Chaque hiver, près de 90000 piétons se blessent à la suite d’une chute sur une surface enneigée ou glacée, selon la Suva. C’est bien plus que le nombre d’accidentés de la route durant la même période! L’heure du crime? Le plus souvent entre 6 heures et 9 heures du matin, lorsque le gel nocturne transforme les trottoirs en patinoires.
Chaînes obligatoires
Les crampons antidérapants sont un peu à nos chaussures ce que les chaînes à neige sont aux pneus des automobiles: ils se fixent sous la semelle et réduisent le risque de glissade. Plusieurs systèmes se partagent le marché: pointes en métal, bandes en caoutchouc entourées de fil de fer ou encore chaînettes entrecroisées.
L’efficacité est-elle vraiment au rendez-vous? Nous avons voulu le savoir en testant huit modèles dans une fourchette de prix comprise entre 13 fr. et 50 fr. L’adhérence des crampons a été mesurée sur un plan incliné (lire encadré), recouvert de trois revêtements différents: glace dure et sèche, glace ramollie et bitume. La solidité, la facilité d’utilisation et la compatibilité des modèles avec différentes chaussures ont aussi été évaluées.
Sur glace dure, ça va…
Bilan: seuls quatre des huit crampons ont trouvé grâce aux yeux du laboratoire en charge du test et s’en sortent avec l’appréciation «bon». Un modèle s’en tire avec la mention «satisfaisant», alors que trois autres ont été jugés «peu satisfaisant».
Sur glace dure et bien sèche, tous les produits offrent une bonne adhérence, à une exception près: le modèle Yeti d’Ottinger. La personne en charge du test, juchée sur le plan incliné, a commencé à glisser à partir d’un angle de 13 degrés, soit une pente de 23% environ. C’est peu, quant on sait que la paire de crampons avec la meilleure note pour ce critère a tenu au-delà de 20 degrés. D’où une note «peu satisfaisant» en la matière.
...sur glace fondante, bonjour les dégâts!
Les choses se compliquent lorsque les crampons sont mis à l’épreuve sur une surface plus insidieuse: la glace en cours de décongélation, humide et légèrement ramollie. Le risque de glisser est encore plus grand. Dans de telles conditions, seuls les modèles Alaska Gripfeet de Rubytec et Spiky Plus de Nora offrent un bon grip. Les autres s’en sortent avec une note convenable, hormis le Quickstep de RUD et le Mini de Nordic Grip qui n’ont pas convaincu.
Notre test montre que les articles munis d’un système de pointes réparties sur toute la surface de la semelle sont les plus efficaces. Il est particulièrement important que ces pointes soient présentes au niveau du talon de la chaussure. Car, si elles manquent à cet endroit, l’adhérence fait défaut au moment crucial où le talon attaque le trottoir. Le Mini, qui en est dépourvu sur le talon, en est l’illustration parfaite.
Serrage laborieux
Se procurer une paire de crampons qui assurent une bonne tenue sur la glace est une chose. Mais encore faut-il pouvoir les fixer facilement et rapidement.
Le montage de la plupart des modèles testés est relativement facile, à l’exception du Mini qui exige des biceps solides. La bande qui vient entourer l’avant des chaussures est tellement serrée qu’elle laisse des traces de pression! Selon Migros, qui vend ce modèle, un tel serrage est nécessaire pour s’assurer que le système tienne bien en place. Ce modèle, petit et maniable, est adapté avant tout aux courtes distances.
La solidité des crampons ne doit pas être oubliée. Il est parfois nécessaire de tirer fortement sur leurs attaches pour qu’ils s’ajustent correctement à la semelle. De même, les forces exercées sur les pointes lors de la marche peuvent être considérables. Et justement, certains modèles ne sont pas assez résistants: l’Alaska Gripfeet, le Quickstep et le Yeti obtiennent tous un score insuffisant au test de solidité. Une force de traction de 10 kg a suffi à rompre les lanières des Yeti.
Jeannette Büchel / vic
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.
EN DÉTAIL
Les critères du test
Les crampons antidérapants ont été testés par le Laboratoire allemand de test et de recherche de Primasens (PFI), selon les critères suivants.
1 / Pouvoir antidérapant: les produits ont été testés sur un plan incliné dont on augmente progressivement la pente. Les experts ont ensuite enregistré l’angle à partir duquel les crampons perdaient leur adhérence. Le test est effectué à trois reprises et sur trois genres de revêtements: glace dure, glace légèrement ramollie et bitume.
2 / Facilité d’utilisation: plusieurs personnes ont évalué s’il est facile d’installer et d’enlever les crampons des chaussures et s’ils peuvent être correctement positionnés sans problème.
3 / Solidité: les produits ont été soumis à un test pour déterminer leur résistance.
4 / Adaptabilité: les experts du laboratoire ont testé la compatibilité des crampons avec différentes chaussures (modèles de ville et de marche), en examinant si le système antidérapant se positionnait au bon endroit. Ils ont également contrôlé que les crampons s’adaptent à toutes les pointures de chaussures déclarées compatibles.