«Une vendange 2015 de qualité exceptionnelle». C’est ainsi que l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) a titré son récent communiqué consacré à l’année viticole écoulée. Il y est précisé notamment que «le temps particulièrement chaud et ensoleillé a offert à la viticulture suisse les conditions lui permettant de récolter un raisin de qualité fabuleuse et présentant une teneur en sucre supérieure à la norme».
De quoi provoquer l’enthousiasme des consommateurs, si ce n’est qu’un coup d’œil sur les publications similaires de l’OFAG ces dernières années jette le trouble. Les vendanges 2009 avaient ainsi carrément «un petit air divin» et laissaient augurer d’un «millésime exceptionnel». Celles de 2010 étaient «d’une qualité céleste» et promettaient «d’atteindre des sommets qualitatifs» alors que dans le communiqué de 2011, elles se distinguaient «par leur qualité exceptionnelle». Le millésime 2013 était quant à lui d’«excellente qualité». Sur les sept dernières années, seuls 2012 et 2014 sont prudemment qualifiés de «bonne qualité». Dans la rhétorique de l’OFAG, l’exceptionnel semble donc presque la règle, à tel point que cette pléthore récurrente de superlatifs met à mal la fiabilité des propos tenus.
Problème reconnu
David Raemy, qui a écrit le communiqué pour 2015 convient que cette situation n’est pas satisfaisante. «C’est la première fois que je le rédige. Nous n’avions pas constaté ce problème, mais vous avez raison de le souligner, cela ne peut pas être ainsi. Nous allons en discuter pour les années à venir, car c’est important pour notre crédibilité». Faut-il en conclure que l’OFAC, qui base son appréciation sur différents articles de la branche viticole, les analyses de météo suisse ou encore d‘Agroscope, son centre de compétence pour la recherche agricole, s’est, jusqu’à présent, montré un peu trop enthousiaste sur certains millésimes?
Un spécialiste confirme
Pierre Thomas, journaliste spécialiste du vin, estime, lui aussi, que 2015 est vraiment une année hors du commun. Mais à ses yeux, depuis 2000, seules cinq années se distinguent vraiment, toutes les autres étant «en dessous»: 2000, 2003, 2005, 2009 et 2015. «Cette dernière est vraiment exceptionnelle, et 2009, vraiment magnifique pour les rouges», estime ce fin palais, qui met toutefois en garde: «Un grand millésime peut décevoir s’il est bu trop tôt».
Sébastien Sautebin