La suggestion de Christian Schmidt, ministre allemand de l’agriculture, s’inscrit dans le cadre de la lutte contre le gaspillage alimentaire. En effet, chaque citoyen de l'UE jetterait, en moyenne, 179 kilos d’aliments par année.
Or, selon l’association française UFC-Que choisir, 18% des consommateurs européens mettent à la poubelle des marchandises encore tout à fait consommables, parce qu’ils confondent date limite de consommation et date de durée de conservation minimale (appelée date de durabilité minimale en France). Une telle distinction existe aussi bien en Suisse (art 11. OEDAI) qu’en Europe.
> La date limite de consommation est précédée, sur les emballages, de la mention «à consommer jusqu’à». Elle concerne des denrées microbiologiquement très périssables. Il faut impérativement la respecter, car certaines denrées, comme le poisson ou la viande fraîche sont susceptibles de se dégrader rapidement sans présenter de signes visibles et de constituer un danger immédiat pour la santé.
> La date de durée de conservation minimale est précédée de la mention «à consommer de préférence avant». Elle indique jusqu’à quand une denrée garde ses qualités spécifiques dans des conditions de conservation appropriées. Passé ce moment, les aliments restent tout à fait consommables, mais certaines qualités organoleptiques – goût, odeur, texture, etc. – peuvent s’altérer. C’est ce que ne comprennent pas certains consommateurs qui croient, à tort, qu’il faut immédiatement les jeter, comme les denrées présentant une date limite de consommation.
Afin de mettre un terme à cette confusion, le ministre allemand de l’agriculture propose donc de supprimer la date de durée de conservation minimale et de la remplacer par une puce présentant un système de coloris allant du vert foncé au rouge foncé. La couleur indiquerait le degré d’altération et le consommateur pourrait ainsi choisir en toute connaissance de cause s’il souhaite, ou non, consommer le produit.
Si l’intention est louable, la mise en pratique semble plus délicate. Une telle «puce électronique» est-elle fiable et réalisable à bas coût? Et quels seront les déchets engendrés par ce système? Le ministre ne s’est pas prononcé sur ces points.
En attendant, il semble plus simple de se fier à ses sens pour décider: inspecter le produit visuellement, sentir d’éventuelles odeurs suspectes, et, enfin, tout simplement goûter le produit. Vous ne risquez rien et s’il n’est plus à votre goût, il suffit de le recracher.
Sébastien Sautebin