L’an dernier, Coca-Cola, Nestlé et Unilever ont augmenté leurs bénéfices d’exploitation de l’équivalent de 520 millions de francs, pour atteindre 35 milliards de francs. La raison: ces groupes ont augmenté les prix de nombreux produits, comme ils le reconnaissent eux-mêmes.
Dans les magasins, les prix des produits de marque ont parfois massivement augmenté, comme le montrent les exemples relevés par Bon à Savoir (voir illustration). La crème de douche Dove Eclat de soie, du groupe anglo-néerlandais Unilever, est passée de 2.95 fr. en 2022 à la Coop à 3.30 fr. aujourd’hui (+11,9%). Une canette de Coca-Cola (330 ml) est passée, dans le même temps, de 0.90 fr. à 1.05 fr. à la Migros (+16,7%).
Idem pour un tube de Moutarde douce Thomy de Nestlé (200 g): 1.95 fr. chez Coop en 2022, contre 2.30 fr. aujourd’hui (+17,9%).
Ces entreprises se félicitent
En 2022 déjà, les fabricants de marques avaient fortement renchéri de nombreux produits, au prétexte de l’augmentation des coûts des matières premières, des transports et de l’énergie. Dans son dernier rapport annuel, Nestlé reconnaît que le renchérissement s’est atténué l’année dernière et que les coûts de transport et d’énergie ont baissé.
Malgré cela, les multinationales ont augmenté de nombreux prix en 2023, comme le révèlent les rapports destinés aux actionnaires: +7,5% pour Nestlé, tous produits et pays confondus. +6,8% pour Unilever et +10% pour Coca-Cola.
Les entreprises se félicitent de ces résultats. Nestlé écrit que «l’inflation considérable des coûts» (c’est-à-dire: les coûts supplémentaires pour la fabrication et le transport des produits) a pu être largement compensée grâce à «des adaptations de prix, une meilleure efficacité et une optimisation du portefeuille».
Les marges bénéficiaires brutes, selon les comptes annuels, montrent que les trois groupes ont fait passer les clients à la caisse et ont augmenté cette marge. Chez Nestlé, elle est passée à 45,9% des recettes, à 42,2% chez Unilever et à 59,5% chez Coca-Cola.
La banque centrale européenne mécontente
La hausse des prix des denrées alimentaires en 2023 a été l’une des principales causes de l’inflation en Suisse, selon l’Office fédéral de la statistique. L’été dernier, la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a même reproché aux multinationales d’augmenter les prix «au-delà de la simple pression des coûts».
Interrogé à ce sujet, Nestlé écrit: «Nous n’avons pas entièrement compensé l’inflation considérable de ces deux dernières années par les prix.» Les gains d’efficacité auraient permis d’amortir l’inflation des coûts. Comme Nestlé, Unilever affirme avoir agi sur l’efficacité, avant d’augmenter les prix. Coca-Cola n’a pas pris position sur sa politique de prix.
D’autres géants du secteur ont augmenté leurs prix. Quelques exemples:
- Pepsi (6 x 1,5 litre): les bouteilles coûtaient 11.95 fr. en 2022, à la Migros, contre 12.50 fr. aujourd’hui. Augmentation: +4,6%. Le fabricant (USA) a augmenté son bénéfice d’exploitation de 4,1% en 2023, pour atteindre 10,1 milliards de francs.
- Boules Lindor (200 g): elles coûtaient 9.50 fr. en 2022, à la Migros, contre 9.95 fr. aujourd’hui. Augmentation: +4,7%. Le fabricant Lindt & Sprüngli a augmenté son bénéfice d’exploitation de 9,2% en 2023, passant à 813,1 millions de francs.
- Shampooing Elseve Color-Vive (250 ml): il coûtait 4.40 fr. à l’automne 2022 à la Migros, contre 4.95 fr. aujourd’hui. Augmentation: +12,5 %. L’année dernière, le groupe cosmétique L’Oréal (France) a augmenté son bénéfice d’exploitation de 9,2% et atteint 7,6 milliards de francs.
Conseil: La qualité ne coûte pas forcément cher. Nos tests le montrent: les articles de marque propre sont souvent de bonne facture.
Ainsi, la mayonnaise M-Classic (265 g) de Migros a obtenu de bons résultats dans un test de 2023, tandis que la mayonnaise Thomy de Nestlé n’a obtenu qu’une mention «suffisant». La mayonnaise M-Classic coûte 1.80 fr., contre 2.80 fr. pour un tube de Mayonnaise à la Française de Thomy (265 g) chez Coop ou Migros.
Stefanie Pauli / ld