Peut-on vraiment choisir un matelas en se couchant dessus quelques secondes, au beau milieu d’un magasin bondé? Dans ces conditions, l’achat est plus souvent conditionné par les arguments du vendeur et le prix. Pourtant, le choix est extrêmement important, sachant que l’être humain passe un tiers de sa vie dans son lit – soit pas moins de 200 000 heures en moyenne! – et se retourne vingt à trente fois par nuit pour trouver la position idéale.
Au-delà des multiples arguments de vente (matériaux révolutionnaires, nouvelles technologies), seuls quelques critères objectifs suffisent à déterminer la qualité d’un matelas: l’ergonomie, l’élasticité et, bien sûr, la durabilité. C’est donc sur ces critères que nous avons fait analyser dix matelas mi-durs de 90 x 200 cm, vendus dans une fourchette de prix assez large (lire encadré). Le moins cher du test coûtait ainsi 529 fr., contre 1790 fr. pour le plus cher.
Résultat: si les trois matelas les plus chers ont obtenu la mention «très bon», tous les autres modèles ont néanmoins été jugés «bon» (voir tableau). Et l’écart est plutôt insignifiant: en quatrième position se classe le matelas Happy Swisslux, acheté à 629 fr., qui a obtenu la note de 5.4 sur 6, contre 5.5 pour le trio de tête coûtant presque trois fois plus cher. Vu ce faible écart et la différence de prix, ce matelas mérite sans hésitation notre mention MRQP (meilleur rapport qualité-prix).
De la souplesse pour le dos
Si, dans l’ensemble, tous les matelas ont convaincu les experts, certains détails n’ont toutefois pas échappé à leur regard attentif. Aux critères de l’élasticité et du soutien ponctuel, bon nombre de modèles ont obtenu une note équivalant à un «satisfaisant». En cause, un revêtement trop rigide qui réduisait l’élasticité du noyau de ces matelas. Les matelas doivent certes soutenir suffisamment la colonne vertébrale pour les personnes qui préfèrent dormir sur le dos, mais ils doivent aussi permettre aux épaules de s’enfoncer profondément, pour les dormeurs en position couchée sur le côté.
Florian Heidinger, directeur des tests à l’Institut d’ergonomie de Munich, précise d’ailleurs que «le vieil adage voulant que plus un matelas est ferme, mieux il soutient la colonne vertébrale, est aujourd’hui dépassé. Au contraire, les personnes souffrant de problèmes de dos ont tout intérêt à dormir sur un matelas mi-dur à souple.»
En marge du test, l’évaluation a également permis aux experts d’établir que les matelas mi-durs ne conviennent pas seulement aux personnes dont le poids se situe entre 60 et 80 kg, mais s’étend sans problème à celles pesant de 45 à 95 kg.
Longue vie aux matelas!
Le test d’endurance a montré que la durée de vie des matelas peut aisément atteindre les dix ans communément recommandés. A l’exception du Bico Trio Superstar, qui a obtenu un «bon» pour ce critère, tous les autres matelas ont été jugés «très bon».
A noter qu’avec un entretien optimal (lire encadré), il est possible de prolonger sans souci l’existence de son matelas.
Rolf Muntwyler / yac
Bien entretenir son matelas
Un matelas classique arrive généralement en fin de vie après dix ans. Un bon entretien permet cependant de le conserver plus longtemps, sans pour autant compromettre les conditions d’hygiène.
- Tous les deux ou trois mois, passer l’aspirateur ou brosser le matelas (ne pas le taper).
- Retourner le matelas tous les deux mois. S’il s’agit d’un modèle respectant les différentes zones du corps, il ne faut toutefois pas l’inverser dans le sens vertical pour que la tête et les pieds soient toujours au bon endroit.
- Aérer régulièrement le matelas, en particulier si la température de la chambre est basse ou si le matelas est posé à même le sol (ce qui est, par ailleurs, déconseillé).
- Eviter de laisser le matelas en plein soleil, les rayons UV accélérant le vieillissement des rembourrages en mousse.
- Utiliser un molleton pour protéger le matelas de la saleté et de la transpiration (le corps humain dégage jusqu’à 4 dl d’eau par nuit!).
Confort et longévité mis à l’épreuve
Deux laboratoires ont été mandatés pour analyser en détail les propriétés de nos dix matelas. L’Institut d’essai du mobilier LGA Qualitest, à Nuremberg (D), s’est penché sur leur durabilité, tandis que l’Institut d’ergonomie de Munich a étudié leurs propriétés ergonomiques.
- Durabilité
Comment les matelas résistent-ils à l’usure et au vieillissement? Pour le savoir, les testeurs ont fait passer un rouleau de 140 kg sur chaque modèle, à 60 000 reprises. Une fois ce traitement terminé, l’épaisseur, la fermeté et l’élasticité ont été mesurées, afin d’évaluer la perte de ces propriétés.
- Ergonomie et élasticité
Plusieurs points importants ont été observés pour établir les propriétés garantissant le confort des matelas.
- Enfoncement des épaules: lorsqu’on se couche sur le côté, les épaules doivent pouvoir s’enfoncer suffisamment. Elles doivent en revanche être bien maintenues si on est couché sur le dos.
- Soutien du corps: en position couchée sur le dos, le matelas doit soutenir la forme naturelle de la colonne vertébrale.
- Soutien ponctuel: la surface du matelas doit pouvoir épouser les pressions ponctuelles exercées par la tête et les talons.
- Elasticité: par leur souplesse, les matelas doivent s’adapter aux formes du corps, mais également au sommier à lattes.