Les prix dans la téléphonie mobile ne baissent toujours pas. A entendre les opérateurs, ce serait la conséquence de prestations en constante augmentation. On nous promet, notamment des vitesses de connexion internet toujours plus rapides. Mais qu’en est-il vraiment? Pour le savoir, notre partenaire alémanique saldo a fait appel à 10 000 de ses lecteurs. Ces derniers ont transmis durant trois mois des informations sur le transfert de leurs données mobiles. Cela représente un total de 71 040 communications. Les spécialistes du Cnlab à Rapperswil (SG) les ont ensuite analysées et complétées par leurs propres relevés.
Le résultat est flagrant: les vitesses sont bien inférieures à celles qui sont promises. Chez Swisscom, les clients ayant contracté l’Infinity L (129 fr./mois) n’attei gnent d’une manière générale que la moitié des 21 Mbit/s annoncés. Pour les abonnements XL (169 fr./mois), le débit moyen relevé est de 24,7 Mbit/s, très loin du maximum promis, de 100 Mbit/s. Chez Orange et Sunrise, la vitesse de connexion ne change pas en fonction du type de forfait. Elle atteint en moyenne 12,9 Mbit/s pour le premier et 6,3 Mbit/s pour le second.
La 4G pas encore pour tous
Autre constat, les différences de relevés peuvent être très grandes; 20% des mesures réalisées par les trois opérateurs représentent des valeurs près de deux fois plus élevées que la moyenne. La raison est simple: toutes les régions de Suisse ne sont pas équipées des mêmes technologies de réseau. La 4G ultrarapide, par exemple, est présente majoritairement dans les grandes villes.
En outre, la 4G ne peut être exploitée que par des téléphones qui lui sont compatibles*. Les relevés ont montré que seuls 12% des lecteurs ont un tel smartphone. Et, suivant les endroits où il se trouve, l’utilisateur doit partager la bande passante avec plus ou moins de personnes. Ainsi, lors que certains se situaient dans une gare très fréquentée, les débits mesurés étaient plus faibles.
Swisscom le plus rapide
Le Cnlab a également divisé la Suisse en zones d’un kilomètre carré, puis calculé pour chacune d’elles la vitesse moyenne globale des trois opérateurs dans celles-ci. En mode 4G, les utilisateurs de Swisscom atteignent 18,4 Mbit/s, ceux d’Orange 18,3 Mbit/s et ceux de Sunrise 17,1 Mbit/s. Pris séparément, le forfait illimité XL de Swisscom permet de surfer à 23,3 Mbit/s. Mais, en 3G, le flux dégringole à 5,3 Mbit/s pour le leader, 3,1 Mbit/s pour Orange et 2,8 Mbit/s pour Sunrise. Les détenteurs de l’Infinity XL qui n’ont pas d’appareil 4G doivent se contenter de 8,1 Mbit/s en moyenne.
Lorsque l’on compare les abonnements (voir tableau «Vitesses de téléchargement et upload») et les valeurs obtenues par 80% des utilisateurs, ce sont les clients du coûteux Infinity XL de Swisscom (169 fr./mois) qui bénéficient du flux le plus élevé. Les forfaits L et M (129 fr./mois et 99 fr./mois) sont également plus rapides que ceux d’Orange et de Sunrise (30 fr./mois et 29 fr./mois), mais sont aussi plus onéreux.
Peu de débits au-dessus de 5 Mbit/s
En considérant les zones d’un kilomètre carré, on constate que plus de 80% d’entre elles offrent un débit moyen supérieur à 1 Mbit/s. En revanche, elles sont nettement moins nombreuses à dépasser le seuil moyen de 5 Mbit/s: 49% pour Swisscom, 25% pour Orange et 16% pour Sunrise.
Comment réagissent les opérateurs à ces résultats? La porte-parole d’Orange, Thérèse Wenger, critique le fait que la vitesse des abonnements individuels soit comparé avec celle de tout un réseau: «Contrairement à Swisscom, tous les clients d’Orange ont accès à la connexion internet la plus rapide possible», déclare-t-elle.
Sunrise explique, de son côté, que d’importants travaux de modernisation du réseau, notamment l’équipement de toutes les stations mobiles avec les dernières technologies, étaient en cours pendant la récolte des données: «Il y a donc certainement eu des perturbations isolées qui ont affecté la qualité du réseau au début de la période d’essai.»
Enfin, Swisscom se félicite des résultats obtenus: «Cela montre que nos lourds investissements dans l’expansion du réseau paient.»
Mirjam Fonti / ld
Bonus web:le débit dépend aussi du smartphone
Pour télécharger les tableaux comparatifs, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.
EN DÉTAIL
Une vitesse de 1 Mbit/s, c’est déjà pas mal!
Avant de souscrire à un abonnement onéreux, il convient de définir ce qu’on va faire avec son smartphone. Car, pour se rendre sur les réseaux sociaux, consulter les horaires des transports publics ou regarder les prévisions météorologiques, un débit de 1 Mbit/s suffit amplement. A cette vitesse, lire ses courriels ou surfer sur le web est également possible. Cependant, suivant la structure de la page internet, la navigation risque d’être ralentie. Les vidéos de YouTube peuvent aussi être visionnées, en qualité standard, mais il n’est pas rare que des interruptions surviennent. Avec un débit de 5 Mbit/s, il est possible de lire des vidéos ou de la musique en streaming de haute qualité. Une telle vitesse permet de charger les pages internet rapidement.