Contrairement à la médecine humaine, le prix des prestations des vétérinaires n’est pas réglementé. Chacun est libre d’appliquer ses propres tarifs, à plus forte raison depuis 2005, date à laquelle un barème tarifaire de recommandation a été aboli. Or, soigner son chat ou son chien n’est pas donné. Mieux vaut garder ce paramètre en tête lorsqu’on hésite à craquer pour un compagnon à quatre pattes. Pour avoir une idée du prix des interventions les plus courantes, nous avons tiré au sort 20 cabinets en Suisse romande, répartis équitablement par canton et chef-lieu, en collaboration avec nos confrères de l’émission On en parle (RTS-La Première). Pour chacun, nous avons comparé le prix des consultations et de 12 prestations (voir tableau).
Un constat s’impose d’emblée: les prix varient fortement d’un cabinet à l’autre ainsi que d’une région à l’autre. Ce sont les cantons de Genève et de Neuchâtel qui, selon notre pointage, sont les plus onéreux. D’après plusieurs spécialistes, ces variations reflètent avant tout le niveau d’équipements ainsi que le coût de la location des locaux: «Je ne possède pas tout le matériel d’un grand cabinet spécialisé dans le traitement des animaux de compagnie, nous a, par exemple, expliqué un praticien du canton de Fribourg. Il est donc normal que mes tarifs soient inférieurs.» Il est vrai que, tirage au sort oblige, notre pointage réunit des vétérinaires en ville et d’autres à la campagne. Ces derniers interviennent principalement sur les animaux de rente.
Des méthodes qui diffèrent
Ce qu’il faut savoir avant d’aller faire soigner son animal, c’est que les praticiens sont tenus d’afficher leur tarif et que le prix de la consultation n’est pas toujours inclus dans l’intervention (lire encadré). La première prestation que nous avons comparée est le coût d’une castration et d’une stérilisation. Avec un chat, la facture oscille entre 60 fr. et 147 fr. pour un mâle et grimpe de 150 fr. à 248 fr. pour une femelle. Avec un chien, la fourchette est très large: 150 fr. à
540 fr. pour un mâle et 380 fr. à 900 fr. pour une femelle. L’anesthésie, les médicaments et l’éventuelle visite post-opératoire pour retirer les fils – s’ils ne sont pas autorésorbants – est comprise.
Pourquoi de telles différences? «Suivant les cas, on procède soit à une ovariectomie (ablation des ovaires), soit à une ovario-hystérectomie (ablation des ovaires et de l’utérus), explique le vétérinaire du cabinet de Beaumont. Certains spécialistes ne pratiquent, d’ailleurs, que la seconde sur les chiennes. S’ils estiment cette option plus pertinente sur le long terme, c’est généralement la plus coûteuse aussi. Dans notre tableau comparatif, nous avons retenu en priorité le prix de l’ovariectomie et donné celui de l’ovario-hystérectomie s’il s’agit du seul choix proposé.
Vaccin et grand écart
Les différences tarifaires sont tout aussi étonnantes pour un même vaccin comme le classique «thyphus+coryza» du chat: de 30 fr. et 80 fr. Pour la combinaison des cinq vaccins recommandés pour le chien, la fourchette est plus large encore: de 50 fr. à 119 fr.! Seule explication avancée: l’ajout, dans certains cas, d’un bilan de santé de l’animal avant la vaccination. Il est intéressant de souligner que, pour les chats, les vaccins «thyphus+coryza» et leucose peuvent être combinés, à condition d’avoir d’abord testé l’animal pour savoir s’il n’est pas déjà atteint par la maladie. Cette combinaison coûte moins cher que les deux vaccins séparés. Le test, lui, revient entre 45 fr. et 96 fr.
On sort les crocs…
Comme chez les humains, le détartrage des dents peut être judicieux pour les chiens. Cette intervention n’est pas forcément indispensable pour toutes les races, mais peut être recommandée pour certaines comme le yorkshire. Les tarifs mentionnés ne sont qu’une estimation pour un détartrage sous narcose d’une durée d’environ 20 minutes. Mais il est clair que l’intervention – et donc son coût – peut fortement varier d’une race à l’autre et en fonction de l’état de la dentition.
Quoi qu’il en soit, notre enquête montre que tout traitement n’est pas facturé de la même manière d’un cabinet à l’autre. Or, comme les tarifs se doivent d’être affichés en toute transparence, il vaut la peine de les comparer pour faire de substantielles économies, le moment venu.
Vincent Cherpillod
Eclairage
Le jeu du chat et de la souris
Selon l’ordonnance sur l’indication des prix des prestations vétérinaires, la liste des prix courants doit être affichée dans les cabinets ou déposée aux endroits où la clientèle se tient. En outre, les praticiens sont tenus de communiquer aux clients leurs tarifs par téléphone, et de leur envoyer la liste par voie postale ou par e-mail, si elle n’est pas publiée sur internet. Une obligation de transparence que trois vétérinaires n’ont pas voulu nous appliquer: face à leur refus, nous avons dû nous déplacer dans leur cabinet et nous faire passer pour des clients afin d’obtenir leurs tarifs.
Si la grille tarifaire semble a priori limpide, ce n’est pas toujours le cas de la facturation de la consultation. Elle comprend l’examen général clinique de l’animal et le remplissage de son dossier, s’il s’agit de sa première visite
(de 33 fr. à 61 fr. selon notre enquête). Par la suite, cette prestation est souvent facturée à prix réduit. Attention: pour les interventions les plus courantes, certains vétérinaires incluent son prix dans le montant total, mais pas toujours. Lorsque ça n’est pas le cas, nous avons ajouté un astérisque dans la case du tableau qui correspond au tarif de la prestation demandée. D’après notre test, elle est presque toujours comprise dans le prix des vaccins; pour les autres cas, la pratique varie.
«On peut comparer ce tarif à la prise en charge du taxi: si un patient entre au cabinet pour une petite intervention, on facture la consultation, qui englobe la prise de rendez-vous au secrétariat, la mise à disposition des locaux, le nettoyage après le départ du patient etc.», explique le vétérinaire Jean-Luc Charbon. Lorsqu’on demande un prix, il est donc important de se faire préciser s’il faut prévoir l’ajout du tarif consultation ou pas.