testés ne contenaient aucune des substances nocives recherchées. Les femmes sujettes aux allergies choisiront donc de préférence les gloss des marques Aldi, Lavera, The Body Shop, L’Oréal et Maybelline.
Plomb, barium, chlore et nickel
Comme bien souvent, un prix élevé n’est pas gage de qualité. Pour preuve: le gloss d’Aldi, le moins cher de notre test, se hisse sur la première marche du podium. A l’inverse, l’échantillon le plus coûteux, et de marque réputée, arrive bon dernier. Il s’agit du High Gloss Ultra Brilliance, d’Estée Lauder. Les experts ont en effet retrouvé du nickel, du plomb et du chrome dans des proportions allant de 2,2 à 5,8 milligrammes (mg) par kilo. Il obtient par conséquent la mention «insatisfaisant». Avec 5,5 mg de barium par kilo, le Shine Deluxe Jewels Gloss, d’Astor, fait à peine mieux.
Or, au-delà de 1 mg/kilo, le risque d’allergie est bien réel, selon Peter Schmid, chef de l’Unité d’allergologie de l’Hôpital universitaire de Zurich. En outre, les spécialistes rappellent que, en forte concentration, les métaux lourds peuvent s’avérer dangereux, particulièrement lorsqu’ils sont absorbés directement par le corps. Nous avons donc retiré un point par métal lourd retrouvé dans les gloss. Soit respectivement trois points pour celui d’Estée Lauder et un pour le Shine Deluxe Jewels Gloss, d’Astor.
Interpellée sur le piètre résultat de son produit, Kay-Lütje Deter-Lüken, d’Estée Lauder Suisse, botte en touche: «Nous n’employons pas de métaux lourds. Toutefois, certains colorants naturels peuvent en contenir en de très petites quantités.» Quant à Astor, la marque indique avoir procédé à ses propres tests et n’avoir pas décelé de barium.
Le laboratoire a également retrouvé des traces de conservateurs problématiques dans sept produits.Toutefois, seul le gloss d’Astor contenait de l’isobutylparaben et de l’isopropylparaben, deux substances qui font l’objet de vives critiques: les spécialistes les soupçonnent en effet de perturber le système endocrinien. Toutefois, les quantités ne dépassaient pas les limites fixées par la loi. Nous lui avons tout de même retiré un point, puisqu’il est tout à fait possible de renoncer à leur utilisation, les autres échantillons testés en sont d’ailleurs la preuve.
Substances allergènes non déclarées
Le laboratoire n’a, en revanche, décelé aucun parfum hautement allergène dans les douze gloss. Les spécialistes ont cependant trouvé des substances faiblement allergènes qui font l’objet d’une déclaration obligatoire. Une obligation qui a manifestement échappé à Estée Lauder: l’anise alcohol présent dans le High Gloss Ultra Brilliance n’est en effet pas indiqué sur l’emballage.
Un constat qui vaut également pour le Lipgloss short, de H&M, et le Color Sensational, de Maybelline. L’Oréal, fabricant de Maybelline, indique que, à la suite de notre test, il va corriger cette erreur. Quant à H&M, la marque suédoise n’a pas souhaité prendre position.
Gertrud Rall / cg
EN DÉTAIL
Les critères du test
Le Laboratoire Eurofins, de Hambourg, a recherché les substances suivantes.
1 / Parabènes
Utilisés comme agents conservateurs, ils sont considérés comme des perturbateurs endocriniens par l’Institut fédéral allemand d’évaluation des risques (BfR). Ce dernier a d’ailleurs fixé des limites à ne pas dépasser pour le methylparaben, l’ethylparaben, le propylparaben.
En l’absence d’étude scientifique, il recommande également la plus grande prudence quant à l’isobutylparaben, l’isopropylpareben, le pentylparaben et le phenylparaben.
2 / Métaux lourds
Les colorants utilisés dans les rouges à lèvres peuvent contenir du plomb, du cadmium, du chrome, du nickel et du mercure. La présence et la teneur maximale en métaux lourds autorisés dans les colorants sont réglementées. Il n’empêche, leur utilisation dans les rouge à lèvres et les gloss pose problème, selon le BfR et les allergologues.
3 / Substances hautement allergènes
Depuis 2007, les fabricants doivent déclarer la présence de parfums hautement allergènes sur l’emballage si leur concentration dépasse 10 mg/kilo. Cela concerne 26 substances, classées dans les catégories A, B, C et D, en fonction de leur pouvoir allergène. Les classes A et B sont les plus critiques.