A l’appel de la rentrée des classes, les stylos-feutres s’alignent comme de fiers petits soldats dans les plumiers encore immaculés. Compagnons indispensables des activités créatrices, ils ne sont hélas pas toujours manipulés avec les précautions qui s’imposent. C’est d’autant plus vrai chez les tout-petits qui s’en mettent facilement plein les doigts, lors qu’ils n’ont pas la mauvaise idée de les mâchouiller.
Résultats concluants
Le hic, c’est que l’encre est composée de produits qui n’ont rien de colorants naturels. Hormis les solvants, des métaux lourds ont parfois été détectés en grande quantité dans certains articles destinés aux enfants. Or, ces derniers s’avèrent particulièrement sensibles aux substances nocives qui ne demandent qu’à migrer dans la salive ou sur la peau. D’où l’importance de choisir des objets qui ne présentent pas de risques avérés pour leur organisme.
La bonne nouvelle, c’est que les six feutres disséqués par le Laboratoire Interlabor, à Belp (BE), n’ont pas réservé de mauvaises surprises. Focalisée sur les métaux lourds, l’analyse a dévoilé des résultats on ne peut plus rassurants (voir tableau). On trouve certes du potassium et du sodium dans la majorité des échantillons, voire du calcium ou du magnésium. Mais ces métaux ne présentent aucun souci sur le plan sanitaire.
Élimination problématique
C’est avant tout la présence de substances comme le plomb, le chrome ou le cadmium qui étaient dans la ligne de mire des analyses. Non seulement néfastes pour la santé, ces éléments posent également des problèmes environnementaux. En effet, ni leur incinération avec les déchets ménagers ni leur filtrage avec stations d’épuration ne permettent de les éliminer. Ils peuvent ainsi se retrouver sous la forme de poussières qui finissent par polluer aussi bien les plantes que les eaux pour mieux toucher toute la chaîne alimentaire.
Or, les quantités détectées dans les six feutres du test n’étaient de loin pas suffisantes pour tirer la sonnette d’alarme. Sachant que ces articles sont avant tout destinés aux enfants, les normes techniques européennes sur la sécurité des jouets constituent une excellente référence. En s’appuyant plus particulièrement sur les limites tolérées pour la peinture à doigts, on constate que les feutres analysés sont au-dessus de tout soupçon. Dans les relevés, six articles contiennent moins de 5 mg/kg de plomb, alors que les normes précitées ont un plafond à 25 mg/kg. Idem pour le chrome et le cadmium qui ne dépassent jamais la concentration de 1 mg/kg, les maximums tolérés étant de respectivement de 25 et de 15 mg/kg.
Autant de chiffres qui traduisent l’attention accrue que les fabricants portent désormais à la composition de leurs stylos-feutres.
Yves-Noël Grin