Istanbul, ses ponts suspendus sur le Bosphore, sa mosquée bleue, son grand bazar et… ses cliniques ophtalmiques! Assura a récemment lancé un pavé dans la mare en proposant à ses assurés de se faire corriger la vue* en Turquie. L’idée? Leur faire profiter de prix défiant toute concurrence: alors qu’une opération au laser peut coûter plus de 3000 fr. par œil en Suisse, Assura la propose à 925 fr. (voir tableau).
Cette offre est le dernier coup d’une stratégie initiée il y a trois ans. La compagnie de Pully (VD) voulait alors fidéliser ses assurés en leur proposant, à un prix abordable, une opération coûteuse qui n’est remboursée ni par l’assurance de base ni par les complémentaires. Assura a donc signé, dans un premier temps, des partenariats avec des cliniques suisses.
Prix très variables
La concurrence lui a emboîté le pas et, aujourd’hui, cinq des huit plus grands assureurs suisses proposent une formule de ce type. Leurs prix varient sensiblement pour une intervention au laser de dernière génération (Femto-Lasik) comme le montre notre tableau ci-dessous. Ils vont de 3600 fr. à 7480 fr. pour une opération des deux yeux en Suisse.
En proposant désormais des interventions à l’étranger – Grenoble, Amsterdam ou Istanbul – Assura reprend l’initiative avec des tarifs plus avantageux, particulièrement en Turquie. L’opération des deux yeux coûte là-bas 1850 fr. auxquels il faut ajouter 95 fr. à 200 fr. pour les contrôles pré- et postopératoires; 250 fr. pour l’assurance en cas de complications (facultative mais conseillée), et 200 fr. à 600 fr. pour le vol aller-retour (selon la saison). Au total, avec un vol low-cost, l’intervention revient aux environs de 2500 fr. pour les deux yeux, soit tout de même 1100 fr. de moins (30%) que la meilleure offre en Suisse. Si les professionnels romands ne voient pas d’un bon œil cette nouvelle concurrence, faut-il pour autant se méfier de tarifs si bas?
Laser dernier cri
Le Dr Stéphane de Buren, directeur de Novacorpus, la société qui propose des opérations des yeux à l’étranger, réfute l’idée selon laquelle la qualité serait inférieure en Turquie. Le chirurgien d’Istanbul qui opère les patients suisses a été formé à Nice, parle le français et pratiquerait un nombre d’interventions ophtalmologiques nettement supérieur (environ 3000 par an) à ses collègues helvétiques. Ainsi, selon Stéphane de Buren, un tel rythme «permet à un chirurgien d’opérer mieux, car, plus on opère, mieux on opère». Et d’ajouter que l’argent rapporté par ce nombre élevé d’interventions permettrait également à la clinique de s’équiper en lasers particulièrement performants (Lasik Femtoseconde Intralase), utilisés notamment par l’armée américaine pour ses pilotes, des modèles qu’on ne trouverait pas dans les cliniques romandes. Et de conclure: «Le prix est inférieur pour une qualité souvent supérieure.»
Il n’en demeure pas moins que se faire opérer à 2000 kilomètres de la Suisse peut compliquer la situation en cas de problème postopératoire. Dans environ 3% des cas, une retouche est nécessaire après ce type d’intervention. Comment feront les patients qui choisissent la Turquie ou les Pays-Bas? Novacorpus a prévu ce cas de figure: ils ont la possibilité de conclure une assurance – coût: 250 fr., avec 200 fr. de franchise – qui couvre pendant un an tous les frais de complications tant à l’étranger (500 000 fr.) qu’en Suisse (10000 fr.). L’assurance paie les frais, comme les vols ou l’hôtel, mais permet aussi de faire les retouches en Suisse.
Sébastien Sautebin
* En cas de myopie, hypermétropie, astigmatisme, presbytie.
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